Drake
J'ai l'impression d'être passé sous un rouleau compresseur. La douleur me vrille le bide, tel un feu incandescent, je crois que je n'ai jamais eu aussi mal de ma vie.
J'ouvre les yeux sur un plafond blanc et essaie de me relever, impossible. Oh putain! Qu'est ce qu'ils m'ont fait?
— Ne bouge pas, ordre du toubib, m'ordonne Seyfer.
Le toubib... Je ne me rappelle pas avoir vu un toubib. Billy n'est pas trop mal comme doc mais faut s'limiter aux points de sutures, et encore... je doute que ce soit lui qui m'ait rafistolé vu que je me suis pris au moins une ou deux balles.
Putain, j'espère qu'on ne m'a pas donné de médocs...
— Bouge pas.
Je ne ressens pas de sensation de manque, je souffle, rassuré. Pas envie de replonger à cause d'une de ces conneries.
— C'est quoi le topo ?
J'aperçois Lenny qui vient vers moi et mate mon torse. Putain, je suis presque gêné d'être au centre de l'attention, allongé sur ce qui ressemble à une table.
— On est chez la pâtissière, commence Seyfer.
— Qui se révèle être chirurgien. Hier, Gale a voulu qu'on vienne ici, apparemment, il se doutait que c'était un doc mais pas un de ces genre-là. Bref, elle t'a enlevé la balle que t'avais dans le bide.
Seyf se tourne vers notre président et rajoute.
— Elle lui a ouvert le ventre et a été chercher la balle, même Billy n'a pas supporté.
— Ouais, bin si c'était son job, c'est normal.
Seyf balaie de l'air avec sa main. J'imagine que le sang froid de cette meuf lui a fait un drôle d'effet. Ce qui n'est pas rien pour notre Nettoyeur en titre, vu sa façon de s'exprimer, loin de son air sinistre habituel.
Une grosse bestiole à poil arrive comme une balle vers mon frère, se frotte contre sa jambe et aboie. Seyfer reste immobile, lui et sa phobie des clebs...
— Allez, Eli, ne m'en veux pas...
J'entends Gale pas loin, je tourne la tête pour essayer d'apercevoir, peine perdu, je ne peux absolument pas bouger. De là où je suis, je vois une fille de dos qui s'affaire à faire la vaisselle, si j'en juge au bruit d'eau qui coule.
— Tu te moques de moi ? Réponds une voix cassée avec un petit accent. Je t'accueille chez moi, tu me mens, tu me trahis, tu m'insultes et je devrais être sympa avec toi ?
Sa voix vibre de colère alors qu'elle reprend à parler dans sa langue natale. J'imagine qu'elle l'insulte de tous les noms. Ce qui me soutire un sourire en coin.
— J'avais pas le choix, dans mon milieu, je dois savoir à qui j'ai affaire. Grâce à ça, t'as pu sauver mon frère...
Le chien se met à grogner et se faufile en direction de la cuisine.
— Vire ta main de là... menace la gonzesse.
— Oh, tu ne disais pas ça l'autre...
Il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'un bruit sourd et métallique retentit. J'imagine qu'elle lui a balancé en pleine tronche une casserole.
La française n'a pas froid aux yeux de réagir de cette manière avec tout un tas de bikers chez elle...
Comme mes frères, je ne peux m'empêcher de rire mais... grave erreur. Le soulèvement de ma poitrine et les soubresauts de mon hilarité confirment que c'est une très mauvaise idée. Ça n'a que pour effet d'accentuer la douleur.
VOUS LISEZ
Wild Wolves - Déloyal
RomansaEléonore a vu sa vie basculer deux ans plus tôt. Un besoin viscéral de changement la pousse à quitter Paris, son travail de médecin et ses amis. Ainsi, en pleine reconstruction, elle réside avec son jeune frère dans la petite bourgade de Brownville...