45 : La découverte de Carole.

1.4K 204 46
                                    


— Icare, tu vas bien ?

Le jeune homme se tourne vers celui qui l'appelle, affichant un sourire franc.

— Très bien, et toi Jules ?

— Aussi. Carlos m'a dit pour ton deuxième CDD. C'est cool. Ça veut dire que tu vas rester encore un bon bout de temps avec nous.

Icare sourit en pliant un carton. Parfois il a du mal à imaginer qu'il soit libre depuis un mois, qu'il soit sur la bonne voie pour conserver un emploi de façon durable, que sa vie avec Lucile se passe sereinement aussi. Il a l'impression que le bonheur lui sourit enfin après des années de galères.

— Oui, un bon bout de temps, répond Icare. Je ne pouvais pas me lasser de tes récits sur ta passionnante vie amoureuse tu vois, c'est pour ça que j'ai accepté qu'on renouvelle mon CDD.

Jules esquisse un sourire. Il a l'habitude maintenant d'amuser la galerie. Et puis il apprécie bien Icare. Ce n'est pas un gars qui rechigne devant le travail et il ne se plaint jamais. Il prêtera toujours main forte et surtout, sa compagnie est agréable.

— Justement, reprend désormais Jules d'une petite voix, je sais que tu vas rester avec nous. Et je ne voudrais pas que nos rapports soient difficiles tu vois ? Je sais que je me suis déjà excusé pour t'avoir mis mal à l'aise par rapport à ma question indiscrète sur à tes cicatrices... Je m'en veux encore, et j'espère qu'entre nous il n'y aura pas de problème, même si je peux être très maladroit dans mes propos, mais ce n'est jamais parce que je veux te nuire.

— C'est oublié, répond l'intéressé en balayant l'air d'un revers de main.

— Ouais... Enfin Marjolaine m'a fait comprendre ce que c'était, je ne voulais vraiment pas t'afficher ainsi devant toute l'équipe... Je ne savais pas que tu avais tenté de te...

— J'ai eu des périodes sombres, ça arrive, le coupe Icare.

— Tu vas mieux maintenant au moins ?

— Je crois.

Jules lui affiche un petit sourire innocent. Icare n'aime pas trop parler de ses blessures, mais face à un individu aussi simplet que Jules, cela lui parait compliqué. Il attrape un autre carton à mettre en rayon, alors que le boucher du magasin lui adresse un signe de tête avant de repartir à son étal.

— A tout à l'heure, à la pause, lance ce dernier en attachant son tablier.



Un peu après l'ouverture du magasin, Icare se retrouve à croiser Carlos. Au vu comment le petit bonhomme accourt vers lui, il le cherchait.

— Hé mec, tu vas bien ? Dis je t'ai vu parler avec Jules ce matin, il te voulait quoi ?

— Arrêtez de tous croire que je l'intéresse, ricane Icare. Je sais que notre collègue a une sexualité débringuée et tombe amoureux de chaque personne qu'il croise quotidiennement, mais je ne suis pas intéressé. J'ai déjà quelqu'un dans ma vie en plus.

— Zut, je pensais animer les ragots pendant quelques temps.

— Si tu voulais savoir, il voulait s'excuser à nouveau par rapport à... Mes cicatrices... Enfin bref tout ça.

Icare se mord malgré lui les lèvres. Evoquer ses tentatives de suicides, ce n'est jamais facile. Il revoit encore les lames qui s'enfoncent dans sa peau, et l'étrange admiration qu'il avait devant son sang qui recouvrait ses bras.

IcareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant