Chapitre 22

496 46 12
                                    


Eléonore


C'est le jour du grand départ. Thomas arrivera dans l'après-midi, en attendant, je dois dire adieu à notre histoire. Je ne peux m'empêcher d'avoir un arrière-goût de « ce n'était pas suffisant ».

C'est comme si j'avais vécu mille vies ce dernier mois en sa présence. Il m'a réconforté, m'a aidé à faire le deuil de mes parents, à ouvrir les yeux sur ma fuite aux USA. Sur ma relation avec Greg également. Je ne me suis jamais senti autant aimé et chéri dans les bras d'un homme. Un homme qui n'est pas le mien et qui repartira tout à l'heure rejoindre sa femme, l'officielle. Pas la maîtresse que je suis devenue.

Parfois, je me demande pourquoi j'ai craqué. Pourquoi j'ai succombé à la tentation sachant pertinemment que j'allais me faire du mal, que j'allais souffrir comme c'est le cas maintenant. Mais ensuite je me rappelle qu'il m'a tellement apporté, qu'il m'a redonné confiance en moi, en mon corps. Qu'il m'a protégé comme personne ne l'avait jamais fait. Il m'a montré que je méritais qu'on prenne soin de moi, que je méritais de vivre ma vie à pleine dent.

Alors même si je souffre à en crever, je suis heureuse d'avoir été dans ses bras.

Je n'ai jamais vraiment jugé les maîtresses, mais je comprends l'espoir qu'elles entretiennent quand l'homme qui partage sa vie avec une autre femme, leurs accordent de l'attention. Parce que la solitude peut parfois nous amener à faire des choses qu'on ne ferait pas de prime abord. Que les sentiments peuvent se développer rapidement, que l'envie pressante de se sentir aimé peut-être plus fort que tout. Même auprès d'un homme pour lequel on ne devrait pas avoir de sentiments.

J'ai sauté dans la gueule du loup. Et maintenant je me noie dans la tristesse que je tente de la refouler au maximum.

Je suis tombée amoureuse de Drake si rapidement que je ne m'en suis même pas rendue compte. Il m'a séduite dès que je l'ai vu, plutôt, dès qu'il s'est réveillé. J'ai tenté, lutté mais j'ai échoué. Lamentablement

Et maintenant, je l'aime. J'aime cet homme qui a une autre femme. Ou plutôt, je suis cette autre femme.

Je ne déteste pas Rebecca, je l'envie. J'aimerai être à sa place. Être celle qui l'accueille le soir quand il rentre du travail, qui vit et rit avec lui. Être la femme dont il a besoin au quotidien, tout comme j'ai besoin de lui.

Aujourd'hui a un goût de mélancolie. Il n'est pas encore parti, de toute façon, il n'a pas d'affaires à lui, hormis les fringues que je lui ai achetées mais qu'il va laisser ici. Est-ce qu'il va revenir ? La question la plus importante, dois-je le laisser revenir ?

Je sais d'avance que je serai faible s'il vient de nouveau, frapper à ma porte. Que le lendemain, je me fustigerai parce qu'il m'aura de nouveau abandonné. Tout comme je sais déjà que je lui accorderai toujours une place ici. Même si ça fait mal.

Et s'il ne le fait pas... je souffrirais quand même. De son ignorance, de son absence.

Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Je suis devenue dépendante de ce mec, de ses bras, de son corps, de ses rires, son sourire. La manière qu'il a de coiffer ses longs cheveux en arrière et de les attacher négligemment. Ses yeux gris qui me montrent combien il a envie de moi ou qui démontrent l'intérêt qu'il me porte quand je lui parle.

On n'a pas mis de mots sur nos sentiments, je n'ai pas osé avouer les miens. De toute façon, cette histoire avait une date de péremption, et cette date, c'est aujourd'hui.

Des bruits de moteurs de moto retentissent dehors, annonçant l'arrivée de ses frères. Ils voulaient faire le trajet avec lui, pour être sûr que ça irait bien et qu'il ne soit pas seul.

Wild Wolves - DéloyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant