Cette vision lui assena le coup de grâce et elle ne pu s'empêcher d'éclater en sanglot en plein milieu de la rue sous les regards perplexes des passants. Clémentine se hâta de rentrer à son appartement où elle laissa libre cours aux sentiments qui déferlaient en elle. C'était comme si son corps était en proie à une tempête interne. Elle ne parvenait pas à arrêter ses pleurs qui se transformaient en gros sanglots, l'empêchant de reprendre son souffle. Le rythme cardiaque de la jeune femme ne faiblissait pas, bien au contraire, et sa tête menaçait d'exploser. Clémentine était totalement dépassée par la situation, tout comme Jack qui la regardait d'un air inquiet sans rien pouvoir faire d'autre que de poser sa grosse patte sur son bras pour lui indiquer sa présence auprès d'elle. La jeune femme était totalement effondrée si bien qu'elle s'était directement affalée et repliée sur elle même dans son entrée, juste après avoir passé la porte. Ses jambes ne la portait plus, tout son corps n'était que souffrance et l'état de son cœur était bien pire encore. C'était comme si on le lui avait arraché une seconde fois – la première avait eu lieu quelques années auparavant – pour le réduire en poussière à la façon de la méchante reine dans Once Upon A Time. Oui, c'était exactement ce qu'elle ressentait à cet instant précis. La douleur était telle qu'elle manqua d'ailleurs de tomber dans les pommes en essayant de se relever. Le flot de larmes finit par s'arrêter après une longue crise de panique qui lui retira le peu de forces qu'il lui restait.
Elle décida de manger le burger qu'elle venait de s'offrir bien que sa faim aie été coupée subitement. Il fallait qu'elle s'alimente pour reprendre un peu de force et retrouver un chouilla d'énergie afin de se traîner jusqu'à sa salle de bain. Elle ne parvînt à avaler que quelques bouchées de ce repas qu'elle dévorait avec appétit ordinairement. Clémentine donna le reste de son repas à son chien qui se fit un plaisir de le dévorer. En s'appuyant contre le mur elle se releva doucement et prit le temps de ranger ses courses avant de se diriger dans la salle de bain. La jeune femme retira ses vêtements et prit le temps de se regarder dans la glace. C'est quelque chose qu'elle évitait généralement de faire et encore depuis qu'elle était rentrée de leur week-end entre filles. Clémentine peina à se reconnaître quand elle croisa son reflet. Elle qui était joliment formée ne semblait plus être que l'ombre d'elle même. Elle n'avait jamais été très mince, ni très épaisse non plus mais elle avait toujours eu de très belles formes. Des formes qui avaient pratiquement disparues tant elle avait perdu du poids. Ses crises d'angoisse et son anxiété chronique lui coupaient souvent l'appétit et depuis quelques semaines c'était pire que d'habitude. Elle avait aussi perdu ses jolies pommettes qui plaisait tant à ses proches. Même ses yeux avaient perdu leur éclat habituel. Il ne restait plus de la magnifique jeune femme qu'elle etait qu'un regard triste et un corps amaigrit. Les larmes lui montèrent aux yeux devant la vision fantomatique qu'elle offrait d'elle au monde. Clémentine détourna rapidement le regard et décida de prendre une longue douche chaude pour tenter de se changer les idées. Mais elle n'arrivait pas à chasser l'image de ses meilleures amies qui s'amusaient sans elle. Enfin non, ça ne lui posait pas de problèmes qu'elles sortent sans qu'elle soit là, à condition que ça ne se fasse pas dans son dos. Mais ce n'était pas ce qui lui avait fait le plus mal, non ce qui l'avait achevé c'était que Clotilde et Emma demandent à Justine de ne pas décrocher son téléphone quand elle l'avait appelé. A ce souvenir sa gorge se serra à nouveau très fort, mais aucune larme ne coula. Elle devait sans doute avoir épuisé tout son stock.
