71 : « Coupable ».

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Icare avait eu droit au meilleur accueil du monde quand il était revenu au centre. Même Armstrong en revenant de la lune n'avait pas eu un tel élan de joie à son égard. 

Niels l'avait serré dans ses bras, heureux, et ne l'avait pas quitté de la journée, ni les jours suivants. C'est Niels. Même David aurait pu en être jaloux, mais heureusement, il comprenait la forte amitié qui liait les deux hommes. Enfin, cela en était limite si Niels ne suivait pas Icare quand il devait aller aux toilettes, et à partir de là, cela commençait peut-être à devenir louche.

De même, et c'était sans doute moins étonnant, mais Chaussette avait retrouvé aussi son grand ami, et le suivait à longueur de journée (mais c'était peut-être normal de la part du chien).

Hervé avait souri d'une façon resplendissante, et c'était probablement le plus beau sourire que le jeune homme n'avait jamais vu. Tout rentrait dans l'ordre. Alors, Icare avait remercié le vieil homme, un des rares à avoir cru en lui depuis le début. Bien sûr, connaissant la modestie d'Hervé, il lui avait dit que ce n'était rien, mais en réalité, Icare ne pouvait ignorer ceux qui étaient de son côté. Puis l'homme lui avait proposé de prendre un thé et discuter littérature avec lui. Icare avait accepté pour deux raisons : parce que le programme lui convenait, et que cela le faisait rire de voir Niels à l'extérieur qui s'impatientait que son ami le rejoigne, parce que pour l'instant, il était seul à nettoyer le crottin des écuries.

Mais le plus important, c'est que Lucile est heureuse. Icare le sent quand il lui téléphone chaque jour, quand elle vient chaque week-end. Ce n'est pas seulement car on est au mois de juin et que l'année scolaire est terminée, c'est surtout parce que toutes les personnes qu'elle aime se sont réconciliées. Et le bonheur de Lucile, c'est la priorité de l'homme.

C'est ainsi que tout rentre dans l'ordre, et Icare commence à croire que désormais, plus rien ne peut venir le perturber.

Son ancienne routine se remet donc en marche : réveil à six heures trente, douche, café. Caresse pour Chaussette, distribution des rations du matin, petit-déjeuner pris avec le reste de la famille Derosan, les tâches restantes pour la journée, monter à cheval, trouver une blague à faire à Niels, donner les rations du soir, dîner, dormir.

Enfin, même si depuis deux jours, « faire une blague à Niels » n'entre plus dans le programme, puisqu'il est en semaine de congés. Et tant qu'à faire, il est parti à la mer avec David. Icare est heureux pour eux, sans aucun doute, mais ses journées de travail sont moins drôles.

— Icare, viens vite voir ! s'exclame Murielle alors que ce dernier est assis dans un canapé du club-house, Chaussette sur ses jambes.

Icare se remue du canapé, chose qui ne plait pas au grand chien qui n'a d'autre choix de se lever. Heureusement que sa meilleure amie (certes à quatre pattes) est ici, elle, pour lui tenir compagnie.

Icare rejoint Murielle, derrière son PC, et Chaussette suit naturellement l'homme qu'elle doit aimer autant que Lucile l'aime. Comme Murielle est une maman, et qu'une maman a toujours un peu de mal avec les ordinateurs, elle clique lentement sur la pièce jointe du mail, après avoir cliqué sur le destinataire en se trompant, puis il faut attendre que l'image se charge lentement à cause de la connexion internet ralentie dans la campagne. Enfin, apparait une photo de Niels et David, tous joyeux sur un bord de mer Méditerranée, bronzés mais avec un coup de soleil sur le nez.

— Ils n'ont pas l'air malheureux, commente Icare.

— C'est sûr, s'en amuse Murielle.

Vincent entre à son tour dans le club house, un peu pressé. C'est toujours comme ça les mercredi après-midi, avec toutes les leçons des jeunes, le patron court partout.

IcareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant