7 ~ Sylath

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Le froid joue — comme toujours, par la grâce du Veilleur — en la faveur de Sylath. Il émousse la méfiance que l'immortel a perçue chez le voyageur et le convainc d'accepter.

Le vampire l'entraîne en direction de la forteresse qui n'est pas très loin. La nuit tombe et le froid se fait de plus en plus dangereux. Ils marchent en silence et Sylath évite de passer par la même route que Boréa afin que sa proie n'aperçoive pas les traces de la Tempestaire. Il serait si facile de débarrasser de leur intrus maintenant, la passe est escarpée, il n'y a pas vraiment de chemin tracé, et sous la neige fraîche se cachent des plaques de glaces. Une chute mortelle est si vite survenue. Mais l'Ordre du Veilleur ne tue pas les humains sous sa protection, et maintenant que Sylath a choisi de prendre cet humain sous la sienne, il est sincère dans sa volonté de lui venir en aide. Il guide sa progression avec patience et attention.

La face blafarde d'une lune incomplète se lève lentement à l'horizon et creuse des ombres lugubres autour de la forteresse qu'ils atteignent enfin. Les flèches de glace se profilent sur la neige sous la forme de longs doigts avides tendus dans leur direction.

— Nous sommes arrivés, commente Sylath alors qu'ils parcourent les derniers pas qui les séparent des portes.

L'humain semble sur le point de s'écrouler à chaque seconde. Le Flagelleur n'a jamais vu une telle détermination chez un mortel. Il est venu jusqu'au Temple à pied, comme une victime offerte en cadeau par un dieu généreux.

A l'entrée, deux gardiens leur ouvrent les lourdes portes de métal. La forteresse est très vaste mais beaucoup de sections sont vides. L'ancien temple vit au rythme des vampires, elle s'éveille au crépuscule et il doit être l'heure où les esclaves offrent généreusement leurs gorges à leurs maîtres.

Après avoir traversé de nombreux couloirs vides, ils atteignent la chambre du Flagelleur. Les meubles sont en ébène, des tentures et des tapis noirs et indigo confèrent à la pièce un aspect plus riche et plus chaleureux. Les grandes armoires contiennent des fouets, des martinets, des instruments de plaisir, de douleur, et de prélèvement du sang, mais pour l'heure, elles sont heureusement fermées. Des rideaux épais protègent la pièce du soleil la journée, et du froid la nuit, et le grand lit à baldaquin qui occupe une partie de l'espace est agrémenté de voilages sombres. Un feu allumé plus tôt par des esclaves brûle toujours dans la vaste cheminée et une chaleur douce glisse sur les corps.

— Retire tes vêtements, Ilashan, intime doucement le vampire, plus à l'aise avec le tutoiement à présent que la proie est dans son antre. Et assieds-toi près du feu, je vais t'apporter une couverture et demander qu'on te prépare un bain chaud pour te réchauffer.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 1) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant