ELEONORE
J'arrive à la maison, les bras chargés de courses. Je repère Seyfer assis sur la balustrade qui se lève pour venir m'aider, Falko à sa suite. Le pauvre, il a l'air un peu plus à l'aise mais absolument pas confiant. Visiblement, mon chien n'a pas envie de le laisser tranquille.
— T'as besoin d'un coup de main ?
— Avec plaisir.
Le grand baraqué attrape le restant de mes achats et me rejoint. Je me raccroche au fait qu'il ne ressemble pas à un pervers et n'affiche pas d'air lubrique à mon égard, c'est au moins ça.
— Ton chien est pire qu'une sangsue.
— Mais non, il reconnaît ceux qui ont bon fond, je pense qu'il t'a adopté.
Il s'arrête d'un coup, lève un sourcil et me dévisage surpris.
— Tu crois que j'ai un bon fond ?
— Je ne sais pas, réponds-je, je ne te connais pas, mais tu ne m'as pas l'air d'être si méchant, non ?
— Ton chien et toi n'êtes pas doués pour juger les gens.
On reprend le court trajet qui mène jusqu'à chez moi. C'est vrai que je ne suis pas douée pour les relations avec les autres, j'ai eu très peu de vie sociale dans ma vie et très, très peu d'amis. Je n'étais pas populaire pendant toute ma scolarité. A l'hôpital, je n'ai pas tissé de liens avec mes collègues de travail. Ma vie sociale se limitait à Sonia et Greg.
Je passe l'entrée de chez moi et découvre médusée, Billy et le mec qui s'appelle Clay, je crois, dans mon salon à boire et fumer à côté de mon patient, la musique à fond. Ce dernier est même assis sur une partie du canapé là où repose les jambes Drake.
Et je n'évoque pas le foutoir monstre qu'ils ont mis. Mais c'est quoi ce délire ?
— Vous vous moquez de moi ?
Les trois têtes se tournent d'un coup vers moi, comme si ma présence les gênait.
— Allez ma jolie, fait pas chier, on décompresse avant de reprendre la route.
Clay comme Connard !
— Vire tes pieds de ma table et ton cul de mon canapé ! Vous êtes ici chez moi et vous dérangez mon patient, il doit se reposer.
Le mec se lève non pas pour écouter ce que je viens de dire, il se poste devant moi et me mitraille de ses pupilles bleu acides. Ce type doit avoir des problèmes nerveux au vu du tic qu'il a au niveau du nez. Il a beau avoir une carrure plus sèche que les autres, il me rend mal à l'aise.
— Et tu vas faire quoi ? rétorque-t-il, t'as une grande gueule, la française, t'as besoin d'aide pour apprendre à la fermer ?
On m'a toujours dit de ne pas afficher sa peur devant un prédateur alors je tente de rester impassible mais je sens mon sang quitter mon visage.
— Clay... menace Seyfer à mes côtés.
Ouf, j'ai peut-être un allié ici.
— Quoi, c'est pas parce qu'elle a fait son taf qu'elle peut nous parler comme de la merde. Cette conne doit savoir où est sa place, siffle Clay-trou-de-balle-premier-du-nom.
Je sens que ça vire au rouge pour mon matricule. Je fais un pas en arrière, en guise de retraite. Et dire que j'ai laissé Falko dehors, c'était clairement une mauvaise idée.
— Clay, tu vas ranger ton merdier et tu dégages d'ici, ordonne une voix grave mais sévère, dans mon dos.
Punaise, je crois que je suis ravie de l'intervention de leur chef. Trou-de-balle me jette un regard meurtrier et bat en retraite. Mes sacs en guise de rempart calé contre mon buste, je file dans ma cuisine pour ranger le tout.
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Wild Wolves - Déloyal
Roman d'amourEléonore a vu sa vie basculer deux ans plus tôt. Un besoin viscéral de changement la pousse à quitter Paris, son travail de médecin et ses amis. Ainsi, en pleine reconstruction, elle réside avec son jeune frère dans la petite bourgade de Brownville...