40 : Icarus versus Pegasus.

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Il tardait à Lucile que le repas soit terminé. Parce qu'entre sa mère qui ne faisait que poser des questions à Icare et son père qui le regardait de travers, elle a cru que le jeune homme ferait un malaise. Elle non plus n'en menait pas large. Sans compter les nombreux silences qu'engendraient chaque question, le temps qu'Icare trouve un mensonge adéquat. Le problème, c'est qu'il semble à Lucile que la vérité serait moins la bienvenue que des mensonges pour le cas d'Icare. Mais elle sait qu'ils ne pourront pas la cacher indéfiniment.

—     Maman, je vais avec Niels. On amène Icare voir les écuries, affirme la jeune femme tandis que cette dernière est occupée à essuyer la vaisselle avec Solène.

—     Très bien Lucile.

—     Maman, c'est pas juste. Tu as vu comment elle esquive la corvée de vaisselle, râle Solène.

—     S'il te plait, tu as vingt-six ans Solène, arrête de te comporter en enfant, la gronde sa mère. Si Lucile et Niels veulent amener Icare aux écuries, autant qu'ils le fassent maintenant.

—     Pff, c'est bien parce que tu nous présentes enfin quelqu'un, soupire Solène. D'ailleurs Lucile, tu nous as pas dit, vous vous êtes rencontrés où avec Icare ?

—     Ah oui c'est vrai ça Lucile, reprend sa mère.

La jeune femme fixe les fourchettes qui traînent sur l'évier comme si cela pouvait lui donner une inspiration. Dire « l'atelier littéraire de la prison », et c'est tous les mensonges d'Icare qui partent en fumée.

—     A la libraire de Caro, s'exclame Lucile.

—     Oh tiens, c'est original, commente sa mère.

—     Oui, en fait Icare adore les recueils de poésie, donc il venait voir si Caro en avait, ment la jeune femme.

—     Et bien, j'aurais aimé que ton père aime la poésie aussi. J'aurais peut-être eu le droit à des poèmes en rentrant le soir plutôt que des bottes pleines de crottin. Allez, file ma fille, je vois Icare et Niels qui t'attendent dans la cour.

En effet, Lucile aperçoit par la petite fenêtre de la cuisine les deux jeunes hommes qui papotent impatiemment devant la maison, jetant souvent des regards vers la porte d'entrée. Elle attrape sa veste accrochée dans le vestibule et sort rejoindre ses amis.





—     Lucile, c'est une blague ? demande Icare dès qu'il la voit. Regarde ce que Niels m'a fait mettre.

La jeune femme regarde le vieux pantalon d'équitation et les boots de Niels qui habillent désormais Icare. Elle ne peut s'empêcher de rigoler, parce que ce dernier n'arrête pas de tirer sur le tissu du pantalon pour le détendre.

—     Tu sais que cela ne sert à rien de tirer dessus, c'est fait exprès que ce soit moulant, lui glisse Lucile.

—     Pendant que tu parlais à l'intérieur, tu as manqué ses cinq dernières minutes où il n'a fait que se plaindre que ça le moulait trop et que cela rentrait dans ses fesses, plaisante Niels.

—     Tu n'es pas obligé de tout raconter, assure Icare avant de tirer à nouveau sur le pantalon.

—     Je ne raconte pas tout. Parce que tu m'as aussi demandé si...

—     Non, c'est bon ta gueule, l'interrompt Icare avant que la situation ne devienne gênante pour lui. On va faire du poney maintenant ?

Lucile rigole quelques secondes, surtout quand elle voit le jeune homme se mettre en marche, injuriant déjà sa nouvelle tenue. Elle se tourne vers Niels, qui le fixe d'un air tout autant moqueur.

IcareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant