9 : Un rendez-vous amoureux.

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Lucile descend rapidement de son cheval après l'avoir fait marché longuement pour finir son entraînement intensif de saut d'obstacles. Niels, le palefrenier du centre, l'observe curieusement depuis sa monture, une jeune jument fugueuse qu'il essaie tant bien que mal de maîtriser avant qu'elle puisse à son tour participer aux reprises des plus jeunes cavaliers.

— T'es bien pressée, remarque le jeune homme. Et cela ne doit pas être l'idée de nourrir plus de soixante-dix animaux qui te motive ainsi.

Lucile se tourne face au cavalier qui continue de faire marcher la jument dans le manège. Quelques cavalières restent assises à les observer lors de la fin de leur entraînement en duo de fin de soirée, comme souvent. Lucile n'est pas dupe, elle sait que Niels, tout juste trentenaire et avec un sourire qui fait chavirer ô combien des cœurs au centre attire quasiment toutes les adolescentes. Il a son fan club complet, qui l'observe bosser pendant la journée et guette d'un œil attentif les entraînements de l'homme. Et ce qui fait encore plus rire Lucile, c'est que son bel ami n'accorde aucune importance à toutes ces jeunes femmes qui l'admirent. Après tout, elles ont une douzaine d'années de moins, voir une quinzaine.

— Non, je suis désolée mais je ne pourrais pas t'aider ce soir à les nourrir. J'ai quelque chose de prévu en ville, affirme Lucile.

— Bravo, ça c'est de l'amitié ! Pour monter à cheval, il y a du monde, pour m'aider une fois par semaine dans mes tâches, il n'y a plus personne !

— Tu pourras demander à ton fan club, minaude Lucile.

Niels rigole suite à la remarque de son amie et descend de cheval pour se tenir à côté d'elle.

— Il fait froid, il est dix-neuf heures trente passées, je sens qu'elles vont vite partir et que je me retrouverai seul à la tâche. Je m'en fous, j'ai l'habitude. Mais tu vas où toi, un samedi soir comme ça ?

Les joues rouges, et pas par le froid de la fin novembre, Lucile baisse un instant le regard. Niels sourit avant de lui soulever le menton avec ses doigts glacés et forcer son amie à regarder son visage.

— Ok, un collègue m'a invité à manger puis boire un verre.

— Adrien ?

— Oui, mais je t'en supplie, tu te tais. Aucun mot au repas ce soir avec mes parents, ok ?

— Hmm, je sais pas... Tu te rends compte que tu me délaisses, moi et mes corvées, pour passer une soirée en charmante compagnie ? C'est du beau ! Allez, promis ma Lucile, je ne dirais rien. Et si jamais il t'arrive un problème, tu m'appelles hein ?

— Ne t'inquiète pas Niels, sourit Lucile, touchée par son ami. Il ne peut rien m'arriver.

Niels sourit à son tour comme simple réponse. Il enlève sa bombe et revêt un bonnet sur ses cheveux bruns courts et légèrement bouclés. Il attrape les rênes de son cheval, et commence à se diriger vers les écuries, suivi de Lucile et Mousquetaire.


Devant les boxes de leurs chevaux, et sous l'œil attentif d'une dizaine d'équidés qui les observent avec leurs têtes impatientes dépassants des portes et qui guettent le moindre geste du palefrenier qui indiquerait que ce dernier aille chercher leur dîner, les deux cavaliers attachent leurs montures.

Niels desselle sa jument avant d'approcher Lucile qui amadoue Mousquetaire avec des quartiers de pomme.

— Lucile, va te préparer pour ce soir, je m'occuperais de Mousquetaire, propose le jeune homme.

— Non ! Niels, tu es déjà fatigué de ta semaine, tu as encore du travail et je ne...

— Dépêche-toi, si tu arrives au restaurant en sentant le cheval et le crottin, je suis quasiment sûr que tu n'auras aucune chance avec cet Adrien, la coupe son ami, ne lui laissant pas vraiment le choix.

IcareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant