Eléonore
Ma patiente est dans un état critique. Aux vues de ses multiples plaies, je n'ose imaginer l'enfer qu'elle a dû traverser.
Avec Jewel, on s'est à la maintenir en vie. La balle est maintenant dans son camp.
Intuber une trachée aussi abîmée a été compliqué, j'ai eu peur de lui faire plus de mal que de bien.
Et que dire de son état physique... désinfecter les lésions de son dos, recoudre les déchirures vaginales, immobiliser ses membres endommagés. Heureusement que j'ai parcouru le dossier de chaque employée du Hot Pussy ce qui m'a permis d'identifier les compétences et de demander à Jewel de m'accompagner. Enfin, June de son vrai prénom.
Éreintée, j'explique à Jay comment procéder pour insuffler de l'air dans les poumons de l'inconnue ainsi que le rythme. Sous la surveillance de mon infirmière du soir, qui prendra la relève si besoin. Billy a préféré s'absenter, évoquant des difficultés avec le sang. Effectivement, je me suis rappelé qu'il a manqué de s'évanouir lorsqu'il m'a assisté à Brownville.
Je m'accorde une pause bienvenue avant de retourner m'occuper de ma patiente. Quand elle montrera les signes d'une respiration spontanée, régulière et sans tirage, je désintuberai. Cependant, son cœur me pose un problème. Je crains un nouvel arrêt cardiaque alors que j'ai si peu de moyens... Pour le moment, je dois me contenter de ce que j'ai à ma disposition et lui insuffler de l'air manuellement, faute d'avoir un respirateur artificiel.
C'est déjà super que Lennox ait d'un défibrillateur, bien qu'en France ce soit obligatoire dans les lieux publics et dans certains établissements privés, je ne m'attendais pas à ce qu'il en possède un.
Je sors pour m'asseoir sur les marches en bois du club, respirant à pleins poumons la fraîcheur matinale. Des frissons parcourent mes bras nus tandis que mon regard se perd sur le levant du soleil.
— T'as encore une fois assuré, doc.
Lennox me tend une tasse de café et s'assoit à mes côtés. Une multitude de questions affluent dans mon esprit. Tout ça là, cette situation... rien n'est normal. Ils auraient dû se rendre directement à l'hôpital plutôt que de l'emmener ici. Ce bazar peut me retomber dessus et franchement, j'en ai ras le bol d'avoir une épée de Damoclès au-dessus de mon crâne.
— Qu'est-ce que tu veux ?
Il ricane et pend sa tête en arrière.
— Ça te fait rire ? l'interrogé-je.
— Tu sais, une femme normale s'inquiéterait de ce qu'il s'est passé ou me demanderait des comptes, pas toi.
— Parce que tu me répondrais en toute sincérité ?
Un sourire en coin, rarissime dans sa bouche, ourle ses lèvres.
— Je vois que t'as compris notre mode de fonctionnement, tu en sais déjà beaucoup trop, ce qui est exceptionnel pour nous. Ce n'est pas le rôle des femmes du club.
Je souffle, excédée. Autant j'adore ce type, autant son côté macho m'agace.
— Je ne suis pas désolé pour m'être emporté tout à l'heure, mais sortir comme ça, sans protection, ce n'était franchement pas intelligent, me reproche-t-il.
J'entends sa peur. Il s'est fait du souci pour moi. Toutefois, quand ils m'ont expliqué qu'ils n'étaient pas là et que je devais passer ma dernière soirée ici, cloîtrée toute seule dans une chambre, j'ai, comme qui dirait, pété, une durite.
— C'est vrai, je suis sortie en prétextant que j'avais ton autorisation, c'est quand ils ont appelé au Hot Pussy qu'ils sont sus où j'étais.
— Et après ?
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Wild Wolves - Déloyal
RomanceEléonore a vu sa vie basculer deux ans plus tôt. Un besoin viscéral de changement la pousse à quitter Paris, son travail de médecin et ses amis. Ainsi, en pleine reconstruction, elle réside avec son jeune frère dans la petite bourgade de Brownville...