JP touille son café dans la salle de repos. Il a été de garde cette nuit et ses bâillements le trahissent. Il regarde l'horloge et comprend qu'il lui reste encore deux petites heures à tenir. Après, il pourra enfin rentrer chez lui. Il commence à en avoir marre de ses heures supplémentaires, mais comme il est gardien en chef, il évite de le montrer devant ses collègues. Comme il a l'autorité sur eux, il essaie de faire figure d'exemple.
La sonnerie de son talkie-walkie grésille d'un coup, faisant sursauter le gardien ensommeillé. Il en manque de renverser son café.
— JP ? C'est Philippe.
— Oui. Un problème ? commence à craindre JP, parce qu'il espère vraiment finir à l'heure et qu'aucun détenu n'aura commencé à créer des tensions en prison.
— Les flics sont là.
— Et ? demande JP, ne comprenant pas en quoi cela nécessite son intervention.
— Ils veulent perquisitionner le poste de surveillance et auditionner des collègues. Tu peux prévenir le directeur ?
— Attends ? Répète ? s'exclame soudainement JP. Comment ça se fait ?
— Une plainte. Je connais un des policiers. Il m'a dit de quoi il est question, mais évite d'en parler pour l'instant.
— C'est quoi ? insiste JP.
— Ils veulent des indices. Icare a porté plainte contre Jauris, et après interrogatoire, cela semblerait assez sérieux. Il leur faut des éléments de preuve et je crois qu'ils devront aussi interroger Jauris. Je ne t'explique pas le bordel que ça va mettre en prison.
JP soupire, il est bien d'accord. Il est bien content qu'Icare ait osé entamer une procédure contre Jauris, mais il a une crainte majeure : l'affaire va s'ébruiter dans les murs de la prison. Ce n'est qu'une étincelle. Les détenus vont forcément s'insurger, par solidarité, compassion, ou simple envie de rébellion. Les temps de la prison sont rarement calmes, mais là, il sait que les prochains mois vont être pires.
JP accueille les officiers de police judiciaire. Philippe les suit précautionneusement, sous le regard inquiet du directeur du centre.
— Vous êtes surveillant en chef ? demande un des policiers.
— Oui, répond JP.
— Vous savez ce qui se passe ici alors ?
— Presque tout.
JP n'a pas forcément envie d'être très loquace. Il a son directeur à portée d'ouïe. Et il a compris que ce dernier est réticent à l'enquête qui se passe en prison. Il arrive à son bureau de surveillance, là où il a accès entre autres à toutes les images de surveillance.
— Vous avez entendu parler d'agressions sexuelles sur des détenus ? lui demande un des policiers.
— Vous pouvez me dire que vous voulez savoir si un de mes collègues a agressé sexuellement des prisonniers, non ?
— Euh, oui, répond l'officier.
— Oui. On m'a dit que Jauris aurait agressé Icare Fargès.
Le directeur de prison manque de s'étrangler. A quoi joue JP, à se montrer aussi franc ? Il ne comprend pas les enjeux qui se jouent derrière cette affaire ?
— Vous l'avez vu ? demande le policier.
— Non. Icare me l'a avoué le dernier jour de sa détention. Il m'a laissé une lettre, à n'ouvrir seulement quand il partirait. Il dit avoir été agressé et violé.
![](https://img.wattpad.com/cover/102576311-288-k86518.jpg)
VOUS LISEZ
Icare
Romance*Histoire contenant l'équivalent des Tomes 1 et 2* Lucile, jeune professeure d'histoire pétillante, ne pensait pas qu'elle remettrait toute sa vie en question suite à une simple rencontre. En effet, quand son amie, une infatigable libraire, lui dema...