23 : Réveil à l'hôpital.

1.6K 224 36
                                    

JP jette le troisième gobelet à café qu'il vient de boire dans matinée. Il est dégueulasse, même celui de la prison est meilleur. 

Il attend près de la chambre d'Icare, parce que le personnel médical n'a pas trop envie de le voir bouger d'ici. A chaque fois, c'est le même cinéma quand le centre est dans la nécessité absolue d'amener un détenu ici. Le personnel de l'hôpital se sent obligé de fixer le pauvre prisonnier de travers, comme si c'était une bête sauvage qui allait leur sauter au cou pour les égorger. Ce qui explique que la présence du gardien soit toujours indispensable et obligatoire. 

De même, JP s'est porté volontaire la veille pour accompagner le corps inconscient d'Icare dans l'ambulance, pour qu'il soit dirigé en urgence au bloc pour un lavage d'estomac dans l'après-midi. Putain, il lui en aura fait voir de toutes les couleurs le gamin ! Il s'en est tiré, parce qu'il avait vomi une grande partie de ses médocs, mais merde, JP a cru le voir partir.

Il a attendu hier soir, jusqu'à vingt-trois heures passées, qu'il se réveille pour lui passer une savonnée. Il sait qu'Icare n'avait pas forcément besoin de ça, mais il voulait lui faire comprendre qu'il avait eu sacrément peur. De toute façon, il n'est pas sûr qu'Icare s'en souvienne car il était complètement dans les vapes. Ensuite, ce fut un calvaire pour convaincre le personnel hospitalier que le surveillant rentre chez lui, et ne revienne que le matin même, mais en voyant l'état d'Icare, ils avaient accepté.

C'est ainsi que JP a réinsisté ce matin au téléphone auprès de l'administration pénitentiaire pour retourner à l'hôpital et ainsi voir quand est-ce que son retour en prison serait possible suivant son état.

Sauf que les infirmières lui ont rendu déjà visite deux fois, et à chaque fois, elles retrouvaient le jeune homme profondément endormi, qui parlait parfois dans son sommeil pour appeler son père ou ses codétenus. JP leur a dit qu'il attendrait qu'il se réveille, il n'était pas pressé. Heureusement que sa femme travaille elle aussi dans le milieu carcéral et peut comprendre l'investissement qu'il met dans son métier. 

Malgré tout, il n'arrive pas à comprendre le geste d'Icare. Pourquoi une nouvelle tentative de suicide ? Il lui avait été proposé une procédure de libération conditionnelle. Il avait eu la visite de son père quelques semaines auparavant. JP voyait le regard amouraché d'Icare lors des ateliers littéraires. Il avait l'impression que la vie reprenait possession du détenu, et voila que la veille, ce dernier a avalé des plaquettes entières d'anti-dépresseurs. Le monde de la prison est bien sombre parfois...



Il est plus de dix heures quand JP se décide à se rendre au rez-de-chaussée pour passer aux toilettes et s'acheter un magazine et un croissant. Une infirmière lui a dit qu'Icare s'était réveillé, mais il voulait attendre quelques minutes avant de le voir, histoire qu'il soit un minimum conscient si le surveillant devait lui mettre une autre rincée.

Alors qu'il paie ses emplettes, il se retourne vers une silhouette qui lui est familière. Ni une ni deux, JP se lance vers Lucile, qui attend avec un jeune homme et une enfant sur une rangée de sièges de l'accueil.


La jeune femme ouvre deux grands yeux surpris quand elle aperçoit JP, et se relève instantanément de son siège.

— Bonjour Lucile, lance le surveillant. Tout va bien ?

— Bonjour JP, fait-elle en fronçant les sourcils. Tout va bien merci. Ne t'inquiète pas, on a juste eu une chute au centre équestre. Alors je suis venue avec mon ami Niels pour accompagner la jeune cavalière. Rien de grave, mais l'épaule a l'air déboîtée.

IcareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant