L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 1) : La forteresse de neige

171 ~ Sylath

Sylath sourit à la remarque d'Ilashan.

— Tu ferais un bon gestionnaire ! Nous ne restaurons que des parties de la forteresse déjà habitées : les dortoirs ont besoin d'être réaménagés pour le confort des novices, et il faut colmater les brèches par lesquelles le froid entre afin de rendre les couloirs moins glacials.

Ilashan s'est levé et s'apprête à regagner sa chambre. Sylath voudrait le rattraper, juste un instant, le temps de l'enlacer et de boire quelques gorgées de son sang. Mais il n'a aucun droit de le demander alors à la place, il souhaite à l'humain de bien dormir, et il se glisse lui-même dans son lit où il s'endort assez difficilement.

Quand il ouvre les yeux, le ciel est rouge sang derrière les rideaux fermés et il baigne la pièce dans une vague lueur pourpre, rappelant dès le réveil la soif douloureuse du vampire.

Sylath se lève et croise son reflet dans un miroir. Il est blême, et ses pupilles sont tellement dilatées par le manque que ses yeux ont l'air aussi noirs que ceux d'Ilashan. Le vampire se détourne en grognant et sonne des domestiques pour qu'on lui fasse couler un bain et qu'on apporte à manger au mercenaire pour l'heure à laquelle il se réveillera. Quand le plateau arrive, il écrit d'une écriture ancienne et élégante « J'espère que tu as bien dormi. Je serai dans le dortoir des novices si tu veux me rejoindre. » sur un morceau de parchemin et le coince sous le verre d'Ilashan.

Puis après un bain rapide, il s'habille de vêtements sombres qui ne craignent pas d'être tachés, et quitte la chambre. Deux autres Anciens sont présents dans le dortoir quand il arrive, il y a des humains partout, qui se lèvent et se préparent à remplir leurs fonctions de la journée. Il suffirait qu'il demande à l'un d'eux, au hasard, de lui tendre sa gorge, et il serait soulagé. Mais aucun ne l'intéresse.

Les immortels déroulent des cartes et avec un fusain, dessinent les améliorations à apporter, les ouvertures à percer et les cloisons à monter. Le projet est de créer des alcôves dans le vaste dortoir pour faire des sortes de chambres qui fermeront avec des rideaux, afin de donner un peu d'intimité aux humains.

Au bout d'un certain temps, une odeur plaisante détourne l'attention du vampire des mesures que Thorn est en train de relever et lorsqu'il lève la tête, il tombe dont les abysses noirs du regard d'Ilashan.

Il a à peine le temps de lui sourire que Thorn s'exclame :

— Oh mais c'est le jeune homme d'hier ! Tu as impressionné tout le monde quand tu as apporté ton aide pour ranger. Tu es drôlement endurant ! Et la cérémonie était sublime, félicitations.

Sylath n'intervient pas, il sait qu'Ilashan n'aime pas être le centre de l'attention mais il s'amuse un peu de sa gêne et se mord la lèvre pour dissimuler un sourire.

Et puis Boréa arrive, apportant avec elle de vieilles cartes de la Forteresse qui leur seront utiles au cours de la nuit, et c'est son tour d'être gêné parce qu'elle écarquille un peu les yeux en le voyant et dit :

— Sylath ? Tu as une mine affreuse ! Quand est-ce que tu as bu du sang pour la dernière fois ? Je vais t'envoyer un esclave.

La prévenance de la Tempestaire est touchante, mais il sait d'avance qu'il ne pourra pas mordre à la gorge de l'esclave qu'elle lui enverra.

Alors il décide de leur venir en aide à tous les deux, Ilashan et lui.

— Je te remercie Boréa, ça ira. Et merci pour les cartes. Thorn, Rolant, je vous laisse vous occuper des dortoirs, je vais aller repérer les brèches à colmater et les vitraux brisés.

Les deux vampires acquiescent, Sylath prend les cartes de la forteresse, choisit celle de la section où ils se trouvent et tend les autres à Ilashan.

— J'aurai besoin de quelqu'un, tu m'accompagnes ?