Chapitre XIV (3/4)

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Quand Clémentine repartit de la maison familiale ce soir-là, son vieux clavier était avec elle. Le son ne serait pas le même que sur le piano de ses parents mais c'était déjà mieux que rien et au moins elle pourrait continuer à jouer quand bon lui semblerai. Et puis elle n'avait pas la place d'entreposer un vrai piano pour le moment. Maxime allait halluciner complet quand il verrait le grand retour du clavier mythique sur lequel ils avaient composer un grand nombre de chansons et qu'il pensait perdu à tout jamais. Lorsque son père lui avait descendu du grenier avant qu'elle ne s'en aille elle avait cru qu'elle allait encore pleurer -mais il semblait qu'elle avait épuisé ses réserves pour le moment- et n'avait pas hésité à se jeter dans ses bras pour le remercier de tout son coeur. Il n'avait jamais cessé de croire en elle et en son talent et son amour pour la musique, et cette simple pensée suffisait à lui faire croire à nouveau en elle.

En le sortant du coffre la jeune femme fit tomber un petit carnet à la couverture en piteux état sur le sol du parking. Laissant l'instrument à sa place elle se pencha pour le ramasser en fronçant les sourcils avant de comprendre ce qu'elle tenait entre les mains. Des larmes vinrent à nouveau emplirent ses yeux, finalement elle en avait encore un peu en réserve. Son père n'avait pas simplement ramassé son clavier dans la benne à ordures, il avait aussi récupéré son vieux carnet dans lequel elle notait ses bribes d'idées de chansons, des phrases par-ci par-là au gré de son inspiration, ainsi que certains morceaux qu'elle avait terminés quand elle était plus jeune. Une vraie relique en somme. La jeune femme le serra tout contre con coeur en ravalant ses larmes avant de faire sortir Jack du véhicule et de remonter à l'appartement, son clavier sous le bras.

Sans surprise Maxime n'était pas là et seul un silence opaque l'accueillit. Clémentine s'était vite accoutumé à la présence quotidienne de son cousin si bien que maintenant qu'il ne passait plus que quelques jours par semaines avec elle, elle ressentait un gros manque. Heureusement que Jack était là et qu'elle passait la majorité de ses déjeuners avec Grégoire. Finalement elle n'aurait peut-être pas besoin de déménager ses affaires de la chambre d'amis s'il s'installait définitivement chez Marie... Cette pensée lui fit autant de bien que de mal, elle n'avait pas spécialement envie d'être séparée de lui à nouveau mais d'un autre côté ce serait la preuve qu'il passait enfin à autre chose après Amalia et rien ne pouvait lui faire plus plaisir. Et puis Saint-Malo ce n'était pas si loin que ça. Chassant comme elle le pouvait ses pensées de son esprit, la libraire déposa son imposant clavier sur la table de la salle à manger, en attendant de lui trouver un meilleur emplacement et surtout de lui trouver un support digne de ce nom, et repartit presque aussitôt promener Jack. Dehors il faisait nuit noire et elle n'avait aucune envie de s'attarder en ville mais elle avait préféré rentrer tard et décaler la promenade habituelle de son compagnon plutôt que de rentrer trop tôt et d'être tentée de faire un crochet par la librairie en chemin. Elle devait respecter la demande de Grégoire peu importe combien ça lui coutait. Ses mots continuaient de tourner en boucle dans son esprit et elle n'en pouvait plus d'attendre. Par chance elle avait réussi à se passer de son téléphone tout au long de la journée grâce à ses intenses retrouvailles avec la musique et elle avait réussi à ne pas lui envoyer de messages. Mais maintenant qu'elle était rentrée et qu'elle était de nouveau seule, la tentation revenait plus forte encore. Toutefois, avec l'aide de Tom Ellis et son accent britannique à tomber, elle parvint à résister jusqu'au moment d'aller se coucher.

Quand elle retourna dans sa chambre sur les coups de vingt trois heures trente elle constata qu'elle avait reçu un message quelques minutes auparavant et déverrouilla fébrilement son téléphone pour regarder ce que Grégoire lui avait envoyé. Les pensées les plus saugrenues et les plus insensées lui traversaient l'esprit à ce moment précis. Peut-être que tout ce qu'il lui avait dit la veille n'était qu'une vaste blague et qu'il venait rétablir la vérité avant qu'elle ne décide de lui sauter dessus le lendemain matin. Evidemment la réalité était toute autre mais son côté peu sûr d'elle et sa tendance à la paranoïa qui en découlait lui faisaient s'imaginer les pires horreurs. La lecture du message laissé par le jeune homme lui confirma qu'elle était totalement dingue de s'imaginer qu'il avait pu vouloir se moquer d'elle et lui montra encore une fois à quel point il tenait à elle et il était sérieux.

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