Chapitre 28

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Drake

— Ma lionne ?

Je rejoins ma doctoresse en train de discuter dans le salon avec Claranca. C'est dingue comme elle réussit à s'entendre avec tout le monde. Sans doute parce qu'elle est naturelle.

Elle rend le petit Jacob à sa mère et se lève pour se nicher dans mes bras. Je ne l'ai pas beaucoup quitté de la journée, uniquement quand elle est partie avec Claranca à l'étage. Avec mes frères, on en a profité pour regarder les améliorations à faire dans notre maison. Le gamin n'avait pas menti, mais les gars vont vite arranger tout ça pour faire un logement propre et capable d'accueillir les femmes du club de Chay.

Bon, Claranca, son fils et Moïra vont vivre dans cette maison avec Eli, mais les autres vont emménager rapidement à côté. À la base, notre baraque devait servir de site de repli et de stockage, et ne devait pas être un lieu à habiter sur la durée. On va dire que ce n'était pas prévu.

Je serre dans mes bras ma petite brune et respire son odeur, comme le camé que je suis depuis que je l'ai rencontré. On a discuté ensemble tous les jours pendant trois semaines, mais pas de nous. Est-ce qu'il existe vraiment un "nous" ?

— Je souhaite être sûr que t'es d'accord avec tout ça ?

Ses yeux verts me percutent de plein fouet quand elle relève la tête. Elle me tire à l'écart, juste dans l'entrée en bas de l'escalier.

— Oui, je veux le faire, leur situation n'est pas normale. Ils ne devraient pas vivre dans la peur.

J'aime voir cette femme forte prêt à défendre la veuve et l'orphelin, mais se rend-elle compte des risques qu'elle prend ? En mesure-t-elle l'étendue ?

— Est-ce que tu as compris que tu pouvais être en danger ? Réellement en danger.

— Oui, j'ai bien saisi, me répond-elle en déposant la paume de sa main sur ma joue.

— J'étais pas d'accord, avoué-je, j'voulais pas qu'on t'implique dans tout ça. Dans mon monde, tout ce qui est beau est sali à un moment donné.

Je la fixe du regard. J'aimerais qu'elle saisisse l'ampleur de mes sentiments. Combien elle fait battre mon cœur, que je pense à elle tout le temps et toutes ces émotions que je n'arrive pas à formuler ou à comprendre.

— Ne t'en fais pas, tout ira bien...

Je dépose mon front contre le sien.

Je l'espère. Vraiment. Ses bras s'enroulent autour de mon cou pendant qu'elle se blottit encore plus proche de moi. De là où elle est, elle peut entendre combien mon cœur bat plus vite, plus fort pour elle.

— Et de toute façon, ce n'est pas comme si j'allais être seule, il y aura plein de gros durs à la maison pour nous protéger.

Ça aussi ça me fait flipper. Qu'elle tombe dans les bras d'un autre mec. Un type moins con que moi, qui ne craint pas de s'exprimer et lui apporter tout ce dont elle a besoin. Et ça me fait peur autant que ça me fout en rogne..

— Y a pas intérêt à ce qu'un de ces connards te touche.

Je la sens pouffer contre moi. Putain, elle se marre alors que moi, ça me tord les boyaux de savoir que bientôt, tout un tas de mecs va venir ici.

— Je rigole pas Eli, je m'éloigne afin qu'elle constate à quel point je suis sérieux, je veux pas qu'on te touche.

— Idiot.

Je m'offusque. Elle me traite d'idiot ?

— T'es à moi, point barre.

Je la serre de nouveau contre moi, l'étouffant un peu au passage, mais je m'en bats les reins.

— Tu dis ça, mais, j'ai que toi dans ma vie, alors que toi, tu as Rebecca, donc oui, t'es un idiot de penser que je vais tomber dans les bras d'un autre mec.

Sa voix, empreinte de jalousie, me percute de plein fouet. Elle a raison dans le fond, mais merde. Elle savait que j'avais Becky. Elle avait parfaitement conscience dans quoi on s'engageait. Elle avait connaissance de tout.

J'attrape ses joues entre mes deux mains et dépose un baiser, possessif et revendicateur.

— T'es à moi et à personne d'autre. Et Becky, je l'ai pas touché depuis que je suis rentré, j'y arrive pas, je ne bande même pas.

C'est presque vrai. Ce moment d'égarement avec Becky ne compte pas. Je me suis senti trahi et piégé.

Ses pommettes prennent une teinte rosée comme j'aime puis elle se jette sur ma bouche. Son baiser se fait plus fougueux que le mien, plus fort aussi. J'ai envie de la porter dans sa chambre, de lui faire tout ce dont je rêve, de lui montrer tout ce qu'elle m'inspire. Putain, elle me rend dingue. Et plus le temps passe, plus j'ai besoin de m'en imprégner.

Cependant, je doute qu'avec le monde dans la maison et son frère dans les parages, elle veuille qu'on aille fêter nos retrouvailles à l'étage. J'aimerais dormir ici, mais j'ai des clients dont les rendez-vous ont déjà été décalés. Seyfer restera avec Loki ce soir. Ça me fout les boules.

— Drake, on est quoi toi et moi ?

La question redoutée à laquelle je n'ai pas de réponse. Elle est à moi. Mais je ne suis pas vraiment à elle. Si la situation était inversée... j'ai répondu à cette question, le problème serait déjà réglé.

— On deux personnes qui aiment être ensemble.

Elle tressaille contre moi et s'éloigne un peu.

— C'est vrai, on est deux potes de baises, voilà tout.

Ces mots dans sa bouche me dérangent. On est plus que ça. On est... Drake et Eli ?

— Non ma lionne, on n'est pas juste des potes et c'est pas que de la baise.

J'entrelace mes doigts avec les siens. Pourquoi faut-il toujours qu'on se complique la vie avec des mots ? Pourquoi mettre des étiquettes sur tout ? J'aime être avec elle et elle aime être avec moi. Point Barre.

— Donc, je suis seulement la maîtresse qui couche avec le mec d'une autre.

Ses paroles sonnent vrai et faux à la fois. Ça le dénigre alors qu'elle est tout, sauf ce genre de femme. Mais elles recèlent une part de vérité toute crue.

— Te dévalorise pas comme ça...

— Je ne me dévalorise pas, j'énonce un fait Drake. Bref, je n'ai pas envie de me disputer avec toi.

Elle met de la distance entre nous, autant physique que psychique. Est-ce que je vais la perdre ?

Je tire sur son bras et la ramène à moi.

— Ma lionne, laisse-moi du temps pour y voir plus clair, c'est pas facile pour moi.

— Ça ne l'est pas non plus pour moi.

Son baiser timide me rassure et je nage dans la merde. Je sais plus quoi faire. Putain, donnez-moi une mission, j'exécuterai les ordres et j'accomplirai mon devoir.

Mais demandez-moi d'ouvrir mon cœur et de savoir quoi faire avec, j'en suis incapable.

Pardonne-moi Eli, d'être un con qui ne sait pas ce qu'il veut.

Wild Wolves - DéloyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant