Les deux amies se dirigèrent vers le salon de Clémentine où régnait un joyeux bazar pour s'y asseoir et discuter.
-On ne pensait pas du tout à mal en se rejoignant sans toi bien au contraire.
-Tu avoueras que quand on ne sait pas ce qui se passe dans vos têtes c'est un peu difficile à comprendre.
-Bien sur, c'est pour ça que je vais tout t'expliquer laisse moi le temps de le faire tranquillement. En fait on a remarqué que depuis le retour de notre week-end à la mer tu n'allais pas très très bien. Tu as perdu beaucoup de poids, tu as l'air moins joviale, moins joyeuse même si tu essayes de montrer le contraire et avec les filles on essayait juste de trouver une solution pour te soulager du poids qui semble te peser sur les épaules. On a essayé de comprendre ce qui pouvait bien se passer. C'était pas joyeux franchement on se sent tellement démunies tu ne sais pas à quel point. Et puis on a eut l'idée de t'organiser une fête surprise.
A ces mots Clémentine se redresse et ses yeux se remplissent de larmes. Justine pose la main sur son bras pour lui faire signe de ne rien dire avant de continuer son récit.
-Tu le sais mieux que nous l'anniversaire de l'ouverture de la librairie arrive à grand pas et tu sais aussi que tu ne seras pas en état d'organiser quelque chose. Ou en tout cas tu n'y arriveras pas seule. Je ne dis pas ça pour te rabaisser mais pour te faire comprendre que tu as besoin d'aide et qu'on est là pour te l'apporter. Mais il faut aussi que tu nous parles.
De grosses larmes roulent maintenant le long des joues de la jeune librairie.
-Donc comme je le disais, on a commencé à t'organiser une petite surprise pour fêter ce grand événement. Mais je ne g'en dirais pas plus parce que ça doit rester une surprise pour toi, même si maintenant tu sais que quelque chose se prépare. Et les filles m'ont demandés de ne pas te répondre parce qu'elles savent très bien que je pouvais cracher le morceau à tout moment, tu me connais.
-Je suis désolée...
-Arrête donc de t'excuser, tu ne pouvais pas savoir. Et on ne pouvait pas non plus prévoir que tu réagirais comme ça... Il faut vraiment que ça n'aille pas pour que tu pètes les plombs de cette manière Clémentine... Tu sais que tu peux tout me dire pourtant.
-Y a pas grand chose à dire je suis... je suis juste crevée. Je vais mettre une annonce pour trouver un nouveau librairie pour m'aider. Ça fait des mois que vous me le dites, je vais finalement écouter vos conseils.
-Amen ! C'est pas trop tôt. Aller viens la, et arrête de pleurer sinon je vais verser ma larme moi aussi.Les deux jeunes femmes restèrent un long moment dans les bras l'une de l'autre, à discuter de tout et de rien jusqu'à ce qu'elles décident d'appeler les filles pour organiser une petite sortie au Quartier Général. Rien de très extravagant puisqu'elles iraient toutes travailler le lendemain mais elles avaient besoin de se retrouver autour d'un verre et d'une bonne pizza. Clotilde et Emma rejoignirent Justine chez leur amie où elles se préparèrent un minimum tout en discutant. Et quand vint le moment de partir elles réalisèrent qu'elles n'avaient pas plus envie que ça de se retrouver dans une brasserie pleine de monde et décidèrent de rester à l'appartement. Elles commandèrent des pizzas et les dégustèrent avec un peu de vin tout en riant aux blagues idiotes de Clotilde. Clémentine les rassura quant à son état de santé et leur promis de se reprendre. Elle savait bien que ça ne serait pas facile sans son don, mais elles avaient les meilleures amies du monde à ses côtés pour l'aider.
À minuit et demi l'appartement était totalement rangé grâce à l'aide des filles et Clémentine était prête à aller dormir. Elles s'embrassèrent une dernière fois pour se dire au revoir et promirent de se retrouver rapidement pour leur traditionnel rendez-vous au QG. La nuit de Clémentine fut bien plus sereine que les précédentes maintenant qu'elle savait de quoi il retournait. En y repensant elle avait fait de ce malentendu un énorme drame qui n'avait pas lieu d'être. Il valait mieux en rire qu'en pleurer, surtout maintenant que tout s'était arrangé. Le lundi matin elle se réveilla avec les rayons du soleil qui filtraient par sa fenêtre. Rien ne la rendait plus heureuse que ce genre de réveil et elle se leva donc toute guillerette, prête à affronter cette nouvelle journée. La librairie ne devait ouvrir qu'en début d'après midi mais elle décida d'y aller plus tôt pour s'occuper tranquillement des réceptions du week-end qu'elle n'avait pas pu effectuer. Clémentine rangea aussi sa boutique, elle aimait renouveler la disposition des étagères à chaque début de saison. Cela amenait un vent de fraîcheur à la librairie et renouvelait l'énergie positive qui y circulait. Du moins elle essayait d'y mettre le plus de bonnes ondes possible pour palier à la négativité qui l'avait envahie ces dernières semaines. La jeune libraire se remit petit à petit au travail, non sans difficultés comme c'était le cas depuis un mois mais ses clients réussissaient à la faire se sentir mieux grâce à leurs petites attentions. Chaque matins elle se levait en espérant que son Sixième Sens serait revenu comme par magie dans la nuit, en vain. Mais petit à petit elle finissait par se résigner et elle s'habituait même à vivre sans aussi bizarre que ça puisse sembler.
La semaine qui s'écoula après la pause qu'elle avait prit le week-end précédent fut donc des plus étranges. En dehors de la résignation qu'elle commençait à ressentir face à la situation, elle s'était rapprochée de ses amies qui se montraient plus que bienveillantes envers elle. Clémentine se sentait comme une petite chose fragile dont il fallait prendre soin pour la première fois de sa vie, ou presque. Elle qui était toujours là « maman » du groupe, celle qui portait toujours le plus d'attention à ses amies se retrouvait maintenant dans la situation inverse et elle devait avouer que c'était plaisant. Elle se confiait plus librement à elles et leur avait même avoué s'être sentie suivie depuis le début de la semaine. En effet matins et soirs elle avait l'impression d'être épiée dès qu'elle mettait le pied dehors, au début elle avait mit cela sur le compte de ses tendances paranoïaques mais les frissons qui lui parcouraient l'échine chaque soirs ne la trompaient pas.
Le samedi soir, alors qu'elle était en proie à une énième crise d'angoisse après avoir perdu ses moyens face à un client, Clémentine rentra chez elle la mort dans l'âme. Elle se sentait toujours suivie mais ne trouvait aucun moyen pour remédier à la situation. L'automne s'installait petit à petit en ville et le jour tombait de plus en plus tôt si bien que quand il était l'heure pour elle de quitter la librairie, il faisait déjà bien sombre et elle n'était jamais très rassurée de rentrée seule à pieds. La jeune femme sentie ses poils se hérisser plus fortement que d'habitude au détour d'une rue et ne pu s'empêcher d'accélérer le pas. Elle qui était déjà à bout de souffle commençait vraiment à avoir du mal à respirer convenablement et quand elle arriva dans le hall de son immeuble elle dû s'arrêter un instant pour calmer les battements de son cœur. Mais elle eût beau s'accroupir un instant pour reprendre ses esprits, sa tête continuait de tourner et elle s'étonnait même d'avoir réussi à arriver jusque la sans encombre. Bien que rassurée d'être dans son hall d'entrée, saine et sauve, elle sentait toujours ce petit fourmillement au creux de son estomac qui, elle le savait, ne la laisserait pas tranquille avant qu'elle ne soit enfermée à double tour dans son petit appartement. Elle se redressa donc, un peu trop vite, et appuya sur le bouton pour appeler l'ascenseur. Ce n'est que quand celui-ci s'ouvrit qu'elle aperçut derrière elle dans le reflet du miroir, une imposante silhouette encapuchonnée qui pénétrait l'immeuble. Son sang ne fit qu'un tour et elle n'eût pas le temps de faire un pas qu'elle sentit ses jambes se dérober sous elle. Ses yeux se fermèrent au moment où l'inconnu glissait alors son bras derrière son dos pour la rattraper avant que sa tête ne puisse heurter le sol.
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Sixième Sens
Художественная проза"La jeune libraire avait toujours un coup d'avance sur ses clients et devinait si précisément leurs besoins, à chaque fois, que les plus fidèles d'entre eux la surnommait « la magicienne ». "