70 : Acceptation familiale.

1.3K 178 52
                                    

Pour un rare mercredi matin où Lucile n'a pas de cours à assurer, car cela sent la fin d'année scolaire, elle en profite pour rester avec Icare, quitte à ne pas le laisser seul l'espace d'une seconde, comme en ce moment où il prend sa douche. Assise sur la cuvette refermée des toilettes tout en se brossant les cheveux, elle ne peut s'empêcher de loucher sur le corps d'Icare, debout dans la baignoire-douche. Et il est gravement sexy.

— Le moniteur de conduite a dit que je pourrais passer le permis probablement la semaine prochaine, annonce-t-il à la jeune femme.

— Tu te débrouilles super bien ! Tu n'as pas eu tant d'heures de conduite que ça en plus !

— Et encore, je le soupçonne de m'en avoir donné plus que nécessaire pour pouvoir croiser Carole qui m'y amenait souvent.

— Tu exagères, rigole Lucile.

— Je te jure ! Tu verrais le sourire niais qu'il affichait quand il nous voyait arriver. Et Carole n'arrêtait pas de m'en parler sur le trajet. S'ils finissent ensemble, c'est grâce à moi, donc je voudrais être leur témoin de mariage.

— Remarque, on ne peut trouver de meilleur homme qu'à Carole qu'un qui sait conduire, conclut Lucile.

Les deux amoureux rigolent avant que la sonnette d'interphone ne se fasse entendre. Lucile fronce les sourcils, alors qu'Icare sort de la douche sans méfiance, empoignant une serviette pour se sécher le corps.

— C'est bizarre, je n'attendais personne, remarque Lucile.

— Ça doit être Carole, c'est la seule qui peut venir te voir à l'improviste.

— Ah mais oui ! Hier soir, elle avait un rendez-vous avec Clément, ton moniteur. Je suis sûre qu'elle vient me raconter comment cela s'est passé !

— Elle a fermé sa boutique ce matin pour venir te raconter ça ? s'étonne Icare.

— Tu ne sais pas de quoi elle est capable.

C'est sûr. Déjà, elle peut écraser n'importe quel humain sur la chaussée mais freiner pour un malheureux crapaud qui décide de traverser la route. 

Icare émet un dernier sourire moqueur alors que Lucile sort de la salle de bain pour voir qui les dérange alors qu'il n'est même pas encore dix heures du matin.

Il se sèche complètement le corps, avant de réaliser qu'il n'a amené aucun vêtement. Strictement aucun. Il grimace, puis a l'ingénieuse idée de fouiller dans la panière à linge... Vide. Pour la première fois, il maudit Lucile d'avoir lancé une machine. Il se tourne vers la porte. Option numéro une : rester dans la salle de bain. Sauf que vu à quel point Caro est bavarde quand elle retrouve sa meilleure amie, Icare est bien coincé pour trois heures à poil dans la pièce. Option numéro deux : traverser rapidement le couloir jusqu'à la chambre, serviette autour de la taille. Si jamais il croise Caro, tant pis. Elle en a bien vu d'autres. Et elle ne parle que de Clément de tout façon.

Icare attend deux minutes supplémentaires, espérant que Lucile ait ainsi amené son amie dans le salon, là où il ne pourra pas être aperçu. Puis il enroule la serviette autour de lui et plein d'assurance (peut-être un peu trop), il ouvre la porte pour se glisser dans le couloir.

Il aurait pu voir Carole, cela ne lui aurait rien fait. Le facteur ou un livreur de colis, non plus. Mais les parents de Lucile, c'est tout autre chose. C'est les derniers qu'il aurait mis sur la liste, déjà parce qu'ils sont censés bosser le mercredi matin, et qu'ils sont fâchés avec Lucile.

Il attire le regard étonné de Murielle et Vincent sur lui, sans doute déconcertés par cette entrée... Inhabituelle. Et c'est Lucile qui rougit à la place du jeune homme, abruti sur le coup. Encore une belle façon de faire bonne impression devant sa belle-famille. Icare se maudit, émet un sourire crispé, avant de déguerpir dans la chambre commune pour enfiler des vêtements.

IcareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant