Lucile a téléphoné à son père le dimanche, le prévenant qu'Icare allait rester quelques jours à son appartement parce qu'il n'était pas en état de travailler.
La raison ? Une mauvaise digestion du restaurant japonais du samedi soir qui se montrait plus fort que son système digestif.
La réalité ? Peut-être qu'il valait mieux que Vincent Derosan ne voit pas le jeune homme avec un hématome sur la joue et la lèvre ensanglantée.
Quand Icare se réveille, il se tourne vers la gauche. Lucile dort encore. Il fronce les sourcils, essayant de se remémorer pourquoi elle ne part pas travailler. On est lundi après tout. Puis il se souvient que la veille, elle lui avait dit que son emploi du temps était miraculeusement libéré en ce lundi matin, parce qu'un de ses cours avait été décalé. C'est une bonne chose. Il l'admire silencieusement. Comment a-t-il fait pendant dix ans de sa vie, pour se réveiller sans personne à ses côtés ? C'est sans doute ridicule comme question. Il avait Simon dans la couchette du bas accompagné de ses ronflements sonores. Certes ce n'est pas la même chose. Mais maintenant, cela lui paraîtrait inimaginable de se lever sans avoir quelqu'un à aimer.
Les paupières de Lucile se mettent à frétiller avant de laisser apercevoir ses iris noisette. Elle sourit, gênée, en s'apercevant qu'Icare l'observait depuis tout ce temps.
— Tu es magnifique Lucile, soupire sa voix grave du matin.
Elle esquisse un sourire qui fait remonter ses petites pommettes rougies suite au compliment. Icare l'aime encore plus à cet instant. C'est sans doute pour cela qu'il ne peut résister à l'envie de s'installer au-dessus de son corps. Il embrasse tout doucement la peau blanche du cou de la jeune femme, cette dernière ne pouvant s'empêcher d'échapper un léger rire qui lui réchauffe le corps. Il remonte sur ses lèvres, les embrasse lentement, avec cette même passion qui enflamme son corps dès que la jeune femme est près de lui. Il pose un petit baiser sur le bout de son nez, avant de rester de longues secondes à l'admirer. Lucile, plus timide, ne peut s'empêcher de sourire nerveusement en rougissant.
— Je t'ai dit combien de fois que je t'aime Lucile ? demande doucement l'homme.
Un étincelant sourire vient enchanter le visage de sa dulcinée.
— Chaque soir avant de dormir. Plein de fois dans la journée. Et à chaque fois, je fonds complètement, avoue-t-elle.
Cette fois-ci, c'est elle qui provoque un sourire sur le visage jusque-là impassible d'Icare. Il admire quelques secondes encore la femme en dessous de lui. A chaque fois il tombe un peu plus amoureux d'elle. Elle est belle, certes, mais ce qui fait Lucile, la Lucile qu'il aime, c'est tout ce qu'elle est au fond d'elle-même. Sa patience légendaire, ainsi que sa grande bonté. Jamais elle n'a semblé cesser de croire en Icare, dans le fait qu'il irait mieux, qu'il se relèverait. Même si chaque seconde parait incertaine, elle ne cesse d'avoir foi en lui. Même en ce moment-même. Qu'est-ce qu'il ne lui fait pas croire que l'homme face à elle ne va pas arrêter subitement ses baisers ? Que même s'il ressent cette nécessité d'être au-dessus d'elle pour maîtriser la situation, il ne va pas angoisser à nouveau à cause de son viol et tout arrêter ? Qu'est-ce qui la pousse à toujours croire en lui finalement ?
Icare sent les doigts de Lucile descendre dans son dos, effleurant sa peau parcourue de frisson. Ils s'embrassent passionnément, sans penser à autre chose. Ignorer ce que sera le « après ». Si c'est l'amour ou la peur qui va l'emporter.
Ou la sonnerie du téléphone.
Icare l'ignore royalement, mais il sent Lucile qui arrête ses baisers. Il croit comprendre ce que cela signifie, c'est pour cela qu'il ne bouge pas de sa place et reste au-dessus du corps de Lucile.
VOUS LISEZ
Icare
Romance*Histoire contenant l'équivalent des Tomes 1 et 2* Lucile, jeune professeure d'histoire pétillante, ne pensait pas qu'elle remettrait toute sa vie en question suite à une simple rencontre. En effet, quand son amie, une infatigable libraire, lui dema...