Chapitre V (2/6)

274 47 8
                                    

Clémentine s'éveilla la première le lendemain matin et prit le temps de se faire un thé avant d'aller s'habiller pour aller faire son petit tour en forêt dominical accompagnée de Jack. Il était à peine neuf heures passée quand elle sortit de l'appartement après avoir laissé un mot à Maxime l'informant qu'elle était allée courir et qu'elle passerait sans doute au marché avant de revenir. Une fois la porte fermée elle dévala les escaliers à toute vitesse suivie par Jack, son casque déjà vissé sur ses oreilles pour se préparer mentalement. Elle trottina doucement pendant quinze bonnes minutes pour s'échauffer, le temps d'arriver jusqu'à sa destination, avant de réellement se mettre à courir. Elle avait besoin de se vider la tête, de ne plus entendre ces voix parasites l'espace de quelques minutes pour pouvoir se reconcentrer sur elle-même. Le vent glacé qui fouettait son visage lui fit le plus grand bien, elle se sentait si libre quand elle courrait comme ça, repoussant toujours plus ses limites. Elle était loin de tout et surtout de tout le monde, le combo parfait pour se vider la tête. Cette petite forêt située au bout de la ville était très peu fréquentée ce qui lui convenait parfaitement, personne ne viendrait l'importuné ni pour la librairie, ni pour la draguer comme certains le faisaient parfois.

Après une longue demi-heure Clémentine parvint enfin à occulter totalement les dernières voix qui persistaient dans son esprit et fût enfin déchargée du fardeau qui lui pesait quotidiennement sur les épaules. Elle se sentit alors si légère qu'elle accéléra la cadence sans même s'en rendre compte, laissant derrière elle ce pauvre Jack qui peinait à suivre le rythme de sa marathonienne de maîtresse. La jeune femme savait qu'elle pouvait le laisser finir sa balade tranquillement sans qu'il ne fugue et qu'ils se retrouveraient à l'arrivée, alors elle continua à repousser ses limites toujours plus loin jusqu'à en perdre haleine et sentir son coeur battre dans ses tempes. Au bout d'un quart d'heure de course à un rythme effréné elle commença à ralentir pour ne pas s'épuiser plus - il fallait encore qu'elle rentre jusque chez elle - et termina sa course en trottinant, son adorable labrador à ses côtés. La jeune femme prit ensuite le temps de s'étirer convenablement avant de reprendre le chemin de la maison, en faisant toutefois un détour par le marché pour faire le plein de fruits et légumes de saison. À peine avait-elle passer les portes de l'imposant bâtiment qui abritait les étalages de ses maraîchers préférés que son sixième sens repris du service. Les voix se bousculaient à nouveau dans sa tête et Clémentine eût soudain la sensation d'étouffer. Elle fit alors ses courses le plus rapidement possible pour rentrer se barricader chez elle, loin de tout ce vacarme.

Les bras chargés de bonnes choses elle remonta jusqu'à son appartement, suivie de près par Jack qui semblait veiller sur sa maîtresse avec encore plus d'attention que d'ordinaire. Cette fois elle ne prit pas les escaliers et profita du confort de l'ascenseur pour se reposer quelques secondes avant de rentrer chez elle. Le labrador se dirigea directement vers sa gamelle d'eau sans même accorder un regard à Maxime qui dégustait son café dans le salon. Lorsqu'il entendit sa cousine passer le pas de la porte de la cuisine il se leva en vitesse pour l'aider à porter les sacs de fruits et légumes qui lui encombraient les bras. Le jeune homme avait profité de son absence pour faire un peu de rangement et préparer une sorte de brunch revisité en cuisinant des œufs brouillés encore baveux et fumant, des champignons à la crème, ainsi que des brocolis et pommes de terres à la vapeur. Il avait aussi été chercher du pain frais qu'il avait coupé en tranches et disposé près d'un bol plein d'avocat écrasé et assaisonné légèrement avec du sel et du poivre. La délicieuse odeur qui émanait de la cuisine mit l'eau à la bouche de la jeune femme tandis qu'elle s'employait à ranger son frigo maintenant plein à craquer. De son côté Maxime coupait des pommes en quartiers pour les ajouter aux plats déjà prêts, n'oubliant pas de les accompagner d'un petit bol de beurre de cacahuètes. Clémentine sentie les larmes lui monter aux yeux quand elle remarqua cette intention, il se souvenait encore de son goûter favori quand elle était enfant. Sans un mot elle l'embrassa sur la joue et se dirigea vers la salle de bain pour prendre une douche express, ne laissant pas le temps au délicieux repas, préparé avec amour par son cousin, de refroidir. Quand elle revint dans le salon emmitouflée dans un sweat du jeune homme les cheveux encore humides il lui fit signe de s'asseoir confortablement sur le canapé pendant qu'il terminait d'amener les plats sur la table basse, élargie pour l'occasion. La jeune femme ne pu s'empêcher de piocher dans les œufs brouillés aux lardons tant elle avait faim. Jack, rassasié par ses croquettes était couché à ses pieds et ronflait paisiblement tandis que sa maîtresse le caressait distraitement. Devant ce joli tableau plein de douceur Max ne pu s'empêcher de sourire et de sentir son coeur se gonfler d'amour. Le retour de sa cousine dans sa vie le comblait totalement à cet instant précis si bien qu'il en oublia tous ses problèmes et ne songea qu'à profiter le plus possible du moment de répits que leur offrait la vie en ce dimanche midi.

Sixième SensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant