Chapitre 45

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Eléonore

— Je n'y crois pas ! Tu tues vraiment des gens pour de l'argent ?

Un énième shot de tequila aux lèvres, j'avale d'un coup sec. Pi, assise en face de moi, en prend un à son tour et m'imite avant de frapper la table avec son verre vide.

— Ouais ! Enfin, pas uniquement, on s'occupe aussi de ceux qui pourraient porter atteinte à mes employeurs, ceux qui ne rentrent pas dans le moule non plus. J'ai une liste tellement longue que même la plus vieille des putes du quartier rouge de Bruxelles a vu moins de queues.

La tête me tourne. Ça doit faire bien deux heures que je suis attablée avec Pi et sa copine, Thalès. Bien que cette dernière ne soit pas très causante. C'est elle qui m'a invité à me joindre à elles. Ensuite... ensuite je ne sais plus vraiment. On s'est mis à discuter, puis à boire. Un verre en amenant un autre, je suis un peu pompette.

— Ouah ! C'est dingue ça, je ne pensais pas qu'une telle entreprise pouvait exister aux États-Unis. J'imaginais que c'était que dans les films !

La brune face à moi se marre de plus belle. Au début, je la prenais bel et bien pour une folle ! Ou une hystérique. Maintenant, je dirais qu'elle est simplement barjot ou réellement très optimiste.

Pi nous ressert un shot, je m'empresse de vider le mien d'une seule rasade. Nos verres claquent en chœur sur la table et je me joins à elle dans sa crise de rire.

Au moins, son euphorie est communicative, je ne crois pas avoir autant plaisanté depuis longtemps. J'en ai mal au ventre.

— T'es si naïve que c'est mignon.

Elle bat des cils alors que ses iris vert pâle se fondent dans les miens. C'est assez déstabilisant.

— Attends, je vais t'expliquer.

— Pi... gronde Thalès qui ouvre la bouche depuis la première fois.

— T'es qu'une rabat joie ma pauvre, Eli est notre amie maintenant, elle ne va pas me planter un couteau dans le dos, je le sais.

Euh... alors j'ignore si c'est mon taux d'alcool, ses paroles ou le mélange des deux, mais j'approuve vivement de la tête, un sourire jusqu'aux oreilles, mes zygomatiques douloureux d'être trop sollicités.

J'ai presque l'impression de la connaître depuis toujours. Ouah ! Faut que j'arrête de boire. Je suis sûrement plus ivre que prévu. Dans mon esprit, c'est comme si à partir d'aujourd'hui, je pouvais lui faire confiance et lui remettre ma vie.

D'une poigne souple et mesurée, ma nouvelle amie me tend la bouteille de tequila, nos deux verres à shot puis, avec son bras, vire tout ce qu'il y a sur la table au sol.

J'explose comme une damnée et m'affale sur la banquette. Bouh... ça tourne peut-être un peu trop par là. Je me rassois quand je remarque ses jambes dégagées de sous la table. Elle attrape deux bols de cacahuètes disposés sur le comptoir et jette le contenu sur Gale et Billy.

Quand elle revient et me fait de nouveau face, elle murmure.

— Gaylord est un con, je ne sais pas ce que lui trouve Yéléna, mais elle mérite mieux que ça.

J'approuve vivement de la tête même si je ne crois pas avoir d'avis sur ce sujet. Gale serait un con ? Oui ?

— Ma jolie, ce soir, tu vas avoir droit à un cours particulier, vois ça comme un privilège.

Je rougis, j'ignore pourquoi. Alors je nous ressers un shot même si ma trachée commence à me signaler qu'il serait temps que j'arrête.

Les deux bols retournés sur la table, elle amorce.

Wild Wolves - DéloyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant