77 ~ Sylath

3K 329 3
                                    

Sylath ne le lâche pas l'humain. Il sait qu'habituellement, Ilashan ne supporte pas son contact, mais lui-même déteste l'idée de le lâcher maintenant, alors qu'il est aveugle, et qu'il est encore tout tremblant.

Il reste tout proche de lui et Ila ne recule pas.

Il sourit quand l'humain reconnaît n'avoir jamais été attaqué par une plante. Cela, il veut bien le croire. Il jette un œil autour de lui et remarque la torche, flottant dans l'eau. Il ne sert à rien de la récupérer. Ilashan est trempé, ses vêtements doivent être lourds d'eau et la fraîcheur des cavernes et des souterrains quand ils vont s'éloigner des sources chaudes est dangereuse. Il risque une hypothermie. Ilashan est résistant mais le vampire ne veut pas prendre de risque.

Le tuyau de toute façon est suffisamment dégagé, ils ont retiré la plupart des lianes. Il est temps de partir.

— Oui, on va remonter rapidement, acquiesce le vampire.

Il ouvre l'une des mains du mercenaire et place son propre poignet entre ses doigts.

— Tiens-toi à moi, je vais te guider.

Sylath progresse lentement, il choisit les chemins facilement praticables, quitte à perdre un peu de temps, pour que l'humain n'ait pas trop de difficultés à se déplacer dans le noir.

La caverne humide fait place aux galeries de plus en plus froides. C'est comme si l'air s'alourdissait. La respiration d'Ila est accélérée par l'effort, ses vêtements doivent peser lourd et avancer dans le noir absolu, même avec un guide, demande une vigilance constante.

Quand ils atteignent enfin les souterrains éclairés de torches, Ilashan est frigorifié, sa peau est pâle et ses lèvres sont bleues. La nuit touche à sa fin, derrière les vitraux antiques, le ciel a pâli.

— Déshabille-toi, ordonne-t-il en désignant la salle d'eau, une fois qu'ils arrivent dans la chambre.

Sylath ravive les braises du feu, rajoute des bûches dans la cheminée, et fait repartir les flammes. Il revient ensuite vers la salle d'eau, et prend le risque de pousser le rideau, conscient qu'Ila peut se mettre en colère. Il s'en fiche cependant. Il préfère gérer un humain furieux qu'un humain mort de froid, surtout qu'il le trouve empêtré dans ses vêtements lourds et encore trempés. Il l'aide à retirer la veste de cuir et la tunique qui colle à sa peau. Ila est parvenu à se débarrasser de sa ceinture, de ses gants et de ses bottes, mais son pantalon de cuir colle à sa peau.

Il pose les mains sur les hanches de l'humain et hésite soudain, pour la première fois depuis des centaines d'année, à le mettre à nu. Leurs regards se croisent, les lèvres d'Ila sont presque violettes.

— Je suis désolé, dit alors le vampire. Les terres du Nord sont réellement hostiles. Ce n'est pas pour rien, si nous sommes les derniers à vivre ici. Tu as beaucoup de courage et de ténacité, je comprends pourquoi c'est toi qu'on envoyé.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 1) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant