Dès que la sonnerie du mercredi sonne à midi pile, Lucile n'a pas besoin d'en dire plus avant que ses élèves de quatrième commencent à ranger leurs manuels scolaires et leurs cahiers. La jeune professeure hausse les yeux au ciel, presque exaspérée. Ce n'est pas comme si la nourriture du self allait soudainement disparaître s'ils ne partaient pas maintenant ou bien qu'une catastrophe se produisait si leur après-midi de pause ne commençait que deux minutes en retard à cause d'un professeur qui voudrait leur donner des ultimes consignes avant de les lâcher.
— Bien, n'oubliez pas de bien revoir le paragraphe détaillant la prise de la Bastille et la description des nouveaux organes institutionnels, répète-t-elle dans le brouhaha des chaises poussées contre les tables, en espérant que sa phrase ne soit pas tombée dans l'oreille d'un sourd.
A peine quelques secondes plus tard, la salle est déserte. Lucile range trois chaises restantes, puis attrape son sac à main en mettant ses manuels à l'intérieur.
— Salut Lucile, tu vas bien ?
La professeure se tourne vers l'entrebâillement de la porte, où Adrien se tient, souriant. « Trop souriant », pense même la jeune femme. Avant, elle aimait ces fois où il venait trop souriant. Maintenant, c'est différent. Ce qui réchauffe son cœur, c'est les sourires sincères d'Icare.
— Oui très bien, toi aussi ? répond-elle en vérifiant qu'elle n'a rien oublié sur son bureau.
— Oui. Je ne t'ai pas vue ce matin, remarque son collègue.
— C'est normal. Maintenant que c'est le printemps, je viens à pied. Il fait beau, autant en profiter. Mais je ne suis pas partie en avance... J'ai fait une fausse joie à mes élèves de cinquième D ce matin, tu aurais dû voir leurs têtes effarées quand ils m'ont vu arriver cinq minutes après la sonnerie en courant dans le couloir, manquant de foncer dans le conseiller principal d'éducation.
Adrien ne peut s'empêcher de rigoler un instant. Il arrive probablement à Lucile plein d'aventures rocambolesques, et elle a toujours un don incroyable pour les raconter de façon drôle. Par exemple, elle lui a raconté comment son premier jour d'enseignement ici, elle a malencontreusement échappé son café sur la chemise de la directrice adjointe de l'établissement, simplement en... éternuant. Du Lucile tout craché.
— D'ailleurs, tu vas avec Carole cet après-midi ? redemande son ami.
— Oui, affirme Lucile en refermant la salle de classe et s'éloignant aux côtés d'Adrien dans les couloirs.
— Ok. Elle m'a proposé de venir aussi. Tu veux qu'on mange tous les deux en ville avant d'y aller ? Je prends ma voiture et je nous amène directement à la prison.
— Euh...
Lucile aimerait dire non, parce que les mercredis midi, elle aime bien rentrer pour manger avec Icare, avant de repartir elle-même à la prison. Et c'est un des rares repas échangés avec lui, hormis les weekends.
— Ça fait longtemps en plus que l'on n'a pas déjeuné tous les deux, insiste Adrien.
Il n'a pas tort. Et puis... Manger avec lui ne signifie strictement rien. Il n'aurait pas à imaginer quoi que ce soit, puisque Lucile a désormais Icare. Malgré qu'ils n'aient jamais dit ouvertement par oral où ils pensaient être dans leur relation, Lucile sait qu'ils sont bien plus que de simples colocataires, et que la plupart du temps, ils agissent comme un couple.
— Bon d'accord, finit par accepter la jeune femme.
Elle récolte un sourire d'Adrien, qui la guide jusqu'à sa voiture. Lucile en profite pour envoyer un message à Icare, l'informant de ce qu'elle faisait et qu'il serait donc seul ce midi pour déjeuner, tout en lui indiquant les restes dans le frigo. Elle reçoit très vite une réponse.
VOUS LISEZ
Icare
Romance*Histoire contenant l'équivalent des Tomes 1 et 2* Lucile, jeune professeure d'histoire pétillante, ne pensait pas qu'elle remettrait toute sa vie en question suite à une simple rencontre. En effet, quand son amie, une infatigable libraire, lui dema...