22 : Les criminels cachés de la prison.

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Icare se dirige vers la laverie de la prison, en rouspétant contre Simon parce qu'il ne lui a pas laissé le choix pour amener leur linge à tous les deux. C'est bien parce que son ami part dans quelques jours qu'Icare lui fait cette faveur.

Il croise dans les couloirs Marco qui discute avec Miguel, et le colosse adresse un doigt d'honneur à Icare. Le prisonnier ne fait qu'un sourire narquois. Le mastodonte a choppé un énorme rhume suite à leur bataille dans la neige, et il le digère assez mal, parce qu'il a le nez rouge et qu'il ne peut plus aller faire du sport car il doit s'arrêter toutes les trente secondes pour se moucher. D'ailleurs quand c'est le cas, cela ressemble à un barrissement d'éléphant, et cela ne lui a pas forcément plu qu'Icare l'appelle « Babar » depuis deux jours entiers en conséquence.


Icare arrive à la laverie et croise Alex, qui soupire en voyant l'énorme panière de linge que lui apporte Icare.

—     Tu fais chier Icare, je voulais passer l'après-midi tranquille. Je suis déjà à la ramasse et j'aurais jamais fini ce soir.

—     Te plains pas, tu es dans le seul endroit de la prison où ça sent bon, lui fait remarquer Icare.

Alex hausse les épaules en empoignant la panière de linge. Des cernes bleutés barrent ses yeux.

—     Dis-toi que ce matin à la manufacture, ils avaient oublié de mettre le chauffage. Va empaqueter des colis avec des gants.

Alex rigole un instant. Icare aime bien Alex, qui est un des rares ici à être de sa tranche d'âge, un peu plus jeune même. Mais Icare ne le trouve pas dans son assiette. Même si Alex est mince de nature, le détenu le trouve encore plus amaigri, l'air encore plus grave. Il semble à bout.

—     T'as l'air fatigué mec.

Alex soupire en mettant la grosse machine à laver en place, avant de pousser la panière à linge d'un petit coup de pied exaspéré. Il retourne voir Icare, avant de guetter qu'il n'y ait personne autour d'eux. Alex a toujours été méfiant, et à sa venue il y a quelques mois ici, Icare a deviné qu'il était de nature extrêmement nerveuse et stressée. Il n'osait regarder aucun détenu dans les yeux, et essuyait plusieurs brimades. Un jour, énervé de voir certains prisonniers complètement abrutis s'en prendre toujours à lui, Icare est intervenu pour sa défense.

Il n'aimait pas forcément se faire le justicier des plus faibles, mais parfois c'était nécessaire. Il y aurait à faire ici, entre les petits nouveaux qui se font taper, les rares transsexuels qui se font railler et sans doute violer dans leurs cellules, Icare se demande parfois ce que font les surveillants. Mais bon, ils semblent parfois avoir tellement peur qu'ils préfèrent ne pas intervenir. C'est pour cela qu'Icare se retrouve à prendre la défense de quelques gars qu'il estime bons et qui ne méritent pas d'acharnement. C'est ainsi qu'il a sympathisé avec Alex.


—     Je sais pas comment tu fais mec, pour être ici depuis plusieurs années, soupire Alex. Cela fait que quelques mois et je suis mort.

Icare non plus ne sait pas comment il fait. C'est un peu un miracle qu'il soit encore debout aujourd'hui. Enfin, debout mais blessé. Icare regarde ses tatouages zébrés de cicatrices. Il est tombé plusieurs fois. Il n'aimerait pas qu'Alex prenne son chemin.

—     Tiens bon mec, c'est les premiers mois. Accroche-toi, l'encourage simplement Icare. C'est quoi qui ne va pas ? Il y en a qui te font chier ? Je vais leur péter la gueule si tu veux.

Alex rigole un instant, avant que ses yeux tristes ne se posent à nouveau sur son rare ami en prison.

—     Fais pas ça, surtout s'ils veulent te proposer une liberté conditionnelle, admet le jeune homme en mettant les mains dans ses poches.

IcareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant