Chapitre 68

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Lennox

Dans mon monde, être dirigeant c'est faire passer en avant les intérêts du plus grand nombre. Peu importe les nôtres, peu importe ce qu'on veut, et nos aspirations, le bien-être collectif prévaut sur le reste.

J'ai fondé ce club pour vivre avec celui que j'ai choisi. Égoïstement.

Mais le reste, je l'ai fait pour eux. Mes fils d'armes.

J'ai décidé d'impliquer Eli, sachant pertinemment ce qui pouvait lui arriver. J'ai évalué les risques et j'ai procédé en mon âme et conscience.

Le MC avant tout.

C'était une question de survie. Un moindre mal pour le plus grand nombre. Cependant, son agression et toute la merde qu'elle a endurée pèsent sur la balance de ma culpabilité.

Il est possible que, si j'avais agi autrement, elle n'aurait pas été torturée. Ou peut-être que si. Qu'importe, c'est malheureusement arrivé.

Avec des suppositions, on ne battit rien. On reste passif et bien souvent spectateur de son existence.

Alors, j'assume les conséquences. Peut-être que ma maladie est mon prix à payer, le karma, si on y croit.

Qu'importe, je ne crois plus en grand-chose si ce n'est que l'histoire de notre vie n'est que le résultat de nos décisions.

Vivre. Mourir. Ça aussi est une question choix.

Revoir mes fils, ceux que j'ai dirigés pendant si longtemps m'a procuré beaucoup de bien. Plus de vingt ans à présider, ce n'est pas rien. Je voulais leur faire un dernier adieu.

J'ai longuement œuvré pour leur bonheur. J'ai pris des décisions dont je me suis mordu les doigts. J'en ai déploré certains, eut quelques remords pour d'autres.

Mais finalement, c'est ça aussi, mener. Effectuer des choix et en assumer les conséquences. Peu importe le poids de la culpabilité qui pouvait peser sur mes épaules.

Je n'ai jamais regretté d'avoir fondé ce club, d'avoir recueilli toutes ces âmes, de leur avoir donné une chance, offert des possibilités.

Ça m'a permis de vivre aux côtés de celui qui a été mon ancre. Certes, notre couple devait rester caché, car ce monde n'admet pas qu'un homme puisse en aimer un autre.

Allongé sur le plumard, la journée a été rude. Je n'ai pas pu piloter ma vieille Dottie, la Harley-Davidson qui m'accompagne depuis des décennies. Cependant, Yéléna a été une parfaite conductrice, bien que le trajet a été plus douloureux que je ne le pensais. La messe à la chapelle, pour commémorer d'anciens moments. Le feu de joie et le défilé des au revoir.

Je n'imaginais pas que clamser dignement demandait autant de patience et de ténacité.

Et de l'énergie, ça, je n'en ai plus. Devenir un légume n'était pas une option.

Je veux qu'on se souvienne de moi comme un dirigeant fort, et fier.

Ma démarche est complètement égoïste, comme aime me le rappeler Xander. Mais qu'importe. Une ne meurt qu'une fois, après tout. Autant choisir comment.

Lenny remue contre mon flanc. Je l'étreins et dépose un baiser sur le sommet de son crâne. Une part de moi vivra en lui. Il porte mon nom, vu que je l'ai reconnu. Sonia n'était pas à l'aise, mais c'est le sang d'un Wolf qui coule dans le sien. Il ne me connaîtra pas tout comme il n'aura pas de père, mais une multitude d'oncles qui seront prêts a tout pour ce gosse.

Je l'ai fait pour lui, pour Eli afin que sa meilleure amie puisse rester avec elle. Mais encore une fois, j'ai été égoïste, car je voulais une descendance. C'est le gamin de Loki, un de mes frères d'armes. Je le considérais comme un fils. Lenny est et sera un Wolf. Je m'en suis assuré.

Wild Wolves - DéloyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant