L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 1) : La forteresse de neige

169 ~ Sylath

           

Ilashan semble vraiment mal à l'aise, et sa mine se décompose progressivement. Le vampire, pourtant, n'a pas arrêté son récit. Il y a trop de choses qu'Ilashan ne sait pas à son sujet, et pour lesquelles il s'imaginait certainement des choses monstrueuses.

Et lorsque Sylath termine son histoire, Ilashan s'excuse. Le vampire repousse gentiment ses excuses d'un geste de la main. Le mercenaire ne l'avait pas offensé, tout ce qu'il veut, c'est qu'il comprenne qu'entre un vampire et son calice, il ne s'agit pas de relation à sens unique, d'humiliation et de domination. C'est quelque chose de bien plus profond, qui donne également beaucoup d'ascendant au calice.

La question d'Ilashan le surprend vraiment.

— Tu me demandes, toi, pourquoi je prends le risque de souffrir encore ? Je pensais que mieux que personne, tu savais qu'il y a des choses qu'on sacrifie sans regrets à ce qui compte le plus. Quelles sont les douleurs que tu ne supporterais pas pour défendre ta liberté, ton honneur, ta foi ? Moi, je sais que cette vie est trop longue — la mienne plus particulièrement — et les nuits trop froides pour être traversées seul. S'unir à quelqu'un peut être douloureux, mais tu en vaux la peine.

Sylath recule légèrement, sous prétexte de s'emparer d'un tisonnier. Il a le sentiment qu'ils sont trop proches l'un de l'autre. Et il a tellement envie de le toucher qu'il vaut mieux qu'il garde ses distances.

— Il est heure de dormir, dit-il finalement. Maintenant que la fête du solstice est passée, nous allons travailler à la restauration d'une partie de la forteresse pendant l'hiver. Je devrai être présent dès le crépuscule avec les autres anciens pour l'organisation des travaux.