Chapitre VIII (7/7)

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Les deux libraires reçurent tout au long de la journée une pluie de compliments pour leurs déguisements « vraiment réalistes » d'après certains clients, ce qui fit réellement plaisir à Clémentine qui avait quand même passé un long moment à préparer sa tenue et à s'entraîner pour réaliser son maquillage. Grégoire quant à lui expliquait à quiconque le félicitait pour son allure et son teint blafard que c'était sa patronne qu'il fallait encenser puisque c'est elle qui avait fait le plus gros du travail, ce qui ne manquait pas de faire rougir cette dernière.

Les plus impressionnés furent sans doute les enfants, qui se bousculèrent toute l'après-midi dans la librairie à la recherche de bonbons et autres confiseries diverses et variées que Clémentine s'était procurées la veille. Il y eut d'ailleurs tellement de petits garnements à un moment donné que, pour canaliser tout le monde, le jeune libraire décida d'organiser une session lecture, pendant que Clémentine s'occupait des clients plus âgés. Une fois qu'elle eût satisfait les demandes de chacun d'entre eux elle s'installa derrière sa caisse et observa de loin Grégoire évoluer au milieu des enfants. Sans qu'elle ne s'explique pourquoi cette vision provoqua en elle un sentiment étrange, indescriptible qui fit monter en elle une douce chaleur tandis qu'un sourire naissait sur son visage. Elle n'aurait jamais pensé être aussi contente de voir le jeune homme au milieu d'enfants vraiment attentifs à l'histoire qu'il leur racontait. Grâce au ton qu'il mettait à sa lecture il était parvenu à les captiver en un rien de temps et semblait lui aussi adorer la situation dans laquelle il se trouvait. Alors qu'il concluait son récit, il releva la tête et son regard rencontra celui de la jeune femme qui ne pouvait s'empêcher de l'observer depuis quelques minutes. Cette dernière sentit le rouge lui monter aux joues tandis qu'il lui souriait timidement et détourna les yeux pour ne pas avoir à affronter son regard plus longtemps.

L'atelier lecture prit fin sous les applaudissements des enfants qui, bien que déçus de ne pas avoir droit à une seconde histoire, repartirent très heureux de leur passage à la librairie. Quant à Clémentine elle félicita chaudement son collègue pour l'initiative qu'il avait prit et qui lui avait vraiment sauvé la mise alors qu'elle ne savait plus où donner de la tête.
-C'est normal, j'ai vu que tu commençais à te retrouver un peu débordée et comme j'avais terminé de conseiller mes clients j'ai décidé d'improviser. J'avoue que j'ai un peu eu peur que tu n'apprécies pas que je prenne les devants mais sur le coup ça m'a semblé être une bonne idée.
-Mais enfin pourquoi voulais-tu que je n'aime pas ton initiative ? C'était vraiment bien trouvé. Pour tout te dire l'idée m'était déjà passé par la tête mais je trouve d'abord que je suis une mauvaise conteuse et surtout que c'est assez difficile à mettre en place quand on est seule aux commandes. Mais puisque tu es là maintenant et qu'il se trouve en plus de ça que tu es doué avec les enfants pourquoi ne pas reproduire cela quelques après-midi par mois.
-Eh bien parce que je viens juste d'arriver et je prends déjà des initiatives alors que ma formation n'est même pas terminée.
-Ce n'est pas parce que la librairie m'appartient que tu ne peux pas prendre de décisions la concernant, alors oui forcément quand il s'agit de mettre en place de nouvelles choses je préfère qu'on en discute mais en dehors de ça je ne suis pas une de ces patronnes, d'ailleurs je n'aime même pas ce terme, qui ne laissent aucune liberté à leurs employés et n'écoutent pas ce qu'ils ont à dire. Sens toi libre de prendre tes aises ici Grégoire, franchement.
-D'accord, c'est noté, répond le jeune homme en souriant à sa responsable laissant apparaître ses canines pointues.
-D'ailleurs il faudrait que tu m'expliques comment tu as pu leur lire ce livre avec tes fausses dents, ça ne te gêne pas ?
-Eh bien non comme tu peux le voir, mais en vérité je n'ai aucun mérite je me suis juste entraîné pendant des jours pour prendre l'habitude de parler avec ces prothèses.
-Tu prends ton rôle de vampire vraiment au sérieux à ce que je vois, répondit Clémentine en riant, attention quand même à revenir à la normal demain
-Ne t'inquiète pas je ne suis pas comme ces acteurs qui n'arrivent pas à quitter leurs personnages après un tournage !
-Tu m'en vois ravie ! Je ne voudrais pas que tu commences à avoir des envies de sangs ou autres bizarreries.

Sixième SensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant