CHAPITRE 28

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Marchant lentement au milieu des passants dans la rue de Baker Street pour rejoindre son appartement, Sherlock fixait un point invisible devant lui, l'esprit totalement embrouillé. Il se sentait prit de vertige. Il n'arrivait pas à faire le tri dans ses réflexions et dans ses émotions. Tout se mélangeait à une vitesse fulgurante sous sa boite crânienne, l'empêchant de savoir ce qu'il était censé éprouver à cet instant. Le bonheur se mêlait à la colère. La confusion à la fébrilité. La tristesse à l'impatience. Son esprit de déduction lui semblait s'être fait la malle, tout bonnement. En fait il ne s'était pas attendu à ce que la révélation de savoir Irène Adler en vie lui fasse autant d'effet.

Avec l'impression d'avancer au ralentit sans toucher le sol, le détective arriva devant la porte noire du 221B, levant la main vers la poignée avant de s'arrêter soudainement. Il revint rapidement au moment présent, et il fronça les sourcils en remarquant de grosses éraflures au niveau de la serrure.

L'entremêlement d'émotions qui avaient foudroyé son esprit s'effacèrent toutes d'un seul coup, ne laissant plus que la colère, et il crispa doucement la mâchoire avant de pousser le battant. Il pénétra dans le vestibule sans faire de bruit, ses prunelles glacées analysant l'espace. La porte de l'appartement de Madame Hudson entrouverte. Les produits d'entretient de la vieille femme posés au sol près des escaliers, comme si elle avait dû s'arrêter précipitamment dans son ménage.

Non. Pas Madame Hudson. Agnes. Il se rappela entendre la jeune femme proposer de nettoyer le vestibule pour que leur logeuse puisse prendre son train à temps.

Il tourna la tête vers les escaliers, notant rapidement des traces noires laissées par des semelles de chaussures sur la tapisserie du mur au niveau des marches, et de fines déchirures dans le tissu causées par des ongles, comprenant très vite que des hommes - au moins deux - avaient trainé la jeune femme de force jusqu'à l'étage.

Le sang du détective ne fit qu'un tour alors qu'il passait le bout de ses doigts contre une déchirure causée par la main de Agnes, et il leva ses iris glacés et emplit de fureur en direction du premier étage, grimpant les marches une à une en sentant son palpitant frapper brutalement sa cage thoracique.

Il arriva dans le salon en désordre d'un pas lent, découvrant Agnes ligotée sur une chaise dos à la cheminée, son visage aux traits fins affichant des traces de coups. Derrière elle se tenait l'américain vu chez Mademoiselle Adler, qui tenait la brunette en joue avec son revolver, le canon de son arme pointé sur la tempe de la jeune femme et son autre main posée sur l'épaule féminine.

Deux autres hommes en costume se tenaient également dans la pièce, l'un près du bureau et l'autre à droite de Agnes, tout deux gardant un visage impassible.

Agnes ne disait rien, ses pupilles sombres rivées devant elle et la mâchoire serrée, son corps fin tremblant sans qu'elle n'arrive à le contrôler. Ses yeux étaient rouges, signe évident qu'elle avait pleuré, et sa tempe droite la lançait atrocement, là où l'américain l'avait frappé avec la crosse de son revolver. Elle avait des vertiges, et devait puiser au fond d'elle même pour ne pas s'effondrer sur place.

Elle releva lentement la tête vers son colocataire qui avançait calmement dans la pièce en évaluant la situation d'un regard, un sentiment de soulagement s'insinuant doucement dans ses veines.

- Désolé Sherlock. Elle finit par dire de sa voix douce et éraillée à force d'avoir hurlé contre les deux gorilles qui l'avaient violemment trainé le long des escaliers.

- C'est la deuxième fois que vous vous en prenez à mon amie. Lança Sherlock d'une voix glaciale et menaçante, en relevant la tête vers l'américain.

- Il me semble que vous avez un objet que nous voulons, Monsieur Holmes. Expliqua simplement l'homme en costume, en regardant le détective s'approcher de sa colocataire.

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