Chapitre 1

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Eléonore

DEUX ANS PLUS TARD.
Brownville — Maine - USA

Le dring sonore du four retentit, annonçant que la fournée de muffins aux pépites de caramel est terminée.

— Tom, tu peux t'occuper du four ?

Seuls les sons de tirs de kalachnikov, de M16 - ou un "truc" du genre et je ne saurais dire lequel - me répondent.

— Thomas !!! Le four !!!

Je dévale les marches en bois de ma vieille bicoque, me prends les pieds dans le tapis et m'étale sur le sol, les quatre fers en l'air. Même mon chien, Falko, semble se moquer de moi.

Bref. Je ne m'attarde pas, me relève derechef et titube vers la cuisine où une fumée noire et épaisse s'élève déjà vers le plafond. Mince alors. Je grimace et ose un coup d'œil vers mon frère qui joue à son jeu vidéo, agglutiné sur le canapé du salon. Le son strident de l'alarme à incendie qui hurle dans la cuisine attenante n'a pas l'air de le déranger.

Ah ok, enfin une réaction de mon frère qui daigne me regarder, blasé. Oh ! J'ai dû penser trop vite puisqu'il retourne trucider du zombie à la télévision.

J'extrait mes muffins du four. Mince, pourquoi la partie supérieure n'est pas bombée et noir carbonisé ? Oh, sur l'un d'entre eux je crois apercevoir une pépite de caramel... A moins que ce soit une coquille d'œuf... Non, je ne pense pas, il me semble que j'ai retiré toutes les coquilles cette fois. Ai-je seulement ajouté les pépites de caramel ?

— Thomas, tu peux lâcher ton jeu deux minutes...

— Ouais...

J'ai l'impression de vivre avec un ado. Bon, un ado de vingt ans, mais un ado quand même. Pourquoi a-t-il accepté de venir vivre avec moi aux États-Unis si c'est pour vivre devant sa console, les fesses vissées au canapé du salon.... Bon, question fâcheuse dont j'ai déjà les réponses.

Je démoule mes gâteaux. Est-ce que si je gratte suffisamment la partie "légèrement" trop cuite, se pourrait-il que le reste soit... mangeable voire comestible ?

Deux points se dessinent face à moi : goûter moi-même, avec le risque d'être malade, je connais l'étendu de mes talents ou... Je vais d'abord tester ma préparation sur mon adorable frère, avec de la chance, il ressemblera à un de ces zombies qu'il affectionne tant.

Falko, en sacré gourmand qu'il est, dépose son museau sur le coin de la table, renifle quelques secondes avant de couiner et de filer en sens inverse. Possible que ce ne soit pas si digeste que ça finalement.

On verra, j'ai de la chance d'avoir un cobaye tout désigné et quasi volontaire comme colocataire. Qu'il soit mon frère est un plus, il consent - ou presque - à goûter chacune de mes confections. Ce n'est absolument pas parce qu'il est un estomac sur pattes qu'il goûte à tout. J'aime croire qu'il aime, du moins apprécie, parfois modérément, certes, mes - a peu de choses près - talents de pâtissière.

— Tiens, Tom-Tom, muffins aux pépites de caramel, tes préférés.

Il attrape l'assiette que je lui tends, mord dans l'une de mes merveilles encore chaude... c'est étrange comme son teint passe du blanc au rouge ? Oh... c'était sûrement encore trop chaud.

— Bordel, Eli ! C'est dégueu ! braille mon frère alors qu'il recrache tout, c'est une arme de destruction massive ton truc !

— Je suis sûre que tu en rajoutes un peu.

Je prends une grosse bouchée du mien, mâche quelques morceaux... hum... en fait, c'est bien possible que j'ai oublié une ou plusieurs coquilles d'œufs, finalement.

Wild Wolves - DéloyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant