Jetant un coup d'œil à l'extérieur de la boutique ouverte depuis plus d'une heure Clémentine se rendit compte qu'aucun commerce ne semblait être encore ouvert.
-C'est bizarre quand même, il est dix heures et demi passée et aucun commerçant n'a ouvert ce matin. D'ailleurs on a vu personne non plus... lança-t-elle à son collègue qui travaillait dans le fond
-En même temps c'est assez rare que les commerces ouvrent un premier novembre donc ça ne m'étonne pas plus que ça. Je pense qu'on ne va pas voir grand monde aujourd'hui.
-Comment ça le premier nov-
La jeune femme s'interrompit, horrifiée, en se rendant compte de sa bêtise.
-Oh punaise mais on est le premier novembre ! C'est un jour férié on n'aurait jamais du ouvrir ! Pourquoi tu ne m'as rien dit toi ? Paniqua-t-elle subitement, on devrait être tranquillement dans nos lits respectifs au lieu de travailler. Merde merde merde.
-Bah... Je pensais que tu le savais moi, mais que tu avais quand même décidé d'ouvrir et je me voyais mal remettre en cause tes décisions.
-Arrête tout de suite ce que tu es en train de faire. On ferme. Je n'aurais jamais du ouvrir aujourd'hui c'est totalement con, il n'y a absolument personne en ville. Ça m'était totalement sortit de la tête. Quelle idiote je fais.
-Eh mais ça arrive à tout le monde, répond le jeune homme en s'avançant vers elle, ce n'est pas grave ça nous aura permis de défaire les décorations et j'ai même terminé les retours de nos livres d'Halloween.
-Je n'oublierais pas de le compter sur ta fiche de paie Grégoire. J'ai l'impression d'avoir abusé de toi. J'aurais du savoir que c'était un jour férié. Tout le monde le sait. Je me sens nulle.
-Bon maintenant tu arrêtes tes bêtises Clem. Une erreur ça arrive à tout le monde. Il n'est que dix heures et demi ce n'est pas grand chose. On va fermer tranquillement et voilà.Il joignit le geste à la parole en baissant la grille tandis que la jeune femme rangeait ses affaires, toujours embarrassée d'avoir oublié que la journée était fériée. Songeant à une façon de se faire pardonner elle termina de fermer la boutique en silence jusqu'à ce qu'ils se retrouvent dans la réserve quelques minutes plus tard. Alors que la jeune femme écrivait un message paniqué à son cousin, l'incendiant au passage pour le sms envoyé à Grégoire, le libraire se posta derrière elle en posant ses deux mains sur ses épaules tendues afin de lui prodiguer un petit massage. Clémentine se raidit d'abord, craignant cette soudaine proximité physique, avant de finalement décider de se laisser aller entre les mains expertes de son collègue. Un massage ne lui ferait pas de mal. Étonnamment elle parvint à se détendre en quelques minutes même si son coeur battait toujours à tout rompre. Le grand brun continua pourtant son massage encore un moment tandis qu'elle se laissait de plus en plus aller. Sa position lui permettait de respirer le parfum du jeune homme à sa guise et elle devait avouer que c'était loin d'être déplaisant, d'autant plus que ce dernier la dépassait d'une bonne tête et lui prodiguait un sentiment de sécurité totale. Laissant son esprit divaguer tandis qu'il continuait de lui masser les épaules en lui répétant à voie basse de se détendre et que tout allait bien, elle se surprit à avoir envie de se blottir dans ses bras et d'y rester des heures durant...
Revenant soudain à la réalité elle se détacha du jeune homme en le remerciant rapidement. Son visage était en feu elle pouvait très clairement le sentir, et il y avait de quoi. Elle avait laissé son cerveau s'aventurer sur un terrain dangereux et elle le regrettait amèrement. Il était son collègue, tout au plus son ami et elle se devait de garder un certain professionnalisme envers lui. Pourtant chaque fois qu'il s'approchait d'elle, toute sa volonté volait en éclat et elle ne voulait qu'une chose: passer du temps avec lui, découvrir sa vie, ses passes-temps, ses goûts... Secouant la tête elle tenta de se reprendre et se jura de ne plus laisser son coeur se mêler de leur relation. La sonnerie de son téléphone lui offrit un distraction tandis que Grégoire semblait la regarder bizarrement. Elle plongea le nez sur son téléphone pour y lire le message de Maxime qui ignorait royalement ses reproches et proposait d'inviter le jeune homme à passer la journée avec eux. « Maintenant qu'il est en ville autant qu'il ne soit pas venu pour rien » écrivait-il. Pour toute réponse la jeune femme lui envoya un pouce en l'air et releva la tête pour regarder son collègue qui enfilait son blouson. Si Max était là elle ne craquerait pas, encore moins en sachant ce qui l'attendait si elle montrait le moindre signe de faiblesse. C'était donc sans grand danger qu'elle accepta la demande de son cousin.
