Chapitre 47

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Drake

La voiture garée devant l'hosto, j'entre au plus vite, décidé de la sortir d'ici le plus tôt possible. Je déteste les hôpitaux. Moins je les fréquente, mieux c'est.

Ça me rappelle la dernière fois que j'ai vu ma mère. Mon vieux l'avait tellement amochée, que je n'avais pas réussi à la réveiller. Je me souviens de la faim qui me tordait le bide et qui m'a poussé à aller chercher la voisine, pour lui signaler que maman dormait depuis très longtemps, sur le sol du salon.

Mon connard de géniteur n'étant pas présent depuis qu'il avait « gentiment » refait le portrait de ma mère, j'avais été conduit auprès d'elle.

Quelques jours plus tard, elle aussi mettait les voiles.

Je traverse l'immense hall pour me rendre à l'accueil. La voix de Becky m'interpelle. Je me retourne, soulagé de la trouver si rapidement. Elle tient contre elle ce qui ressemble à un dossier médical, sûrement blindé d'ordonnances et de compte rendu.

Son teint pâle contraste avec son nez et ses yeux rougit. La culpabilité m'étreint. C'est ma faute si elle est là, à souffrir la disparition de notre gamin. Si je ne l'avais pas foutu dehors, elle n'aurait assurément pas perdu le bébé. J'en suis certain.

Putain de culpabilité et de sentiments ambivalents.

Alors ouais, j'aime être avec Eli. Cette fille me rend dingue et me donne envie de tout plaquer. À en oublier mes responsabilités envers Rebecca.

Quoi qu'on en pense, quoi qu'on en dise, Becky est une femme bien. Elle m'a aidé, m'a soutenu et m'a apporté une famille. Elle m'a obligé à sortir du gouffre et à revenir les pieds sur Terre. Je l'ai juste négligé quand j'étais avec ma lionne.

Beck s'écroule dans mes bras, les spasmes de ses sanglots la secouent. Je ne l'ai jamais vu aussi mal. Ma main dans sa nuque, je la rassure du mieux que je peux.

— T'as tout ce qu'il te faut ou on doit encore voir des toubibs ?

Un reniflement en guise de réponse. Pas grave, je peux attendre. C'est bien le but de ma présence. La réconforter, l'aider à remonter la pente. Je ne vais pas me soustraire de mes obligations.

Même si Eli me manque déjà. Même si la nuit dernière avec elle était l'une des meilleures depuis longtemps, je ne compte pas lâcher celle qui est mon amie depuis plus de vingt ans.

— On peut y aller.

Je la guide vers la sortie et la ramène auprès du vieux tacot du club.

— J'ai opté pour une voiture, je me suis dit que ce serait plus simple pour toi.

Et aussi parce qu'au fond de moi, elle n'a plus rien à foutre derrière moi sur ma bécane mais là encore, je ne lui avouerais pas.

— On va où ?

La mine sinistre de Beck me retourne, mais je ne montre rien.

— Grimpe, on se casse.

— OK.

Il y a quelque temps, elle aurait été ravie d'une escapade rien qu'elle et moi. Aujourd'hui, elle semble juste triste et résignée.

Je réalise que je suis un piètre ami, en plus d'être un mauvais amant.

En fait, je ne suis pas quelqu'un de bien pour les femmes qui comptent pour moi.

Les règles du club disent que le MC passe avant tout. Bien avant les femmes. Au premier abord, on peut croire que c'est du machisme. Mais dans mon monde, chaque décision à un prix. J'ai peur que le coût des miennes soit trop élevé.

J'en viens à penser que finalement, elles ont été rédigées pour les préserver de nous. 

Wild Wolves - DéloyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant