40 ~ Ilashan

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La vision du corps nu de Sylath jette une poignée de neige glacée sur les velléités d'Ilashan. Il ne s'attendait pas à un tel spectacle, aussi impudique, et surtout aussi parfait. Sylath est d'une beauté aussi pure que froide, sans la moindre imperfection, provoquant un certain trouble en lui. Peut-être bien un corps de guerrier, finalement, s'il n'avait pas eu la peau si blanche et lisse, dénuée de la moindre cicatrice.

— Tant mieux pour vous, mais moi, j'ai besoin de voir la lumière du soleil quand je suis réveillé. Surtout dans un endroit pareil.

Cette forteresse est perdue au beau milieu de la glace, là où la lumière est déjà si pâle. Pourquoi se terrer tout le jour durant pour ne vivre que la nuit ? Il comprend de moins en moins cette religion perverse, et cela ne fait qu'ajouter à sa frustration.

Les provocations de Sylath ne l'atteignent pas, pourtant. Il attrape même le pot d'onguent en résistant à l'envie puérile de le jeter à travers la pièce, et l'ouvre d'un geste sec pour en appliquer sur ses mains aux articulations meurtries.

— Quitte à mourir, autant le faire avec une arme à la main. Je ne suis pas du genre à me coucher dans la neige et attendre que la mort vienne.

Il étrécit le regard, dévisageant Sylath, planté à quelques pas de lui à peine. L'odeur de l'onguent lui emplit les narines et sa peau gercée le picote au contact de la crème. Mais rien ne le fait plus bondir que les mots prononcés par son hôte. Il en crispe les poings, lançant le pot sur le lit pour s'en délester, la voix plus froide et acérée.

— « Capturé » ?

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 1) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant