48 : Un collègue trop curieux.

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Le lendemain, c'est un Icare tout joyeux qui revient au boulot. Carlos le lui fait même remarquer. Icare hausse les épaules, mieux vaut ça plutôt qu'une sale tronche toute la journée. Il ne pensait pas qu'un simple après-midi à la piscine ait ce pouvoir.

Enfin, sa joie retombe quand même un peu quand Sylvain, le patron, vient les retrouver avant même qu'ils n'aient le temps de s'approcher de leurs palettes de marchandises.

—    Les gars, Fabien vient de m'envoyer un message. Il est pris d'une rage de dents énorme, il ne viendra pas ce matin. Il passe chez le dentiste à la première heure, mais ce sera impossible pour lui d'être au magasin pour taffer. Vous pourrez faire son rayon en plus, après la pause ?

Les deux hommes soupirent parce que le rayon de Fabien n'est pas le plus facile à mettre, et surtout, il s'y connait mieux que ses deux collègues concernant la place de chaque produit. Mais comme ils comprennent qu'ils n'ont pas le choix, ils acquiescent.





Icare range donc un énième carton de champagne quand il sent quelqu'un qui lui donne un coup dans l'épaule.

—    Hé, regarde qui vient, lui chuchote son collègue en désignant Jules qui bifurque vers eux.

—    Écoute, il va falloir arrêter de se faire des millions d'idées. Ce n'est pas parce que Jules drague tout ce qu'il bouge et aime mes tatouages qu'il faut sans cesse imaginer qu'il me veut. J'ai Lucile et je suis très heureux comme ça, râle Icare.

—    Mec, le boucher vient dans le rayon du champagne, il y a un bug en quelque part. Avoue-le.

Icare allait répliquer mais son collègue qui arrive près d'eux lui en empêche. Il sourit à Jules, qui ne tarde pas à lui faire de même.

—    Salut les mecs ! Vous vous éclatez au milieu du champagne ?

Les deux amis haussent les épaules, et Icare finit par se pencher pour prendre un nouveau carton. Plus vite il aura fini ce rayon, plus vite il sera content.

—    Je devais te voir Carlos, c'était juste pour te donner des étiquettes de prix que tu avais oublié de prendre hier, elles se sont retrouvées au milieu des miennes.

Icare pourrait dire à Carlos que finalement si Jules venait, c'était pour une bonne raison et non pour le voir lui. En attendant de faire entendre raison à son collègue, il s'agenouille pour placer quelques bouteilles sans tout faire dégringoler.

—    Hé Icare, c'est quoi que tu as à la cheville là ? T'as un bracelet électronique ?

L'ancien détenu devient livide, la dernière bouteille de champagne encore dans sa main, alors qu'il s'est immobilisé en pleine action, comme pétrifié. Son cœur résonne lourdement dans son corps entier, il a même l'impression qu'il tambourine dans sa boîte crânienne. Non, il a peut-être mal entendu la question de Jules. Pourtant, elle était claire.


Il dépose la bouteille après quelques secondes d'immobilité, avant de se tourner vers ses deux collègues. Il se sentait déjà mal après l'évocation du bracelet par Jules, mais là c'est pire quand il réalise qu'instinctivement, les deux hommes ont reculé de deux pas. Et pour couronner le tout, personne n'ose rien dire. Jules ne sait pas quoi ajouter après sa remarque spontanée, parce qu'il comprend sans doute pour une fois qu'il aurait mieux fait de se taire. Carlos se sent gêné, ou par la révélation de son collègue ou bien la réalité concernant Icare, le jeune homme ne sait pas précisément. Mais Icare lui, reste muet, parce qu'il sait que c'est compliqué de trouver les mots maintenant. Dire « oui, j'ai un bracelet parce que je sors de prison pour homicide », ce n'est pas ce qui apaiserait la situation en ce moment même.

IcareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant