87 ~ Sylath

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De petits coups frappés à la porte font se lever Sylath. Il attend Ilashan depuis un moment et il est rassuré en se disant que ce doit être l'humain qui revient enfin. Mais lorsqu'il ouvre, il tombe dans les yeux de glace de Boréa. Elle est entourée de deux jeunes filles qui portent des livres et qui se laissent offrir des baies d'hiver par des novices chargés de paniers de nourriture pour la fête.

— Ton humain est dans ma bibliothèque, dit la Tempestaire. Je l'ai laissé faire toute la nuit, mais il s'y est endormi et il semble assez mal. Je ne l'ai pas touché, tu devrais aller le chercher.

Sylath fronce les sourcils.

— Merci de m'avoir averti.

Il presse l'épaule de la vampire dans un geste amical de gratitude, et sort de sa chambre. Les assistantes de Boréa s'écartent pour le laisser passer et inclinent respectueusement la tête. L'une d'elle s'essuie le menton en retenant un fou rire, du jus de baie a coulé et son amie l'aide à tenir ses livres. Sylath entend Boréa plaisanter avec elles en traversant le couloir.

Il songe vaguement que les esclaves qui ont été dressés sont beaucoup plus heureux. Peut-être que dresser Ilashan à la docilité apaiserait sa colère ? S'il cessait de se battre contre lui, l'humain se sentirait-il plus à sa place ? Pourrait-il le garder à ses côtés plus de trois mois ?

Il repousse rapidement ces pensées. Ce n'est pas du tout le moment, Ilashan ne va pas bien.

Il entre dans la bibliothèque et trouve effectivement le mercenaire endormi sur des cartes. Sylath se penche près de lui et caresse doucement son front. Il est brûlant de fièvre.

Le vampire peste. Pourquoi n'est-il pas rentré quand il a commencé à se sentir mal ? La bibliothèque est glacée ! Cette tête de mule ! Un dressage ne lui ferait pas de mal en fin de compte...

Malgré sa colère, Sylath soulève Ilashan avec beaucoup de douceur, comme s'il ne pesait rien. Il est brûlant contre lui.

Sylath retraverse la Forteresse et dépose finalement le jeune homme sur son lit. Il sonne pour qu'on lui prépare un bain et demande qu'il soit tiède, afin de faire baisser la température de l'humain. Pendant que les domestiques apportent des baquets d'eau, il déshabille Ilashan. Cette fois, il n'a aucun des scrupules qu'il avait la veille, il est trop inquiet pour jouer au pudique. Il lui semble que les cils sombres d'Ilashan se soulèvent et papillonnent pas moments, comme s'il allait se réveiller, mais la fièvre l'assomme et le vampire comprend qu'il n'est qu'à demi-conscient.

Avant que les esclaves ne quittent la pièce, il demande à l'un d'eux de lui rapporter un bol d'eau bouillante.

— Tu es totalement imprudent, peste-t-il quand même, parce qu'il est toujours en colère. Y a-t-il quelque chose que tu ne serais pas prêt à faire par fierté ?

Sa peau est couverte de chair de poule et il frissonne. Sylath le soulève à nouveau et le dépose cette fois dans la baignoire. L'eau est juste plus fraîche que le corps de l'humain. Il l'y laisse le temps de le laver, mais il n'a pas l'impression que c'est très efficace.

C'est étrange de pouvoir le toucher librement alors qu'il est habituellement si hostile à tout contact physique. Le vampire se calme un peu, pouvoir s'occuper du malade apaise sa frustration. Il le sort finalement du bain, l'enveloppe dans une serviette et le dépose en douceur sur son propre lit où il le frictionne jusqu'à ce qu'il soit sec.

Ilashan a à nouveau les yeux entrouverts. Et cette fois, le vampire devine que la méfiance l'empêche de se laisser aller, même assommé par la fièvre et l'épuisement, il lutte pour rester éveillé.

Alors le vampire verse dans le bol d'eau chaude apporté par l'esclave, des feuilles de valérianes, de la sauge et des fleurs de sureau séchées. Il revient vers Ilashan qu'il a couvert.

— Tout va bien, le rassure-t-il en soulevant la tête pour l'aider à boire. Tu as encore fait ta tête de mule, mais la fièvre va tomber. Il faut que tu dormes, ça ira mieux demain.

Les fleurs de sureau et la sauge vont faire baisser la fièvre et la valériane l'aidera à dormir. Une fois qu'il a réussi à lui faire boire toute la décoction, il abandonne le bol sur sa table de nuit et ouvre une armoire d'où il sort un baume apaisant.

En attendant que la tisane fasse effet, Sylath tire un peu la couverture et étale l'onguent sur le torse d'Ila. Sa peau est chaude et douce malgré les marques d'une vie de combat, et le vampire prend le temps de le masser. Il est si plaisant de pouvoir le toucher, même un peu. Le corps des humains est terriblement envoûtant, il est chaud et vivant, sensible...

Une fois qu'Ilashan est endormi, le vampire retire ses bottes et sa tunique, il ne garde que son pantalon de lin, et il se glisse dans le lit avec l'humain. Il installe Ila sur le côté, dos à lui et se place dans son dos, en cuillère. Il l'enveloppe de ses bras et l'attire contre lui afin que le contact de sa peau fraîche fasse baisser la température de l'humain.

Le corps du mercenaire retrouve peu à peu une température moins préoccupante contre celui du vampire, et une fois, rassuré, Sylath s'endort sans défaire son étreinte.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 1) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant