Wild Wolves - Déloyal

Chapitre 31

DRAKE

Seyfer a quitté la sauterie depuis une bonne heure, direction notre résidence secondaire, j'ai envie de le buter. Vraiment. Pourtant c'est mon frère. On se connaît depuis un bail, on a fait nos classes ensemble, mais bordel, je me voyais lui ouvrir le bide, jouer avec ses entrailles et effectuer une guirlande avec.

Ça ne tourne pas rond chez moi.

Mon sang injecté du venin de la jalousie, le poison coule dans mes veines et me provoque des envies de meurtres comme je n'en ai pas eu depuis ma sortie de prison. Où lorsque je suis rentré d'Irak.

J'ai besoin de m'éloigner et d'aller me défouler dans mon antre. Ou de frapper dans un sac. Sauf que mon Président nous a convoqué dans la Chapelle pour une messe improvisée. Cette réunion pue : seuls les membres avec une « fonction » peuvent assister. En ce moment, c'est bien trop fréquent. Avoir une taupe au sein du MC gangrène notre esprit de fraternité. Plus que pour notre sécurité, va falloir le remédier rapidement.

— Mes frères, débute Lennox quand je m'assois dans mon fauteuil, maintenant que vous êtes tous là, on va pouvoir commencer.

— Riley a découvert que quelqu'un ici donne des infos sur le club via une plateforme sur le DarkWeb, annonce Xander.

Le geek pianote sur son ordinateur, nous dévoile une page internet sur un fond noir sous un texte vert fluo d'apparence cryptée. Je remarque que nous sommes tous affichés, nos photos en gros plans, nos fonctions sont toutes répertoriées en dessous. Pour quelques-uns, des sommes d'argent sont précisées en plus.

— Certains d'entre nous ont leurs têtes de mises à prix, indique Riley. Étrangement, pas tous.

Je m'avance davantage et constate qu'en effet, Gale, Jason, Riley et moi n'avons aucun montant d'associé. Ce qui n'est pas le cas des autres. Xander et Lennox ont une prime de cinquante milles chacun sur le cul, un peu moins pour Seyfer qui lui est estimé à quarante-cinq mille dollars quand Loki frôle les trente milles.

C'est quoi ce bordel ?

— Pourquoi ? T'as une idée de qui a initié ça ?

— Ouais, la marche blanche. Quant au fait que tout le monde ne soit pas mis à prix, j'en sais rien. Y a pas que ça, en plus des Indians, nos proches sont dessus.

Il reprend son ordinateur portable, pianote sur le clavier et le retourne. Mon cœur s'arrête dans ma poitrine quand je constate qui sont les personnes affichées.

Lacreyme, qui pourtant n'est pas membre a une valeur de 10 000 dollars, Yéléna apparaît avec Becky, mais sans primes d'associée. Cependant, ce n'est pas leur cliché qui m'interpelle le plus. Éléonore transparaît dans une photo qui a dû être récupérée sur les réseaux sociaux. Avec la mention « Catin à torturer, à livrer morte ou vive pour cent mille dollars »

La panique me gagne. Quelqu'un l'a vendue. Quelqu'un veut lui faire du mal et elle est sur ce putain de site morbide.

— C'est quoi ce bordel ? gronde Gale.

— Ils l'ont localisé ? réclamé-je.

— Je suppose que oui, j'ai conçu une alerte pour avoir les infos en direct. Que ça nous concerne de près ou de loin. Le côté positif, c'est que j'ai pu remonter jusqu'ici. Le point négatif, c'est que les discussions instantanées s'effacent au fur et à mesure. J'ai réussi à craquer le profil du créateur de la demande, mais il est méticuleux, change d'identifiant régulièrement et utilise un VPN.

— Tu parles chinois, grogné-je.

— Un VPN crypte les données et masque les adresses IP. Quand tu as recours à un VPN, tu fais croire que tu es à des emplacements différents de celui dont tu es réellement. La dernière fois que l'auteur s'est connecté, il était à Berlin, puis à Paris, Rome et New York. Il est sans cesse en train de modifier ses coordonnées et est intraçable.

Ce connard est intelligent.

— Tu sais depuis quand ? s'enquiert Gale.

— Quatre jours, répond Riley.

Je le fusille du regard. Putain, il est au courant depuis quatre jours et il a fermé sa gueule ? Il se moque de nous ou quoi ?

— Je lui ai demandé d'rien dire, indique Lennox, et serais resté tel quel si des faits nouveaux n'étaient pas apparus aujourd'hui.

— Quoi ? tonné-je.

— Eh bien, les mises à prix ont été ajoutées il y a quelques heures seulement. J'ai évidemment contacté Chayton.

Un mal de crâne horrible me prend. Quelqu'un tente de semer la zizanie entre nous. Qui est cette putain de taupe ?

Est-ce un membre qui s'est foutu une épée de Damoclès sur la tête ? Ce serait loin d'être con pour brouiller les pistes et s'assurer qu'on ne doute pas de lui...

À moins qu'il soit assez stupide et n'a pas mis son blaze sur ce site de merde ? Peut-être qu'il n'a pas demandé de primes ? Ce qui signifierait qu'on n'a plus qu'à se rapprocher de ceux qui n'ont pas de valeur s'ils se font buter.

Un « Pop » retentit à travers les enceintes de l'ordinateur et une fenêtre de conversation en direct s'ouvre.

6Sentinel6User6 : « En place. Cibles en vue. »

MadMoley : « Les prioritaires ? »

6Sentinel6User6 : « Pour 4 oui + 6 secondaires. Paiement 100 000 avant. »

— Ils parlent en direct, je vais tenter de géolocaliser le chasseur de prime, annonce Riley qui pianote sur son ordinateur.

Je me lève pour me camper derrière lui. Il réduit la conversation et ouvre plusieurs fenêtres en même temps, entre des codages auxquels je ne comprends rien.

— Merde ! Merde ! MERDE !!!

— Retourne à la discussion, ordonne Lennox qui m'a rejoint avec les autres membres.

La page reprend tout l'écran et nous lisons avec effroi l'échange funeste.

6Sentinel6User6 : « Si cible tous K.O. 300 000 »

MadMoley : « Je veux des photos ».

6Sentinel6User6 : « Des recommandations ? »

Incapable de détourner les yeux des trois petits points de suspension. La réponse du commanditaire me glace le sang.

MadMoley : « Faites-les souffrir ».

6Sentinel6User6 : « Avec plaisir ».

Différentes pages d'alertes se chargent sur le moniteur de Riley. Son téléphone sonne en même temps avec une musique stridente. Il pianote rapidement sur son clavier d'ordinateur, des écrans noirs s'affichent dans ce qui devait être des caméras de surveillance.

On en a mis partout, à l'extérieur du club, dans le Hot-Pussy, nos baraques et l'ensemble de nos commerces.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? m'inquiété-je.

— Des caméras ont été coupées, enfin, je dirais plutôt brouillée. Je tente de les rallumer, mais ça ne fonctionne pas.

— Où ça ? s'alarme Gale.

— Non.

Le regard que pose Riley sur moi puis sur Lennox me pétrifie.

— Brownville, ce sont les maisons de Brownville.

Gale sort son portable et nous informe qu'il contacte Loki. Je fais de même avec Eli, pas de réponse. Pas même Amir qui est de garde du côté des Indians.

— On y va, gronde Lenny.

De toute façon, avec ou sans son approbation, j'y serai allé. Faites qu'il ne leur soit rien arrivé. Faites qu'elle soit saine et sauve.