Clémentine s'évanouit dans les bras de Maxime après avoir lutté comme une vraie guerrière au moment où ce dernier l'aidait à entrer dans l'ascenseur. Les dernières pensées de la jeune femme furent d'ailleurs qu'elle avait résisté plus longtemps qu'elle ne l'aurait cru. Après ça, le jeune homme la prit dans ses bras pour l'emmener jusque dans sa chambre en priant pour ne croiser personne dans le couloir lorsque les portes de la cabine s'ouvrirent. Par chance à une heure pareille la majorité des habitants du petit immeuble était au travail et il n'eût pas à se justifier en bafouillant comme un adolescent de quinze ans sur le pourquoi du comment il portait une jeune femme évanouie dans ses bras. Une fois arrivé à destination il l'a coucha dans son lit avec tout les précautions du monde même s'il savait très bien qu'un quelconque mouvement trop brusque ne risquait pas de la réveiller. Le corps de sa cousine semblable à celui d'une vulgaire poupée de chiffon lui fichait le jetons et une partie de lui n'avait aucune envie de rester dans la même pièce qu'elle. Il savait très bien qu'elle était simplement "endormie" pour une durée indéterminée et le soulèvement régulier de sa poitrine, bien que presque imperceptible, lui assurait qu'elle était toujours bien vivante mais la vision de la rousse aussi pâle que la mort couchée sur son lit lui donnait des frissons. Le jeune homme prit quand même le temps de lui ôter son manteau -une tâche loin d'être simple d'ailleurs- et ses chaussures avant de la couvrir d'un plaid. Ses vêtements suffiraient surement à lui tenir chaud si bien qu'il n'osa pas la mettre sous une couette épaisse de peur de trop faire augmenter la température de son corps. Maxime qui se sentait totalement dépassé et ne savait pas quoi faire de plus pour sa cousine quitta la chambre à contre-coeur pour aller s'occuper de Jack qui geignait à la mort dans le salon où il l'avait enfermé en arrivant.
Pendant un instant il avait songé à l'emmener à l'hôpital au lieu de la reconduire à l'appartement où personne ne pourrait rien faire pour elle mais Clémentine l'en avait dissuadé rapidement, arguant que même à l'hôpital on ne pourrait rien faire pour elle puisque personne ne saurait quel mal la frappait. Il fallait simplement laisser faire le temps, quelques heures devraient suffire, pour qu'elle retrouve ses esprits comme si de rien n'était -ou presque- par la suite. C'est ce qui était arrivé les deux fois précédentes, elle ne voyait pas pourquoi la troisième serait différente. Un court instant l'idée de lui glisser sa bague au doigt effleura l'esprit du brun. Après tout cela pourrait peut-être l'aider à retrouver ses esprits plus vite et surtout sans trop d'effets secondaires mais dans le doute il ne préféra pas tenter le coup, risquant d'un autre côté de lui faire encore plus de mal. Submergé par un sentiment d'impuissance il s'avachit dans le canapé la tête entre ses mains avant de lâcher un soupir à fendre le coeur. Maxime tenta de passer en revue les différentes possibilités qui s'offraient à lui dans l'optique d'aider sa cousine mais cette situation était un vrai casse-tête humain et au bout d'un moment à faire les cent pas dans le salon il dû se résoudre à voir la vérité en face. Il n'y avait tout bonnement pas de solution et il allait devoir patienter que la belle au bois dormant ne daigne se réveiller.
Il s'arrêta finalement devant la table de la salle à manger où trônait fièrement le vieux clavier de Clémentine, encore décoré de tous les stickers qu'ils s'étaient amusés à coller dessus à l'époque lors de leurs longues sessions musicales du dimanche. Il laissa ses doigts se balader le long de l'instrument au moment où un tas de souvenirs lui revenaient en tête par flash. Sa cousine qui découvrait les joies du piano, sa cousine qui s'offrait son premier clavier qu'elle emportait absolument partout avec elle dés qu'elle en avait l'occasion, le visage de sa cousine quand ses parents lui avaient offert la crème de la crème des claviers au moment où elle avait emménagé dans son appartement pour les études. Il se rappelait de ses cris de joies mêlés de larmes comme si c'était hier. À partir du jour où elle avait appris à jouer du piano, Clémentine n'avait plus jamais arrêté. Pas une seule journée ne passait sans qu'elle ne pratique pendant au moins une heure. Sans parler des jours où elle restait enfermée dans sa chambre pendant des heures parce qu'elle composait une chanson. De temps en temps Maxime avait le droit de la déranger, et il leur était même arrivés de composer ensemble. Elle au clavier, lui à la guitare. Le mélange était un peu bancal mais ça sonnait plutôt bien. Et puis il avait laissé tomber la guitare au moment de sa descente aux enfers après la mort d'Amalia, en même temps que les morceaux qu'il avait composé pour elle. Quelques années plus tard ça avait été au tour de Clémentine d'abandonner sa plus grande passion -elle passait peut-être même avant son amour pour les livres et la librairie - suite à ce qui restait à ce jour la plus grosse déception amoureuse de sa vie. Et voilà qu'aujourd'hui ce clavier qu'il pensait perdu à jamais, et sur lequel il avait appris à jouer les bases du solfèges, était là devant lui. C'était le signe que Clémentine avait définitivement tourné la page et qu'elle était prête à commencer une nouvelle partie de sa vie. Décidément, beaucoup de changements semblaient avoir lieu ces derniers temps pour les Villey.
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Sixième Sens
Художественная проза"La jeune libraire avait toujours un coup d'avance sur ses clients et devinait si précisément leurs besoins, à chaque fois, que les plus fidèles d'entre eux la surnommait « la magicienne ». "