84 ~ Ilashan

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Ilashan ne peut s'empêcher de se sentir soulagé lorsque le vampire s'éloigne, relâchant la tension qui nouait ses épaules. Mais il ne baisse pas sa garde pour autant, surtout maintenant que son corps se réchauffe et qu'il retrouve peu à peu la pleine possession de ses moyens. Sa tête reste lourde, mais ça ne l'empêche pas de manger. Le pain est chaud, sortant sûrement du four. Il s'en sert pour nettoyer son bol de soupe et le dévore jusqu'à la dernière miette.

Il ne se renfrogne qu'un instant en écoutant les consignes de Sylath. Il n'aime pas se voir dicter ainsi ce qu'il doit faire de son temps libre. Sur un champ de bataille, c'est différent ; mais entre les quatre murs d'une maison, il a toujours eu du mal à se plier aux règles et au protocole. Dès son plus jeune âge, d'ailleurs.

Ilashan préfère ne pas répondre. Il n'a aucune envie de passer du temps en compagnie du vampire et de ses fidèles, encore moins pour préparer il ne sait quelle cérémonie macabre. Quelque chose en revanche lui fait redresser le regard, lui redonnant, l'espace d'un instant, une étincelle de surprise et une sensation agréable.

Une salle d'arme. Il ne sera pas contraint de tourner en rond entre les murs de la forteresse. Mais il ne fait aucun commentaire, pour ne pas montrer son soulagement au vampire, et finit de manger en silence.

Son repas terminé, Ilashan laisse le plateau en place, mais récupère le pot d'onguent avant de se lever prudemment. Sa peau fourmille et le brûle là où le froid était le plus mordant. Mais ça ne l'empêche pas de retourner dans la salle d'eau pour récupérer ses vêtements trempés. Pour les repas, passe encore, il a toujours été mauvais cuisinier ; mais il n'a pas l'intention de laisser quelqu'un faire ses lessives à sa place, encore moins un esclave, volontaire ou non.

Il ne salue pas Sylath, et regagne sa propre chambre sans un mot, sa couverture enroulée autour de ses épaules. Il doit avoir piètre allure, mais il n'est pas en état de se préoccuper. Le feu ravivé, ses vêtements étalés près des flammes, il jette le baume sur le lit mais c'est vers la fenêtre qu'il se tourne en premier.

Ilashan tire les rideaux en grand, d'un coup sec, laissant le soleil naissant envahir la pièce.

Les flèches de glace de la Forteresse ont l'air de s'embraser. Partout où son regard se pose, il n'y a que du blanc, du jaune et du bleu, à perte de vue.

Mais ça lui est égal. C'est le premier rayon qu'il sent sur sa peau depuis des jours, et même s'il est timide, bien plus fade que dans le sud, cela lui fait un bien fou.

Il reste un long moment planté là, avant que le froid et la fatigue ne deviennent trop lourds à supporter. Alors seulement, il rejoint le lit pour soigner son corps endolori, et finalement sombrer entre les draps chauds, réchauffés par la pleine lumière du soleil.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 1) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant