Icare

Epilogue : Le coeur d'Icare.

Icare sent le soleil qui réchauffe sa peau, une sensation qu'il ne cessera d'aimer. Il est sans doute le héros du mythe maintenant, à aimer le soleil qu'il peut sentir quand il veut, à chérir une liberté dont il a été trop longtemps privé.

Icare sourit à l'homme qui s'avance à côté de lui, regardant la légère agitation dans le jardin des Derosan, où toute la famille parle et rigole, un verre à la main ou bien avec des petits fours, comme celles des deux enfants de Solène. 

Tout le monde est là, la famille Derosan, Niels et David, ainsi que la fille de ce dernier qui s'amuse des singeries du nouvel amoureux de son père, et surtout, une des personnes les plus importantes pour Icare : son père. Cela fait quelques mois qu'il est à la retraite et a trouvé une petite maison dans le coin pour y passer ses beaux jours. En cinq minutes en voiture, son fils peut le voir quand il veut.

— Pourquoi tu restes en retrait ? demande le père à ce dernier.

— Je ne sais pas. J'aime regarder tous ces gens qui font partie de ma vie, et qui comptent plus que tout pour moi.

Son père lui sourit, heureux de voir son fils enfin rempli de joie. Son bonheur fait le sien.

— Aujourd'hui, cela fait pile deux ans Pa', explique Icare.

— Deux ans, répète faiblement ce dernier, comme peinant à le réaliser.

— Deux ans que je suis sorti de cette prison. Je n'arrive pas à y croire. Tout ça avec l'aide de toutes les personnes ici, et surtout, Lucile, Niels et toi.

— C'est surtout grâce à toi mon fils. Tu as été fort depuis le début. Tu peux être fier de ce que tu es devenu. J'ai toujours été fier de toi mon fils.

Icare sent la main de son père se serrer sur son bras et il lui sourit à son tour. Oui, sa vie aura été une sacrée épopée, mais le plus important, c'est ce qu'il est aujourd'hui. Il est fier de son chemin parcouru.

Le père d'Icare est appelé par Vincent qui veut lui montrer le nouvel abri de jardin qu'il est en train de construire. Les deux hommes s'entendent toujours à merveille, et le père d'Icare vient très régulièrement au centre pour rendre visite à son fils bien sûr, mais aussi aider Vincent à bricoler par-ci par-là. A côté, Murielle les regarde amusée, avant de reprendre sa conversation avec David et Solène sur diverses recettes de petits cakes qu'elle a fait pour l'apéritif d'aujourd'hui. Niels s'amuse avec la fille de David et les jumeaux de Solène. Il adore les enfants et ces derniers le lui rendent bien.

Et surtout, les yeux d'Icare sont captivés par la silhouette de Lucile qui s'avance vers lui, splendide dans sa robe fleurie. Un sourire amoureux illumine le visage de poupée de la jeune femme. Il la trouvera toujours aussi belle, sa Lucile.

— J'aime bien nous voir tous réunis, confie cette dernière en arrivant près de lui, ne pouvant résister à l'envie de poser un baiser sur ses lèvres, tout en remettant comme il faut le col de la chemise de son homme.

— Moi aussi. Je n'aurais jamais imaginé qu'une fois libre, j'aurais une aussi grande famille, rigole Icare. Mais ça me plait.

— Ça me plait aussi. Et je crois que les autres aussi en sont heureux, lui murmure Lucile en voyant sa mère les regarder avec un sourire heureux.

Elle sent soudain Icare s'éloigner un peu d'elle, et tourne la tête vers lui. Mais elle est surprise de voir Icare poser un genou par terre. Niels pousse un cri d'étonnement, attirant tous les regards vers les deux amoureux.

— Lucile, tu as toujours été là pour moi, explique Icare. Surtout, cela fait deux ans que tu as décidé de m'accompagner dans un monde où j'étais complètement perdu.

Lucile sourit un peu plus à chaque mot de l'homme, alors que ses yeux se mettent à briller.

— Lucile Derosan, veux-tu m'épouser ? demande ce dernier en sortant une petite boîte de sa poche

La gorge de Lucile se serre alors qu'elle porte ses mains contre sa bouche. Elle n'arrive même plus à parler, alors la seule chose qu'elle finit par faire, c'est hocher la tête en peinant à articuler un « oui » à peine audible.

Les yeux d'Icare pétillent aussi, et il a à peine le temps de se relever et glisser la bague autour du doigt de Lucile que celle-ci se jette contre lui pour l'étreindre de toutes ses forces.

— Je t'aime tellement Icare, dit-elle avec sa voie gorgée d'émotion.

— Moi aussi, murmure ce dernier, toujours autant amoureux.

— Je n'arrive pas à y croire... Je ne m'y attendais pas et...

— C'est le principe Lucile, c'était une surprise, se moque gentiment Icare.

Elle secoue la tête avant de l'embrasser à nouveau. Autour d'eux, des sourires sont unanimes. Vincent et le père d'Icare regardent les deux amoureux fièrement. Murielle pleure des larmes de joies encore plus importantes que celles de sa fille. Niels sourit de toutes ses dents et se demande probablement s'il sera le témoin. Icare pourra lui répondre que oui, c'est évident, et qu'il espère juste que son meilleur ami ne tombera pas dans les pommes le jour J à cause de l'émotion. Parce que Niels en est capable.

Icare serre les doigts de Lucile au milieu des siens, sentant le métal froid de la bague contre sa peau. Qui lui aurait dit qu'un beau jour, après être tombé amoureux d'un vent de liberté qui était apparu en prison, il l'aurait épousé ? Lui-même n'y aurait pas cru. Pourtant, s'il y a bien une chose qu'il a appris depuis, c'est que croire en l'amour, c'est possible.