Icare tousse. L'air humide de novembre qui entre dans la prison mal isolée, accroissant l'odeur de moisi et de renfermé qui y règne, ne semble pas vouloir quitter ses poumons. Encore une bronchite. Il tousse une fois de plus, lui arrachant les muqueuses de la gorge. Cela l'a empêché de bien dormir, déjà que le matelas lui fait mal au dos.
Il soupire. Il va devoir passer à l'infirmerie. Au moins, ça lui fera un but, et une occupation, pour une partie de la journée.
Il se lève, la tête prise de légers vertiges, dus probablement à la fatigue. Son compagnon de cellule, en bas du lit superposé, dort encore et ronfle. Il doit hiberner autant qu'un ours dès qu'il fait froid. Déjà qu'il en a presque l'apparence avec sa silhouette haute de presque deux mètres et les cent dix kilos qui vont avec.
Mais cet homme à moitié ours, Simon, est en fait d'une gentillesse incarnée. Icare le reconnaît : c'est le meilleur compagnon de cellule qui lui a été possible d'avoir. C'est même le gars dont il est probablement le plus proche ici, et à qui il tient le plus, mais cela, il ne l'avouera pas. Même s'il sait que c'est sûrement réciproque.
Icare se demande souvent pourquoi il se réveille toujours aussi tôt, ce n'est pas comme s'il avait des millions de choses à faire et qu'une journée ne lui suffirait pas. La vérité, c'est qu'il s'ennuie ferme ici. Mais bon, des millions de gens lui répondront que c'est le principe, que c'est ce qu'il mérite. Personne ne devrait éprouver de compassion pour un meurtrier non ? Icare tousse une fois supplémentaire.
Le jeune homme se déplace jusqu'au petit lavabo et se débarbouille le visage. Il a le teint extrêmement fatigué. Il espère tenir le coup à l'atelier. Alors que son compagnon dort encore, il accueille l'eau chaude des surveillants pour faire réchauffer le café, ainsi que les baguettes de pain pour le petit-déjeuner.
— Hé gros paresseux, réveille-toi. Sinon ne te plains pas que je bouffe ta portion, crie Icare à son compagnon qui grogne qu'on le réveille de cette façon.
— Ta gueule, où j'enfonce ta tronche dans les chiottes.
— Si je pisse juste avant dedans, tu crois que j'en ressortirai avec la même couleur de cheveux que toi ?
Icare récolte seulement un doigt d'honneur. Le roux (ou blond vénitien, comme le rappelle à chaque fois l'imposant bonhomme qui partage sa chambre) se lève enfin, jetant un regard exaspéré sur son jeune compagnon.
« Petit con », pense-t-il. Au fond, il adore ce jeune gars impertinent.
— Bien dormi sinon ? demande Icare d'un ton moqueur, parce qu'il est difficile d'affirmer cela la plupart du temps.
— Evidemment, avec un mec qui tousse et crache ses bronches pendant toute la nuit. Sérieusement, si tu pouvais crever en silence, ce serait mieux.
— De la part du mec qui ronfle comme un homme des cavernes, je pense bien vivre le fait perturber son sommeil.
Simon revient des toilettes et s'assoit à côté d'Icare, qui sert le café brûlant autour de tartines beurrées.
— Tu vas passer à l'infirmerie ? demande finalement Simon après avoir déjà englouti une tartine.
Icare hausse les épaules.
— Ouais. J'arriverai peut-être à filer les médocs aux toxicos, désespérés comme ils sont, ils ne refuseront pas.
— Fais pas l'abruti avec ta santé. Une bronchite c'est mauvais, surtout dans cette piaule de merde.
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Icare
Roman d'amour*Histoire contenant l'équivalent des Tomes 1 et 2* Lucile, jeune professeure d'histoire pétillante, ne pensait pas qu'elle remettrait toute sa vie en question suite à une simple rencontre. En effet, quand son amie, une infatigable libraire, lui dema...