Wild Wolves - Déloyal

Chapitre 35

Drake

Eli est au club-house depuis plusieurs jours et elle ne m'a pas sorti un seul mot. Elle évite mon regard et ne s'adresse qu'à Lenny, Xander, Seyfer ou Lacreyme.

Ça me rend barge et complètement envieux. Elle squatte les quartiers de Lennox. Cette putain de jalousie me bouffe les veines quand chaque soir je sais qu'il dort dans la même piaule qu'elle. Toujours en sa compagnie ou avec Seyfer, je suis évincé par mon pote et par mon Président. J'l'ai vraiment mauvaise. Surtout que j'ai interdiction de l'approcher, de lui causer.

Interdiction c'est une façon de parler, rien n'est acté. Disons plutôt que si j'essaie quelque chose, elle ne me répond pas et m'ignore.

Ça fait mal, bordel.

Une fois, j'ai été écouter derrière la porte de la chambre, je les ai entendu discuter, beaucoup. Uniquement quand Lacreyme n'est pas là. Ils cachent quelque chose, je le sens, je le sais, j'ai cette conviction qui me bouffe les tripes.

Je déteste ce que je ressens, je souffre qu'elle me mette à l'écart, j'abhorre la voir avec eux. Je vomis ces putains d'hématomes sur son visage et le pansement qui vont avec.

J'exècre ce confinement et devoir le contempler sans pouvoir la toucher, lui parler, la prendre dans mes bras.

Je la regarde assise autour d'une table, à écouter Lacreyme et son frangin à l'autre bout de la pièce. Ils conversent ensemble en français, évidemment.

Thomas m'évite. Il s'est bien intégré au groupe, que ce soit auprès de mes frères ou des jolis culs qui apprécient se frotter à de la chair fraîche. Quant à moi, j'ai droit à des œillades assassines de sa part.

Je l'aime bien ce gamin. Il a un bon fond et sous ses airs d'adolescent puéril, se cache un homme prêt à protéger les siens. La preuve, il a défendu bec et ongle Claranca, Jacob et Moïra au péril de sa vie.

Mais aujourd'hui, la complicité que nous avions instaurée s'est envolée. Il me méprise et s'applique à rester discret. Il doit savoir que, dans le cas contraire, je serai obligé de le remettre à sa place.

Nous sommes tous réunis dans le club et attendons nos alliés. Pour l'hommage envers Loki, tombé au combat, les nomades et une poignée de membres du nouveau chapitre de Montréal sont arrivés hier soir.

Il y a quelques jours, la même cérémonie a eu lieu pour Amir et les filles. Sauf que cette fois, Eli va nous accompagner. Elle semble aller mieux et avoir repris des forces.

J'entends le grincement des grilles du portail ainsi que le ronronnement des moteurs dans la cour du MC. Les Indians sont enfin là.

Rebecca me rejoint et se loge contre moi, ses cheveux attachés en une longue natte chutant dans son dos. J'avoue qu'elle me procure un peu de réconfort ces derniers jours. Je ne devrais pas me reposer sur elle, surtout quand je préférais que ce soit une autre. Mais elle m'apporte ce dont j'ai besoin et me soutient comme elle le fait depuis longtemps.

La situation m'échappe. Eli ne me parle plus à cause de ma relation avec Rebecca, de toutes mes conneries et ça me fout les boules. Et que le seul moyen que j'ai pour me sentir mieux, c'est justement cette relation qui me fait défaut. C'est un serpent qui se mord la queue.

— Ça va aller, bébé ?

— Ouais.

Mes yeux ne se détachent pas de Eléonore, je n'y arrive pas. Je sombre et j'ai besoin d'elle, mais...

— Je sais que tu aimais beaucoup Loki, je suis désolée pour la peine que tu dois éprouver...

Sa main agrippe mon menton et me pousse à la regarder. J'y vois de la compassion et le désir de me consoler. Elle me réconforte à sa façon, gentiment, avec ses mots et pour une fois, sans arrière-pensées ou sans me demander quoique ce soit.