La jeune femme était appuyée contre le comptoir situé au fond de la librairie quand le tintement argentin de la porte retentit, signifiant à la libraire qu'un nouveau client venait de pénétrer la petite boutique. Une femme ayant l'âge d'être sa grand-mère se mit a déambuler dans les rayons, les yeux brillants face aux étagères remplies de livres en tout genre. Clémentine la regardait du coin de l'œil tout en feignant de s'affairer derrière son ordinateur. Elle n'avait pas pour habitude de sauter sur les clients dès que ceux-ci passaient le pas de la porte, préférant les laisser se balader entre les rayons, s'imprégner de l'odeur des livres neufs... Parfois ils trouvaient tout de suite ce qu'ils étaient venu chercher, et d'autres fois ils venaient s'adresser à elle pour obtenir son aide après avoir fait leurs recherches dans les rayons. Finalement, peu importe ce que ces clients venaient faire dans son établissement, ils repartaient toujours avec un livre, minimum. La jeune librairie avait toujours un coup d'avance sur ses clients et devinait si précisément leurs besoins, à chaque fois, que les plus fidèles d'entre eux la surnommait « la magicienne ».
La librairie avait ouvert à peine un an auparavant, alors que Clémentine venait de terminer ses études spécialisées dans la gestion d'un commerce comme celui-ci. Elle savait depuis quelques années déjà qu'elle dirigerait cette boutique, qu'elle avait repéré depuis un long moment. En effet, elle s'y rendait quotidiennement alors qu'elle n'était encore qu'une enfant. À l'époque déjà elle s'y sentait comme chez elle, et quand celle qu'elle surnommait « Nanou » était décédée elle s'était jurée de reprendre le flambeau pour faire de cet endroit un espace des plus chaleureux afin que d'autres petites filles puissent ressentir ce qu'elle avait ressentie. À un bon mois du premier anniversaire de la boutique elle estimait que sa mission était plus ou moins accomplie. En effet, les enfants du quartier venaient chaque jours après les cours lui rendre une petite visite et apportaient encore plus de gaieté à l'endroit déjà chaleureux, mais elle n'avait pas encore trouvé celui ou celle qui serait aussi passionné qu'elle par cette merveilleuse librairie au point de vouloir la reprendre un jour comme ce fût son cas. Clémentine voulait dénicher la perle rare mais elle savait très bien que cela prendrait du temps, peut-être même que le futur gérant de la librairie n'était pas encore né. Après tout elle n'avait que vingt-cinq ans ainsi qu'un long et bel avenir devant elle avant qu'elle ne doive céder la librairie à quelqu'un d'autre. Mais elle ne pouvait s'empêcher d'être impatiente, elle avait hâte de sentir ce lien se créer entre eux, de lui expliquer ce qui allait se passer une fois qu'il ou elle reprendrait la boutique, de lui transmettre son héritage mais surtout ce fameux don, celui qu'elle avait reçue à l'aube de ces vingt-ans lors du décès de sa grand-mère de substitution, celui qui venait avec la boutique et qui lui valait le surnom de «magicienne ».
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Sixième Sens
General Fiction"La jeune libraire avait toujours un coup d'avance sur ses clients et devinait si précisément leurs besoins, à chaque fois, que les plus fidèles d'entre eux la surnommait « la magicienne ». "
