Wild Wolves - Déloyal

Chapitre 36

ELEONORE

Je ferme cette porte qui met un point final à ma pseudo-relation avec Drake. Il ne m'a pas choisi. Je ne devrais même pas être étonnée, mais ça ne m'empêche pas d'avoir mal. J'ai espéré un autre dénouement. Qu'il me choisisse. Qu'il m'aime.

Il m'a dévoilé avoir des sentiments pour moi et je reste persuadée que nous aurions pu construire quelque chose.

Une relation.

J'aurais pu l'aider, le soutenir. Je suis certaine que j'aurai pu chérir cet enfant. J'aurais accepté ce rôle de belle-mère et, pourquoi pas, peut-être que nous aurions bâti notre famille à nous.

J'y pense depuis quelques jours, de ce que j'aurais souhaité vivre avec lui, mais qui, pourtant, n'arrivera jamais. Davantage maintenant que je sais qu'il ne veut pas de moi. Que je ne suis bonne qu'à être un petit coup dans un coin sombre. Il a beau nier, c'est ce que je ressens.

À chaque fois que je les vois ensemble, qu'ils s'embrassent ou qu'elle se blottit contre lui, une lame chauffée à blanc me transperce. Même si c'est difficile, je m'efforce à chaque fois à ne pas ciller.

Mais là, c'est le choc de trop. J'avais envie de lui, de son corps. De sa bouche scellée contre la mienne et de lui enfouis en moi. J'avais envie de ressentir à nouveau cette myriade d'émotions qu'il me procure lorsque nous faisons l'amour. De lui montrer combien je l'aime.

Mais mon « moi » rationnel a refait surface. Ma raison avait besoin de défier mon cœur et de l'entendre, de discuter avec lui.

J'ai beau avoir bu, certes un peu trop, mais pas suffisamment pour ne pas poser de questions.

Peut-être que j'aurais dû m'abstenir vu la douleur qui me vrille la poitrine et m'empêche de respirer. Néanmoins, maintenant je sais à quoi m'en tenir. Mes sanglots s'échappent d'eux-mêmes et je m'en veux d'être aussi faible, pour lui. À cause de lui. Pour cet homme pour qui j'aurais pu sacrifier et accepter beaucoup de choses. Sûrement trop.

Je n'arrive plus à avancer et m'effondre sur le sol, comme une larve. Ma vue se brouille. J'essuie mes larmes contre mon bras. Lamentable. Je suis lamentable. Je n'avais pas pleuré ainsi depuis les funérailles de mes parents.

C'est aujourd'hui que j'enterre un ami, une personne qui a donné sa vie pour moi. Mais c'est aussi le jour où s'achève mon histoire d'amour. Je crois qu'aucun homme ne m'avait passionné à ce point.

Je suis pathétique. Ce constat redouble mes sanglots.

Je reconnais Lennox accroupis devant moi, accompagné de Xander. Ce couple si inattendu et si soudé m'aide chaque jour à me relever depuis que je suis là. Sauf que maintenant, je n'ai pas envie qu'on me montre tout ce que je rate, tout ce à quoi je n'aurais pas le droit, même s'ils demeurent discrets et que leur relation doit rester secrète.

— Tu vas bien ? On t'a fait du mal ?

Une boule logée dans ma trachée, je suis dénouée de paroles, secouée par mes sanglots. Non, ma blessure n'est pas physique, elle est incrustée dans mon âme.

— Je m'en occupe.

Les bras puissants de celui que je considère à présent comme mon meilleur ami, se placent sous mes jambes et dans mon dos. Il me porte et je m'accroche à lui, telle une bouée de sauvetage. J'ignore où Seyfer m'emmène, mais peu importe.

Il m'allonge sur un lit, mais je refuse qu'il me quitte et me cramponne contre son buste. Il est mon dernier rempart, celui qui m'empêche de basculer dans le néant et le désespoir. J'ai toujours su me montrer forte, habituée à me cacher pour pleurer, pour renvoyer l'image d'une personne solide sur qui on peut s'appuyer.