CHAPITRE 12

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- En 1989 un gamin, champion de natation, débarqué de Brighton pour un tournoi de natation scolaire, se noie dans la piscine. Accident. Expliqua Sherlock, alors qu'un taxi les conduisait tout les trois jusqu'à Baker Street.

Le garçon aux boucles brunes leur montra son smartphone, où une page internet était ouverte sur un vieil article de journal qui retraçait l'histoire de Carl Powers.

- Agnes était trop jeune pour y faire attention. Il reprit en lançant un coup d'oeil à la brunette assise à sa droite. Et tu ne t'en souviens pas, bien entendu. Il ajouta à l'attention de John, installé face à eux.

- Mais toi si ? S'enquit l'ancien soldat.

- Oui.

- Sa mort t'as parue suspecte ? Interrogea la jeune femme en observant les iris glacés.

- Mais personne n'a tiqué. Il répondit en tournant la tête vers le profil féminin. Personne excepté moi. Je n'étais qu'un môme, mais j'ai lu le compte rendu de la presse.

- Tu as commencé tôt. Nota John en haussant un sourcil.

- Le gamin, Carl Powers, a eu une espèce de crise dans l'eau. Mais le temps qu'on le repêche il était trop tard. Il y avait un truc qui clochait, que je n'arrivais pas à oublier.

- Quoi ?

- Ses chaussures ? Demanda Agnes.

- Oui.

- Eh bien quoi ses chaussures ? S'enquit John en regardant tour à tour le détective et sa nièce d'une expression confuse.

- Elles n'étaient pas là. Expliqua le garçon aux boucles brunes. J'ai fait une histoire, signalé à la police cette absence, mais personne n'y a attaché d'importance. Il avait laissé toutes ses affaires dans son casier, mais aucune trace de ses chaussures. Il ajouta, en récupérant les baskets en question qui étaient dans un sac à ses pieds. Jusqu'à aujourd'hui.

Le silence revint dans l'habitacle du taxi, et Agnes détourna la tête en posant son front contre la vitre, braquant ses pupilles noires sur la succession d'immeubles qui défilaient rapidement sous le soleil pâle tout en laissant ses pensées tourbillonner sous sa boite crânienne.

6 Heures..

-

- On pourra retirer le fil d'ici quelque jours. Marmonna John en désinfectant les coupures fines sur la joue de Agnes, assise sur le rebord de la baignoire dans la salle de bain de leur petit appartement. Je te donnerai une crème pour que tu n'ai pas de cicatrice. Je ne veux pas que ta mère me sermonne encore une fois d'avoir abimé sa fille.

- Elle t'en veut encore pour ça ? Gloussa doucement la brunette, en le regardant jeter le coton usagé dans la petite poubelle sous le lavabo.

- Tout ce qu'elle voyait c'est que tu voulais jouer au soldat, comme ton oncle. J'avais pas besoin d'être présent pour qu'elle m'en veuille.

- C'est pas faute de lui avoir répété que tu n'y étais pour rien, pourtant. Elle soupira, en baissant ses prunelles carbones sur ses mains posées sur le rebord en faïence. Je crois qu'au fond elle est en colère parce que tu as toujours été plus présent pour moi..

- C'est ta mère, Agnes. Rétorqua doucement le médecin, en apposant un petit pansement sur la blessure avec des gestes délicats. Elle t'as eu très jeune, elle t'as élevé toute seule.. Elle a fait du mieux qu'elle pouvait.

- Je sais, et je dis pas que j'ai eu une enfance malheureuse, au contraire. Murmura la brunette en secouant doucement la tête. Elle m'a donné beaucoup d'amour et j'ai jamais manqué de rien, mais c'est juste que.. Parfois j'ai l'impression que c'est de ma faute si elle descend son litre de Vodka en une journée. J'ai pas demandé à venir au monde, moi. Elle avait qu'à avorter, si elle préférait profiter de sa jeunesse. Elle ajouta avec rancoeur, en détournant le regard sur le carrelage blanc à sa gauche.

UntitledOù les histoires vivent. Découvrez maintenant