107 ~ Sylath

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Cette fois, Sylath ne répond rien. Ni à la provocation, ni à l'énième assurance qu'ils resteront ennemis. Devant la faiblesse qu'il éprouve, et qu'il n'a jamais connue, il sent une colère sourde monter, et il préfère éviter un conflit où il se craint lui-même. Après s'être assuré que les épées avaient regagné la sécurité du coffre, il quitte la salle de garde.

Ilashan n'est pas quelqu'un que l'on peut amadouer, ou même convaincre. Et le vampire découvre qu'il est peut-être un peu moins patient qu'il le croyait, quand il s'agit d'Ilashan. Le pouvoir d'attraction qu'il exerce sur lui a quelque chose d'insupportable, qui le fait se sentir un peu vulnérable, lui aussi, pour la première fois depuis quatre siècles. Et il déteste profondément ce sentiment.

Il arrive dans sa chambre, s'asperge le visage d'eau fraîche et fait sonner un esclave. Un jeune homme entre au bout de quelques minutes, sa tunique est un peu courte et le vampire glisse sa main dessous quand il le mord. Il prend son temps pour boire, masse ses fesses longuement et à pleines mains. Le garçon geint faiblement contre lui et Sylath sent la pression retomber.

Cela fait des jours qu'il ne s'est pas laissé aller avec un humain et contenir son instinct en permanence l'a épuisé. Il remercie finalement le jeune homme, lui donne à boire et le raccompagne après s'être assuré qu'il se portait bien.

Il écrit finalement un message à Boréa. Pour la cérémonie du manteau du Veilleur, il choisit Mérédith, l'une des deux jeunes filles, celle dont les cheveux sont si blonds qu'ils semblent blancs comme de la neige. Il fait parvenir le message à la Tempestaire et ressort de sa chambre.

Il lui reste deux heures avant l'aube et il monte sur l'une des murailles extérieures de la Forteresse. Elles sont écroulées depuis des siècles, il ne reste que quelques pans de mur, çà et là, couverts de neige et de givre comme des morceaux de sucre à demi-fondus. Au fond de la vallée, s'étend une immense chaîne de montagnes, elles ressemblent à la mâchoire blanchie d'un squelette, et quelques heures avant l'aube, elles deviennent d'un bleu glacé, légèrement plus clair. Et la neige semble luire comme de l'ivoire.

A la vue de l'hiver éternel, il se sent à nouveau très calme. Le sang de l'humain coule dans ses veines et l'apaise. Et maintenant qu'il a l'esprit plus clair, il songe qu'il devrait prendre ses distances avec Ilashan pendant quelques jours, le temps de reprendre le contrôle sur lui-même.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 1) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant