Chapitre V (4/6)

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Après une dernière étreinte ils s'affalèrent dans le canapé, Clémentine la tête posée sur les genoux de son cousin se remettait de ses émotions tandis que ce dernier lui caressait doucement les cheveux. Jack était toujours couché près d'eux, veillant sur sa maîtresse du mieux qu'il pouvait. Maxime, connaissant l'amour inconditionnel que vouait sa cousine à la série One Three Hill, lança le premier épisode avant se lever pour aller lui préparer une énorme tasse de chocolat chaud. La jeune femme, maintenant emmitouflée dans son plaid favori, ne cessait de penser à Grégoire à ce qu'impliquait - pour elle comme pour lui - la découverte de leur point commun si particulier. Son cousin avait raison, elle se doutait de quelque chose depuis un moment déjà mais elle n'avait jamais voulu s'avouer qu'elle n'était finalement pas la seule à posséder ces facultés si particulières. C'est sans aucun doute la démonstration de ses talents quelques jours plus tôt qui avait achevé de lui mettre la puce à l'oreille. Et puis cette phrase prononcée par sa cliente « C'est un magicien, comme vous ». Évidemment ça avait été dit sur le ton de l'humour, la femme avait aussi sans doute voulu lui faire un compliment, mais le fait est qu'elle avait raison. Il était comme elle.

Elle se surprit à espérer qu'il puisse effectivement faire quelque chose pour elle, cela impliquait qu'elle se dévoile totalement face à lui mais si c'était le prix à payer pour améliorer son confort de vie, elle le payerai. Et puis son cousin semblait lui faire confiance, sachant qu'il ne s'entourait que de personnes sur qui il pouvait compter la jeune femme supposait qu'elle pourrait lui faire confiance à son tour. Avant cela il faudrait sûrement clarifier deux ou trois choses et surtout trouver pourquoi ils étaient incapables d'avoir un quelconque contact physique sans qu'elle ne fasse un malaise et perde sa faculté à déchiffrer l'esprit des gens. Clémentine espérait vivement qu'il aurait les réponses à toutes ses questions. Elle fut tirée de ses pensées par le jeune homme qui avait terminé de lui préparer son chocolat et qui agitait maintenant la tasse fumante sous son nez. Quelle chance elle avait de s'entendre aussi bien avec lui. Il était le seul qui la connaissait vraiment par coeur, leur alchimie était visible à des kilomètres et faisait d'ailleurs beaucoup de jaloux, surtout du côté des conquêtes de Max qui supportaient difficilement de devoir le partager. Elle passait et passerait toujours avant tout pour lui, même après qu'il soit partit à l'autre bout du monde, et cela lui apportait toute la stabilité dont elle avait besoin pour continuer à évoluer tranquillement. Remerciant le beau brun par un large sourire et un énorme bisous sur sa joue mal rasée elle se cala à nouveau contre les coussins et savoura l'instant.

Ils ne reparlèrent pas tout de suite de Grégoire, trop occupés à suivre les aventures de leurs personnages favoris qu'ils ne se lassaient pas de redécouvrir encore et encore. Les deux jeunes gens restèrent tranquillement installés dans leur cocon le temps de deux épisodes, après quoi Jack décida qu'il était temps d'aller se balader. Il se leva d'un bond et regarda sa maîtresse en couinant l'air de dire « C'est bon on s'est assez reposés pour aujourd'hui il est l'heure de retourner se balader »  en ponctuant les dits couinements par des regards en direction de la porte d'entre. Amusée par son manège, Clémentine ne bougea pas tout de suite, si bien que son adorable labrador alla jusqu'à traîner sa laisse aux pieds des deux cousins qui rigolait bien devant son cirque. Ils finirent par se lever tous les deux, toujours en riant devant les bonds que faisait maintenant Jack, pour aller enfiler leurs chaussures ainsi qu'une grosse veste puisqu'il commençait à faire frais. Sur les coups de dix huit heures trente ils sortirent donc tous les trois - comme une vraie petite famille - pour aller parcourir les rues de la ville. Le froid glacial de ce début de soirée d'Octobre mordait les joues de la jeune libraire pour son plus grand plaisir. Elle se sentait enfin vivante et bsortait de la l'état comateux dans lequel elle était plongée depuis sa crise d'angoisse.

Après avoir fait un long tour en profitant de cette balade pour faire visiter l'avion à Maxime, Clémentine décida qu'ils allaient aller se chercher des desserts chez le boulanger du coin, fidèle client de la librairie. Au moment où ils entraient dans la boutique ils croisèrent Grégoire qui en sortait. Un frisson maintenant habituel lui parcouru l'échine et elle eût un mouvement de recul. Il fallait à tout prix éviter le contact physique. Tandis que Maxime et lui se seraient la main et échangeaient quelques banalités elle resta en retrait, espérant passer inaperçue. Manque de chance le jeune homme l'a bien repéré et après avoir discuté avec son cousin il se dirige maintenant vers elle avant de se pencher légèrement pour lui faire la bise. Instinctivement elle se recule, bafouillant qu'elle pense avoir attrapé un rhume la nuit précédente pour échapper à ce contact. Par dessus l'épaule du jeune homme - qui semble un peu déboussolé par son attitude - elle remarque Max qui la regarde d'un drôle d'air. Il va falloir qu'elle lui explique ce qu'il s'est passé entre eux pour qu'il comprenne un peu mieux la situation. Le pauvre a l'air totalement perdu et ne sait plus sur quel pieds danser entre Grégoire et la jeune femme.

-Je voudrais éviter de te transmettre mes microbes, ça serait idiot que tu tombes malade avant de commencer à travailler à la librairie !
Clémentine essaye d'adopter un ton léger et détaché face à son futur collègue
-Tu as raison ! À ce propos tu as besoin que je passe à la boutique dans les prochains jours pour la création du contrat je suppose ?
-Euh oui je vais avoir besoin de toi, mais pour le moment il faut d'abord que j'aille voir ma comptable. De toute manière je te rappelle avant la fin de la semaine pour prendre rendez-vous avec vous deux, ça sera plus pratique pour régler tous les détails.
-Et tu sais à peu près quand est ce que je commencerais à travailler ? Juste pour que j'ai une idée.
-Voyons voir... Je pense que je vais avoir besoin de toi pour Halloween c'est à dire en milieu de semaine prochaine. Comme c'est une grosse période et que je commence à tomber malade ça ne sera pas de refus de t'avoir avec moi. Il faut juste que ma comptable s'occupe rapidement du contrat pour que tu commences lundi. Ça te convient ?
-C'est parfait oui. On rentre en période de vacances scolaires en plus si je ne m'abuse il va y avoir du monde à la librairie à partir de la semaine prochaine c'est un super timming pour moi je vais pouvoir me mettre dans le bain rapidement.
-Exactement,et puis visiblement tu te débrouilles déjà très bien donc je ne m'inquiète pas pour ta formation.
-J'attends ton appel alors, bonne soirée à tous les deux.
-Bonne soirée mec, au plaisir de te recroiser dans les rayons de la boutique,lui lança Maxime avec un geste de la main tandis que Clémentine lui adressait un sourire poli et un « bonne soirée » discret.

Elle entra ensuite directement dans la boulangerie pour aller saluer son client avant de lui acheter une tarte au citron, un éclair à la violette, un crémeux chocolat/café, une tarte normande, deux muffins trois chocolats pour le déjeuner du lendemain et deux entremets vanille pomme, probablement le meilleur dessert proposé par Monsieur Pechon dans cette boulangerie. Son cousin attendait patiemment derrière elle qu'elle termine d'échanger quelques banalités avec l'homme qui avait des allures de papi gâteau. Ils sortirent ensuite de la boulangerie en silence et le jeune homme attendit qu'ils s'éloignent un peu pour finalement ouvrir la bouche.

-Tu peux m'expliquer ce qu'il se passe vraiment avec Grégoire ?!

Sixième SensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant