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CHAPITRE 44 - La Chute Du Reichenbach

Le ciel de Londres était gris et la pluie fine tombait sans relâche. Un coup de tonnerre retentit au loin.

Installé dans un fauteuil, John Watson restait fixer sa thérapeute - Ella - assise face à lui, les traits de son visage laissant transparaître sa fatigue et sa tristesse sourde, jusqu'à ce que la psychologue ne reprenne la parole de sa voix douce et rassurante.

_ Pourquoi aujourd'hui ?

John fronça doucement les sourcils sans comprendre le sens de la question, tandis que derrière eux la pluie glissait sans interruption sur les grandes fenêtres. Le médecin baissa son regard absent sur sa main qui tapotait distraitement sur l'accoudoir de son fauteuil, avant de répondre.

_ Vous tenez à ce que je le dise ?

_ Ça fait exactement dix-huit mois que nous ne nous sommes pas vus.

_ Vous lisez les journaux ? Demanda John d'une voix un peu agacée.

_ Ça m'arrive.

_ Et vous regardez la télé ?

Il resta quelques secondes observer la thérapeute, avant de reprendre.

_ Vous savez ce que je fais ici. Il déclara, un grognement douloureux tressautant dans sa voix quand il termina sa phrase.

Il ramena sa main contre sa bouche, ses doigts fins tapotant sur ses lèvres pincées dans un geste nerveux.

_ Je suis ici parce que..

Sa voix se brisa doucement, l'empêchant de terminer sa phrase, et il baissa la tête en fermant un instant les yeux pour s'empêcher de craquer émotionnellement. La thérapeute se pencha légèrement vers lui, les mains croisées sur ses genoux.

_ Que s'est-il passé, John ?

L'ancien militaire garda les paupières fermées sur ses yeux irrités en essayant de contrôler ses émotions, avant de se forcer avec peine à relever la tête vers sa psy. Il s'éclaircit brièvement la gorge, referma à nouveau les yeux en respirant difficilement, cherchant au fond de lui la force nécessaire d'annoncer les mots qui lui brûlaient la gorge.

_ Sherl.. Il lâcha dans un souffle, sa voix se brisant.

Incapable de réussir à terminer sa phrase, il s'arrêta en levant son regard perdu vers le plafond, un sanglot résonnant au fond de sa gorge.

_ Il faut que vous le disiez. Déclara calmement Ella.

_ Mon meilleur ami.. Reprit John après un silence, des larmes ourlant ses yeux et une douleur sourde affluant dans sa poitrine. Sherlock Holmes.. Est mort.

Et il baissa à nouveau ses paupières sous la douleur violente que les mots insufflaient à son esprit anesthésié, les perles salées grossissant au bord de ses cils.

LA CHUTE DU REICHENBACH

Trois mois plus tôt. Dans une galerie d'art du centre de Londres, le directeur de l'établissement se tenait devant une grande peinture, en train de terminer son discours devant quelques journalistes présents.

_ Les Chutes du Reichenbach. Annonça l'homme avec un sourire ravi. Chef d'oeuvre de Turner, fort heureusement retrouvé grâce au prodigieux talent de Monsieur Sherlock Holmes.

Les personnes présentes applaudirent avec enthousiasme en même temps que le directeur, tandis que Sherlock, John et Agnes se tenaient les uns à côté des autres sans rien dire sur la petite estrade en observant les inconnus qui leur faisaient face, jusqu'à ce que le directeur ne s'avance vers le détective pour lui tendre un petit cadeau emballé dans un papier rouge.