Icare regarde le réveil. Trois heures trente-six du matin. Il râle intérieurement. La nuit du samedi au dimanche est censée être la meilleure parce qu'il ne bosse pas. Raté, il est obligé de se réveiller en pleine nuit. Il soupire en tournant, maintenant ça va être un calvaire pour se rendormir. Il tente de fermer les yeux, avant de les rouvrir. Il a entendu un murmure. Il fronce les sourcils.
Il se lève doucement, en se dirigeant vers la porte. Quand il l'ouvre, il fait moins sombre, pourtant la nuit est encore présente. Quelques lampadaires éclairent la ruelle d'une mince lumière orangée, tout juste suffisante pour mettre un pied devant l'autre. Icare marche tranquillement, il sait que ce quartier est calme, du moins pour lui. Des gens louches y traînent, mais il n'en a pas peur. Il a l'habitude. Il suit un chemin qu'il connait par cœur. Étrangement, il n'a pas froid, seulement habillé de son bas de survêtement. Le vent frais vient s'abattre sur sa peau sans provoquer le moindre frisson. Il n'entend rien, plus de murmure.
Il passe devant une maison, d'un quartier pavillonnaire défraîchi. Les lampadaires laissent à peine apercevoir les briques rouges qui composent sa façade. Il fait sombre à l'intérieur. Le petit garçon et son papa doivent dormir, il le sait. Un ballon de foot abîmé traîne près des escaliers. Il y jouera demain.
Icare ne peut s'empêcher de s'approcher de la porte d'entrée. Sa main se pose sur la poignée froide. Il remarque à cet instant ses doigts couverts de liquide rouge. Icare suit du regard sa peau, tachée jusqu'aux coudes d'un sang poisseux. De même, quelques traînées sont visibles sur son torse nu. Il frotte son index contre son pouce, avant de se décider pour ouvrir la porte.
Il fait un pas, mais au lieu de se retrouver dans un hall d'entrée, il découvre qu'il est dans une petite pièce, aux murs austères en béton. Icare connait cette pièce. C'est une cellule d'isolement. Mais dans celle-ci, sur le mur face à lui, est écrit en capitales, avec le même liquide rouge qui se trouve sur ses mains, un mot : « meurtrier ».
La gorge d'Icare se serre. Il veut s'en approcher, mais son pied butte sur quelque chose. Il baisse le regard, avant de découvrir au sol un objet étrange : un couteau de cuisine. Ensanglanté. Son cœur commence à s'affoler, alors il relève le regard sur l'écriture face à lui. Et là, il entend à nouveau les murmures. Maintenant, ils lui sont clairs et audibles.
— Meurtrier... Meurtrier... Meurtrier...
Icare se retourne violement quand il se rend compte qu'ils lui viennent de derrière lui, et ne peut s'empêcher de crier d'effroi quand il aperçoit un vieil homme. Le torse est maculé de sang, qui coule à travers plusieurs orifices qui sont dispersés sur sa peau. Sa bouche crache ce même liquide. Il regarde Icare avec ses yeux entièrement noirs, sans possibilité de discerner la pupille.
Icare veut reculer d'un pas, mais ses pieds sont collés au sol. Il commence à paniquer, d'autant plus que sa victime s'approche de lui. Son toucher est glacial, surtout quand ses deux poignets emprisonnent ceux d'Icare derrière son dos. Le jeune homme veut bouger, mais ses muscles ne semblent pas vouloir coopérer.
— Lâche-moi, supplie Icare. Lâche-moi.
— Je vais te tuer moi aussi, murmure la voix d'une façon terne.
Icare veut dire autre chose, mais désormais il n'est même plus capable d'articuler la moindre syllabe, d'autant plus que la peur lui lacère la gorge un peu plus chaque instant.
Et c'est pire quand la porte face à lui laisse entrer une silhouette qui doit aussi hanter ses plus grands cauchemars. Jauris s'approche de lui, tandis qu'Icare est condamné à rester immobile.
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Icare
Romance*Histoire contenant l'équivalent des Tomes 1 et 2* Lucile, jeune professeure d'histoire pétillante, ne pensait pas qu'elle remettrait toute sa vie en question suite à une simple rencontre. En effet, quand son amie, une infatigable libraire, lui dema...