-Maxime propose que tu passes la journée avec nous, ça te tente ? Enfin tu as peut-être mieux à faire, ajouta rapidement la jeune femme les joues en feu
-Ne soit pas bête, j'avais prévu de passer la journée au boulot donc je n'ai absolument rien de prévu ou de mieux à faire que de passer la journée avec toi et Max. J'adorerais passer un moment avec vous. Il faut juste que je passe chercher ma moto sur le parking de la mairie, dit-il en désignant son casque d'un signe de tête
-Ca marche, tu la mettras dans le cour de l'immeuble
-D'ailleurs on a besoin d'aller acheter quelque chose pour le déjeuner ? Ou pour le dessert peut-être ?
-Ne t'en fais pas, Maxime s'occupe de tout et puis il nous reste des viennoiseries encore. Bon aller, en route j'ai hâte de retrouver mon canapé.Grégoire riait doucement tandis qu'elle attrapait ses clés avant de sortir du bâtiment, le brun sur ses talons. Ils se dirigèrent en silence vers le parking où les attendait l'imposante moto du jeune homme. Clémentine ne pu retenir un sifflement admiratif à sa vue. Elle n'avait jamais été trop fan des motos ou autres engins à moteur en dehors de sa voiture mais son ex petit-ami l'avait traîné à tellement de rassemblements de motards - une communauté dont il faisait partie - qu'elle savait reconnaître une belle moto quand elle en voyait une. Son collègue la gratifia d'un grand sourire quand il se rendit compte qu'elle portait de l'intérêt à son petit bijou, comme. Il aimait à l'appeler.
-Elle est bien hein ?
-Je ne te le fais pas dire. Ça doit être une sensation super grisante d'aller se balader avec une beauté pareille sur des routes de campagnes désertes. Elle a l'air puissante.
-Tu t'y connais un peu ? Demanda-t-il intrigué
-Oh non, j'ai quelques notions de base mais rien de plus, répondit la jeune femme gênée
-C'est déjà très bien, si tu veux je pourrais t'aider à étoffer tout ça un de ces quatre.Grégoire serra les dents après avoir prononcé ces mots. La chose lui avait un peu échappé et il avait peur d'avoir dépassé les bornes. Mais après tout, pourquoi pas ? Discuter de motos ne les engageait à rien et il comptait bien retrouver la relation qu'ils avaient lorsqu'ils étaient plus jeunes, alors autant commencer quelque part. Qui sait à quoi cela pouvait les mener... Son coeur battait à toute vitesse alors que Clémentine continuait de contempler sa moto, sans rien dire.
-Pourquoi pas, lacha-t-elle après ce qui lui sembla être une éternité, ça peut être bien oui.
-Super, en échange tu pourras aussi m'apprendre un tas de choses sur le sujet de ton choix.
-Marché conclu ! Rentrons maintenant si tu veux bien, je trouve qu'il ne fait pas très chaud et je voudrais éviter de tomber malade. Je suppose que tu ne vas pas marcher à côté de ta moto jusque chez moi donc je vais t'indiquer le chemin et on se rejoint là bas.
-Je t'aurais bien dit de monter avec moi mais tu n'es pas équipé et je ne veux pas prendre de risques inutiles
-Tu as raison oui, répondit-elle en le regardant monter sur l'engin tandis qu'elle se mordait les lèvres pour s'empêcher de sourire comme une idiote. Il était vraiment à tomber aujourd'hui et encore plus maintenant qu'il était penché sur sa moto.Elle attendit qu'il soit installé pour lui indiquer le chemin à prendre et se mit en route après s'être assurée qu'il avait tout compris. Il n'avait pas loin à aller mais les rues du centre ville pouvaient parfois se montrer traîtres.
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Sixième Sens
Ficción General"La jeune libraire avait toujours un coup d'avance sur ses clients et devinait si précisément leurs besoins, à chaque fois, que les plus fidèles d'entre eux la surnommait « la magicienne ». "