Après s'être un poil détendue sois l'eau chaude elle se dirigea vers sa chambre pour y enfiler un pyjama tout doux dans lequel elle se sentait à l'aise et en sécurité. Il fallait réellement qu'elle ne soit pas dans son assiette car d'ordinaire elle n'aimait pas s'encombrer de vêtements pour dormir. Mais ce soir le sommeil ne venait bien pas qu'elle soit épuisée et elle décida de s'installer dans son bureau pour y continuer l'écriture de son roman. Se plonger dans un univers où tout semblait bien aller l'aiderait peut-être à apaiser son cœur meurtri. La jeune femme enclencha sa playlist spéciale écriture en fond sonore et saisit son carnet. Elle faisait partie de ces gens qui préférait d'abord tout coucher sur le papier avant de tout mettre sur un ordinateur. Depuis sa plus tendre enfance elle s'amusait à créer des histoires, des personnages souvent haut en couleurs pour s'évader. Et puis il y a quelques années, après avoir retrouvé un vieux carnet plein d'histoires tarabiscotés, elle s'était sérieusement remise à l'écriture et adorait noircir les pages de ces innombrables cahiers. Occultant tous les bruits extérieurs elle se plongea dans l'univers qu'elle était en train de créer de toute pièce. Bizarrement elle fut saisie d'une inspiration monstre. Paraît-il que les plus grands auteurs écrivaient mieux quand ils étaient déprimés, peut-être était elle en train de créer son plus beau chef d'oeuvre ! Quoi qu'il en soit quand elle releva finalement la tête, l'horloge murale indiquait deux heures et demi du matin. Elle n'était toujours pas fatiguée mais avait épuisé toute ses idées. La jeune femme regarda alors Jack qui dormait paisiblement à ses pieds et décida d'aller s'installer dans le canapé exagérément confortable du salon avec l'espoir d'y trouver le sommeil. Elle traîna donc sa maigre carcasse dans la pièce d'à côté, prit le thriller qu'elle lisait en ce moment et s'installa à sa place favorite, près de la fenêtre qu'elle ouvrit légèrement.
Dehors la pluie tombait à verse et un courant d'air frais s'engouffra dans la pièce pour son plus grand plaisir. L'automne s'installait doucement mais sûrement et elle s'en réjouissait. Couverte par un plaid douillet elle lu une bonne dizaine de chapitres avant de finalement sombrer dans les bras de Morphée vers six heures. Évidemment son réveil sonna comme à son habitude deux heures plus tard et la tira du profond sommeil qui l'avait gagné. Son réveil se fit dans la douleur. Elle avait l'impression qu'une bar lui traversait le crâne. Il lui semblait même entendre son sang battre dans ses tempes. La jeune femme passa une main sur son visage pour tenter de se réveiller mais elle ne parvenait pas à sortir de l'état comateux dans lequel elle était. D'une voix pâteuse elle appela Jack qui accourut aussitôt près d'elle. Les deux amis se regardèrent, sachant très bien l'un comme l'autre que Clémentine n'irait pas travailler ce matin, ni même cet après midi. Le chien souffla longuement et se coucha au pied du canapé tandis que sa maîtresse s'emparait de son téléphone pour prévenir son amie et voisine de commerce qu'elle ne viendrait pas travailler aujourd'hui, ni demain.
-Tu peux mettre une affiche sur la porte ? Du genre « pour des raisons personnelles la librairie ne pourra pas vous accueillir avant le début de semaine prochaine »
-Aucun problème je m'en occupe avant l'ouverture de la boutique, mais tu es sûre que ça va Clem ? Même avec 40 de fièvre tu es du genre à ouvrir la librairie quand même. Tu ne dois vraiment pas être bien pour fermer pendant deux jours.
-Ce n'est rien, j'ai besoin de repos mon corps m'a fait comprendre qu'il était à bout tout simplement. Je vais prendre ce petit week-end pour moi et je reviendrais en super forme lundi après midi.
-Ah je t'avais prévenu que tu en faisais trop et que ton corps finirai par te le faire payer. Bon, prend soin de toi surtout d'accord ? Repose toi ma belle et ne t'en fais pas pour la librairie et les livraisons je m'occupe de tout.
-Merci mille fois, t'es la meilleure. »
La jeune femme raccrocha avant de se diriger vers sa chambre, Jack sur ses talons. Elle s'écroula sur son lit afin de terminer sa courte nuit tandis que son adorable compagnon se couchait près d'elle.
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Sixième Sens
Fiksi Umum"La jeune libraire avait toujours un coup d'avance sur ses clients et devinait si précisément leurs besoins, à chaque fois, que les plus fidèles d'entre eux la surnommait « la magicienne ». "