Chapitre XVII

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Affalée dans le canapé les jambes planquée sous un épais plaid et le haut du corps emmitouflé dans le sweat de son amoureux, Clémentine attendait que le jeune homme sorte de la salle de bain pour pouvoir lancer leur série de ce soir. Ils l'avaient commencé par hasard un midi alors qu'ils déjeunaient ensemble et étaient devenus totalement accro si bien que c'était devenu leur petit rituel. La jeune femme avait également préparé un saladier de pop-corn et deux chocolats chauds bien gourmands pour accompagnés leur soirée. Il ne manquait plus que l'invité principal qui commençait à se faire attendre.

Quand le brun finit par arriver, la libraire ne se fit pas prier pour aller se blottir tout contre lui, sa tasse de chocolat dans les mains. Jack, couché au pied du canapé leur lançait des petits regards de temps en temps comme pour s'assurer que sa maîtresse allait toujours bien avant de finir par s'endormir, fatigué par sa longue balade. Clémentine ferma les yeux quelques instants elle aussi pour savourer ce moment. La sensation était grisante. Elle se trouvait dans les bras du garçon qu'elle aimait depuis sa plus tendre enfance et se sentait enfin complète, sereine. Comme si sa présence ajoutait un plus à sa vie et qu'il ne lui manquait plus que ça pour être totalement comblée. Perdue dans cette introspection, elle se coupa totalement de la réalité pour se plonger dans ses souvenirs. Elle se revoyait dans l'ancienne boutique, qui semblait à la fois similaire et totalement différente de celle dans laquelle elle évoluait maintenant, aux côtés de Nanou qui renseignait les clients tandis qu'elle la regardait avec de grands yeux émerveillés. Deux mains posées sur ses yeux l'arrachèrent à cette contemplation et la petite-fille se retourna vers son meilleur-ami qui la serra tout contre lui, heureux de la revoir après un long week-end. La libraire leur jeta un regard plein de tendresse et les envoya dans la réserve pour qu'ils y dégustent leur goûter quotidien. Clémentine se vit ensuite dans le fond de la librairie à flâner au rayon jeunesse, elle ne devait pas avoir plus de huit ou neuf ans, toujours pendant que Katell s'occupait des clients. Elle avait pris l'habitude de se promener librement dans les rayons au fil du temps, mais celui du fond où se trouvaient tous un tas de livres plein de magie et d'autres créatures fantastiques était son préféré et elle y passait généralement tout son temps en attendant l'arrivée de Grégoire.

Ce dernier entra quelques minutes plus tard le visage baigné de larmes, les joues rouges de honte et d'un peu de colère, la petite-fille le regarda les yeux ronds. Depuis qu'ils se connaissaient elle ne l'avait jamais vu pleurer - et ce n'était plus jamais arrivé d'ailleurs - si bien qu'elle ne su pas comment réagir autrement qu'en le prenant dans ses bras. Heureusement pour eux Nanou leur tournait le dos et ils s'éclipsèrent dans la réserve sans avoir besoin de justifier les larmes du garçon. Clem s'installa sur sa chaise fétiche, tapota du plat de la main celle qui se trouvait à côté d'elle pour que son ami s'y installe et lui tendit un biscuit. Ils mangèrent en silence le temps que la colère du garçon s'estompe et que les larmes disparaissent.

-Tu veux me dire ce qui se passe ? Questionna la rousse

-Mes copains sont des gros nuls, répondit simplement le garçon en reniflant

-Ah.. c'est pas pratique ça, rétorqua la jeune fille. Et qu'est-ce qu'ils ont fait ?

-Ils se sont moqués de moi parce que je n'ai jamais embrassé de filles. Ils disent que je suis encore qu'un gamin et que j'ai plus ma place dans le groupe. Que je devrais retourner en primaire, déclara le brun alors que les larmes lui montaient à nouveau.

La rousse quitta son siège pour aller le serrer à nouveau contre elle, bien qu'il la dominât d'une bonne tête ce qui rendait la position assez inconfortable pour elle. Elle se recula ensuite pour le regarder avant de lui dire:

-J'ai une idée ! Lève toi, on va voir si tu n'es qu'un gamin qui n'a pas sa place au collège, déclara-t-elle d'un ton qui se voulait dur et pourtant empreint d'une certaine innocence.

Sixième SensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant