Les préparatifs commencent à prendre forme, tout sera prêt avant la fin de la nuit. La bonne humeur n'empêche pas de travailler sérieusement et tout le monde se montre industrieux. Même Ilashan, remarque Sylath. Il ne semble toujours pas enchanté d'être là, il est même totalement mutique, mais il fait ce qu'on lui demande avec beaucoup de sérieux et finit même par se rendre indispensable.
Il ne se déride pas mais les fidèles et les novices, eux, le regardent d'une autre façon. Le mercenaire mystérieux dont la rumeur dit qu'il voudrait révéler l'existence de la Forteresse afin qu'elle soit détruite apparaît sous un nouveau jour un peu moins menaçant.
Sylath n'a cependant pas vraiment le temps d'observer les changements, on vient le consulter toute la soirée au sujet de l'organisation du lendemain. Il n'a toujours pas révélé le nom de l'humain ou de l'humaine qui porterait le manteau du Veilleur et les suppositions vont bon train.
Finalement, la nuit avance bien et les préparatifs touchent à leur fin. Le vampire finit par se rapprocher d'Ilashan pour lui annoncer qu'il peut arrêter de travailler mais au moment où il s'approche, l'humain a un bref mouvement de recul. Il vient de se piquer le doigt. Une superbe perle rouge se forme à la surface de sa peau blanche. Sylath retient son souffle et le regard noir du mercenaire glisse sur lui.
Le vampire écarquille les yeux quand Ilashan lui propose son sang. Il demeure un instant figé comme une statue. Il suffirait qu'il pose ses lèvres contre sa peau pour boire la fragrance délicieuse de son sang. Il a l'autorisation de l'humain pour le faire et il a du mal à y croire. Et puis il réalise soudain, à quel point son désir ressemble à du désespoir. Alors il sourit doucement. La plaie n'est pas profonde du tout, c'est juste une piqûre, cela se refermera seul. Il tend la main et de la pulpe de ses doigts, il effleure les doigts du mercenaire. Ils sont chauds, Sylath retire sa main.
Il se souvient du goût de son sang, il l'a léché sur les plaies qu'il avait faites sur ses cuisses et sur ses fesses. Mais cette fois, il ne pourra certainement pas se retenir de mordre. Il lutte depuis trop de jours contre son besoin de le boire à longues gorgées.
— Merci Ila mais je ne vais pas réitérer, j'ai trop peur d'y prendre goût.
Il aurait voulu avoir l'air simplement détendu et un peu provoquant, mais il a lui-même entendu la douleur dans sa voix. Il le désire peut-être un peu trop fort. A la manière des immortels, sans retenue, avec une brutalité instinctive. Et il n'est pas habitué à lutter contre ça.
— Je te remercie pour ton aide, tu as été très efficace. Viens, j'ai quelque chose à te donner en récompense.
Il conduit l'humain jusqu'à la salle d'armes. C'est une vaste pièce au dallage régulier, haute en plafond, aux murs recouverts d'armes. Il y a un coffre au fond, de la pièce, un coffre très ancien auquel les fidèles et les novices ne touchent jamais. Sylath l'ouvre et en tire quatre rouleaux de tissu dans lesquels sont emballés les lames enchantées. C'est l'un des trésors du Temple et Sylath les sort toutes les quatre. Il y a une épée bâtarde, une épée courte, un cimeterre et une rapière.
— J'ai brisé ton épée, dit Sylath en laissant Ilashan les admirer, et je t'ai battu. Tu nous as quand même aidés à organiser la fête de l'hiver et tu m'as accompagné dans les galeries, au risque de mourir ou de tomber malade. Tu peux en prendre une, Ilashan, je ne te demande rien en échange.

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L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 1) : La forteresse de neige
VampirosDans les terres enneigées du Nord, un groupe de mercenaires a été envoyé à la recherche de villageois portés disparus. Pris dans une tempête, Ilashan, un guerrier venu du Sud lointain, ne doit son salut qu'à l'apparition d'une silhouette mystérieuse...