35 : L'esquisse d'une nouvelle vie.

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Icare a l'impression d'être comme un enfant qui découvre un nouveau monde. Il regarde par la fenêtre avec deux grands yeux curieux qui détaillent la route défilant devant lui. Longtemps, des champs ont rempli le paysage, puis il a traversé des petits hameaux de villages aux noms saugrenus, avant qu'une zone urbaine ne prenne place.

Le passager de la voiture semble découvrir les fleurs ici et là aux couleurs multicolores, les abords d'un stade où il entend des cris d'enfants qui jouent au ballon, des personnes âgées qui discutent sur ce qui semble être une place de marché, remplie de stands aux fruits et légumes brillants sous le soleil. Il voit une femme qui promène son chien, un fidèle berger allemand, un cycliste que la voiture dépasse sans difficulté, une personne qui sort de la boulangerie un pain dans la main, des gens à la terrasse d'un café qui rigolent. Tout lui semble différent, comme s'il débarquait sur une nouvelle planète.

—     Vous êtes resté combien de temps en prison ? finit par demander un des policiers, ayant aperçu l'air hypnotisé d'Icare vers la vitre.

—     Dix ans et quatre mois, répond simplement l'ancien détenu, détachant enfin son regard de l'extérieur pour croiser celui du policier.

—     Vous deviez juste être majeur, remarque l'agent de police.

—     Non, j'avais dix-sept ans.

Un silence remplit la voiture. Sans doute que même les policiers trouvent le moment gênant, puisque le conducteur ajoute :

—     Si j'en crois l'adresse, on arrive dans cinq minutes.





Le policier ne s'est pas trompé. Quelques minutes plus tard, la voiture se gare sur un petit parking accolé à un petit immeuble. Icare attend qu'on lui ouvre la porte avant de sortir. Un des policiers se charge d'empoigner ses sacs, avant de suivre la marche de son collègue. Ce dernier s'approche à l'interphone en cherchant le nom de Lucile, et Icare trouve seulement à se dire que ce serait dommage de croiser un des voisins, ainsi entouré et les menottes aux poignets. Quand finalement le policier trouve l'interphone correspondant au nom de « Lucile Derosan », il sonne avant que la voix douce de la locataire ne réponde.

Icare stresse quand il doit monter tous les étages qui mènent à l'appartement de Lucile. Quand un des policiers toque à la porte indiquée par le nom de Lucile, son cœur bat à tout rompre. Il s'en trouverait presque ridicule. Et si Lucile ne voulait plus l'héberger ? Enfin, elle n'aurait pas ouvert la porte de l'immeuble.

Finalement, un bruit de verrou retentit et Lucile apparaît enfin, radieuse comme Icare l'a toujours connue. Il se sent un peu bête d'esquisser simplement un mince sourire, mais il ne sait pas quoi faire d'autre. 

—     Bonjour, mademoiselle. Vous êtes bien Lucile Derosan ?

—     En effet, dit simplement Lucile, impressionnée malgré elle par la venue des deux policiers.

—     Très bien, mon collègue et moi allons juste baliser votre appartement par rapport au bracelet de votre ami.

Icare découvre en même temps que les deux policiers la pièce à vivre chez Lucile. Alors que les deux agents de l'ordre sont déjà partis d'un coin et l'autre de l'appartement, Icare détaille le salon. La pièce est très lumineuse, grâce à une baie vitrée qui donne sur un balcon. Les murs blancs sont cachés par de nombreuses plantes exotiques et des fougères verdoyantes. Il y a un petit aquarium avec deux poissons rouges sur un buffet en bois sombre. Un vieux canapé de cuir fait face à une télé à écran plat. Des livres traînent sur le buffet, sur la table de salon, et tout cela fait sourire Icare. Il trouve tout cela joli, coloré. Vivant. Il ne se rend pas compte qu'il est laissé seul dans sa contemplation, alors que Lucile indique à un policier son numéro de fixe, et que l'autre termine de baliser l'appartement.

IcareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant