56 : Les preuves.

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Miguel ne faiblit pas des yeux. On lui en a jeté, des regards mauvais. Il a pu lire dans certaines prunelles que des gens voulaient sa mort. C'était mérité hein ? Alors aujourd'hui, le directeur de la prison qui s'adresse à lui d'un ton sévère ne lui fait rien.

— Pourquoi avez-vous essayé de vous attaquer à un surveillant de prison ?

— Pourquoi vous ne demandez pas à Jauris ce qu'il a pu faire pour que l'on s'attaque à lui ? riposte l'argentin.

— Qu'a-t-il fait ? Je vous écoute.

— Je peux vous le dire, mais vous allez remettre en cause ma parole. Comme toujours...

Le directeur fronce ses sourcils broussailleux. Ce détenu n'a jamais causé de problème au sein de la prison, et voilà qu'il a failli tendre une embuscade à un gardien. Heureusement, Philipe, qui passait par là, a rapidement maîtrisé le prisonnier avant qu'il ne s'attaque à son collègue.

— Miguel ?

— Vous le savez, vous, que votre Jauris agresse sexuellement des détenus ? rétorque l'homme.

— Hein ? Mais. N'importe quoi !

L'argentin voit le directeur s'affoler, ne trouvant pas de mots à dire de plus. Il baragouine un jargon incompréhensible. Miguel pense même qu'il est en train de s'étouffer, mais le maton qui l'a accompagné voir le directeur est immobile. C'est que cela ne doit pas être inquiétant. Le gardien est probablement sonné par la révélation du détenu.

— Vous le savez que Jauris nous agresse alors, insiste Miguel.

— Vous racontez n'importe quoi. Personne ne nous en a parlé, il n'y a pas de preuve.

— Parce que vous croyez que vous allez nous croire quand on vous affirme qu'un gardien nous viole ? Vous fermez déjà les yeux quand on vous dit qu'il y a des rats dans la prison et qu'on vous en ramène les cadavres devant les yeux !

— Vous n'avez pas de preuves monsieur !

— Les tentatives de suicide d'Icare ? Ses débordements dès que Jauris s'approchait de lui ? Et Alex, vous expliquez comment ses élans de paranoïa ? Et les autres, qui se taisent parce que vous ne savez que nous rabaisser ? s'énerve Miguel. Et...

— Icare était dépressif ! le coupe le directeur. Et il est hors de cet établissement maintenant ! Et Alex avait des troubles de la personnalité, ce qui explique pourquoi nous avons dû le transférer dans un hôpital psychiatrique.

Le directeur regarde l'homme effronté face à lui. Il a une bonne quarantaine d'années. Il devrait être mature et posé, et non lui balancer des faits sans aucun fondements. Enfin...

— Ce n'est pas parce que vous en profitiez pour coucher avec d'autres détenus que vous devez accuser d'autres de faire de même monsieur, reprend le directeur.

— J'ai couché avec Icare, mais c'était consenti. Jauris l'a violé. C'est facile de faire la différence entre un rapport consenti et un viol.

— On n'a pas de preuves.

— On saura les trouver.

— Partez Miguel. Je vous mets un simple avertissement sur votre conduite, cela rallongera votre peine. Je ne suis pas sûr que cela vous dérange. Que je ne vous revoie pas dans ce bureau, lance le directeur, complètement dépassé.

Le seul point positif dans cette histoire, c'est que le directeur est tellement sous le choc qu'il a donné une sanction minime à Miguel. Ce qui arrange l'homme, qui n'a pas forcément envie de passer quelques jours à l'isolement.

IcareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant